Budget de la Sécu : Lecornu augmente de 100 millions d'euros le Fonds d’intervention pour la santé des territoires ultramarins

  • Publié le 10 décembre 2025 à 02:59
  • Actualisé le 10 décembre 2025 à 06:41
Le Premier ministre Sébastien Lecornu à l'Assemblée nationale le 9 décembre 2025

Sébastien Lecornu a salué l'adoption mardi du budget de la Sécurité sociale en nouvelle lecture à l'Assemblée, "après un débat exigeant, sans 49.3" et grâce à une "majorité de responsabilité" qui "montre que le compromis n’est pas un slogan". Le Premier ministre a également augmenté de 100 millions d'euros le Fonds d’intervention régional (FIR),destiné à la santé des territoires ultramarins. À La Réunion, le député Philippe Naillet a voté pour, tandis que Frédéric Maillot et Emeline K/Bidi se sont abstenus, et Karine Lebon, Perceval Gaillard, Jean-Hugues Ratenon et Joseph Rivière ont voté contre.

Lors de ce vote, le gouvernement s’est engagé sur un PLFSS "adapté aux besoins des soignants et des Français", dit Sébastien Lecornu.

L’objectif de dépenses du Fonds d’intervention régional (FIR) est augmenté de 100 millions d’euros, soit une progression de 25 % au bénéfice des actions médicales ultramarines. "Ces moyens permettront notamment d’intensifier les politiques d’accès aux soins, d’améliorer la prévention, de renforcer la prise en charge des maladies chroniques et de développer des expérimentations adaptées aux spécificités locales", précise le gouvernement.

"Cet effort vise à résorber les fortes inégalités de santé, notamment la prévalence du diabète à La Réunion et aux Antilles, de l’hypertension, de la pollution au mercure en Guyane liée à l’orpaillage illégal, ou encore la propagation de la méthamphétamine fumable dite "Ice" en Polynésie française", ajoute le représentant de l'État.

Pour les établissements de santé, les moyens apportés par l’assurance maladie sont revus à la hausse de 3,6 milliards d’euros par rapport à 2025. Ce relèvement inclut l’augmentation exceptionnelle de 850 millions d’euros annoncée par le Premier ministre afin d’assurer la stabilité des tarifs hospitaliers en 2026. 

Conformément aux engagements du Premier ministre, l’objectif de dépenses de soins de ville est augmenté afin d’accompagner le déploiement du réseau France Santé avec pour objectif la labellisation de 5 000 maisons France Santé en 2027.

Une enveloppe de 150 millions d’euros est dédiée à l’amélioration de l’accès aux soins dans les territoires et au soutien des professionnels libéraux.

- Lecornu salue une "majorité de responsabilité" qui a permis son adoption -

La chambre basse a adopté le projet de loi, qui contient la suspension de l’emblématique réforme des retraites, par 247 voix contre 234. Après un dernier passage au Sénat, vendredi, il devra revenir une dernière fois à l’Assemblée pour être adopté définitivement.

L’issue du vote était particulièrement incertaine du fait du refus affiché par Les Républicains et Horizons de soutenir le texte, bien que membres du camp gouvernemental. Les chefs des députés de ces partis, Laurent Wauquiez et Paul Christophe, avaient incité leurs troupes à s’abstenir.

"Les trois parties du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 (...) ont été adoptées librement, après un débat exigeant, sans 49-3, une première depuis 2022", a souligné le chef du gouvernement.

"Cette majorité de responsabilité montre que le compromis n’est pas un slogan : il permet d’avancer dans le sens de l’intérêt général", a-t-il ajouté.

Il a "remercié" les députés qui soutiennent son gouvernement et ont voté le texte "parfois éloigné de leurs propres convictions", alors que les députés Horizons se sont majoritairement abstenus, ne soutenant pas la suspension de la réforme des retraites concédée aux socialistes, ainsi que les Républicains bien que plus partagés.

Il a également "remercié" les députés de l’opposition, "qui ont accepté le principe d’un compromis mais aussi compris que le pouvoir était désormais partagé".

- "Opposition systématique" -

Le renoncement au 49.3, article de la Constitution qui permet l'adoption d'un texte sans vote mais expose à la censure, "leur permet, en l’absence de majorité absolue, d’exercer d’une manière nouvelle leur rôle de législateur. C’est une chance pour la démocratie représentative", a fait valoir M. Lecornu.

Il a toutefois "regretté" que certains groupes "se soient enfermés dans une opposition systématique" et aient "choisi le cynisme plutôt que le patriotisme", à l'instar du Rassemblement national ou de la France insoumise. "Les Français jugeront".

"Ils se proclament voix du peuple, mais préfèrent torpiller - y compris leurs propres combats - plutôt que de voir un progrès sans leur signature", note-t-il.

Alors que le marathon budgétaire est loin d'être terminé pour Sébastien Lecornu, il assure que "dès demain, il faudra travailler à l’adoption d’un budget pour l’Etat" et "ce sera difficile", "peut-être plus encore que ces dernières semaines".

"Mais l’état d’esprit du gouvernement ne changera pas : l’intérêt général d’abord, sans céder ni à la fébrilité, ni aux agendas électoraux". "Les Français en ont assez du désordre. Ils veulent que l’on avance, que l’on décide, que l’on protège".

Si le Premier ministre Sébastien Lecornu peut se targuer d'une première victoire importante avec ce vote favorable du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), la partie n'est pas encore gagnée.

Il ne s'agissait en effet que de la "nouvelle lecture", c'est-à-dire un deuxième passage devant les députés. Le texte doit désormais repartir au Sénat qui l'examinera dès mercredi en commission, et vendredi dans l'hémicycle.

Le PLFSS reviendra enfin en "dernière lecture" à l'Assemblée, à une date encore incertaine. Les députés auront alors le dernier mot.

Une incertitude subsiste encore sur l'attitude des sénateurs: d'ordinaire dans cette situation, ils préfèrent rejeter d'emblée le texte pour acter leur désaccord... Mais plusieurs cadres de la chambre haute évoquaient ces dernières heures l'hypothèse d'un examen en bonne et due forme avec de nouvelles modifications.

Lors de sa dernière lecture, l'Assemblée nationale peut en effet toujours reprendre certains amendements votés au Sénat: le texte final pourrait donc encore être légèrement modifié.

Quoi qu'il arrive, le chef du gouvernement va encore retenir son souffle lors de l'ultime vote du PLFSS à l'Assemblée, qui s'annonce lui aussi serré.

Pour le député de La Réunion, Perceval Gaillard, "c'est un budget qui contient de nombreuses horreurs, c'est un budget qui consiste à toujours faire payer les malades sur le dos de la Sécurité sociale et à faire des cadeaux aux plus riches et aux multinationales. Le rejeter c'était ne pas céder au chantage du gouvernement et à sa propagande. Non il n'y a aucune avancée ni concession dans ce budget. La loi spéciale aurait reconduit à l'identique le budget de l'an dernier, dont la LODEOM, sans les coupes initiales".

"Voter contre ce budget c'était sauver les Outre-mer d'un gouvernement qui les méprise et maintenant leur fait du chantage. C'était sauver La Réunion d'un budget de la Sécurité sociale moins disant par rapport à l'an dernier et qui ne prend pas en compte les besoins grandissants de notre population : sur la santé, sur les retraites, sur l'emploi", dit-il.

- Budget de l'Etat: loin d'être joué -

Les yeux vont rapidement se tourner vers le projet de loi de finances (PLF), le budget de l'Etat pour 2026, qui prévoit une trentaine de milliards d'euros d'économies et sur lequel le Parti socialiste a obtenu très peu de concessions gouvernementales à ce stade.

C'est une autre paire de manches: en première lecture, son volet "recettes" a été rejeté à la quasi-unanimité par les députés, entraînant le rejet de l'ensemble du texte.

Le PLF est actuellement en phase d'examen au Sénat, avec un vote solennel prévu lundi 15 décembre à la chambre haute, qui l'a nettement fait pencher à droite.

Sept députés et sept sénateurs tenteront ensuite de s'accorder sur une version de compromis de ce texte lors d'une commission mixte paritaire (CMP) quelques jours après.

S'ils parviennent à un accord, le texte commun sera soumis pour un ultime vote des deux chambres le 23 décembre... Avec une incertitude majeure sur l'issue du scrutin à l'Assemblée, en l'absence de majorité.

- Loi spéciale ou 49.3 ? -

De nombreux cadres politiques estiment qu'il sera beaucoup plus complexe d'aboutir à un vote favorable sur le PLF que sur le PLFSS, poussant certains d'entre eux à plaider pour le retour du 49.3 juste avant Noël.

C'est notamment le cas au sein du PS, où François Hollande l'a clairement dit mardi, jugeant "impossible" que les socialistes s'abstiennent sur le budget de l'Etat.

Le groupe MoDem ainsi que plusieurs dirigeants de la coalition gouvernementale espèrent aussi un 49.3, activé sur le texte de compromis trouvé en CMP, par exemple.

Sébastien Lecornu continue d'exclure cette hypothèse, qui l'exposerait sans doute à une motion de censure dans les derniers jours de décembre.

En cas d'échec de la CMP, ou si le compromis de CMP est rejeté à l'Assemblée le 23 décembre, l'alternative serait le vote d'une loi spéciale avant le 31 décembre, et la reprise des discussions budgétaires début 2026.

www.imazpress.com avec l'AFP/[email protected]

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1 Commentaires
Issap974
Issap974
1 heure

Et ceux qui ont voté contre, pensez à revoir vos salaires et avantages, cela contribue à l’effort général, aussi symbolique que puisse être l’action, mais non trop beau pour être vrai