Treize cercueils drapĂ©s de bleu-blanc-rouge: la France va ĂȘtre confrontĂ©e ce lundi Ă une funeste image de son engagement au Sahel, Ă l'occasion d'un hommage national aux soldats morts il y a une semaine jour pour jour au Mali.
Emmanuel Macron doit présider à partir de 15h00 locales une cérémonie en l'honneur des treize militaires tués dans la collision de deux hélicoptÚres au cours d'une opération de combat, dans le nord-est du Mali, et dont les corps ont été rapatriés dimanche.
Ce lourd bilan humain a fait l'effet d'un électrochoc en France, dont l'armée n'avait pas subi de telles pertes depuis l'attentat contre le QG français Drakkar à Beyrouth en 1983, qui avait fait 58 morts.
Leur mort a Ă©galement relancĂ© les questions autour de l'engagement français au Sahel, oĂč la situation sĂ©curitaire ne cesse de s'aggraver, mĂȘme si seule le parti de gauche radicale La France insoumise de Jean-Luc MĂ©lenchon rĂ©clame ouvertement le retour des troupes.
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta assistera aux cÎtés du gouvernement français et des familles des soldats à cet hommage organisé dans la cour d'honneur de l'HÎtel des Invalides, à Paris, qui accueille depuis le XVIIe siÚcle vétérans et blessés de guerre et abrite le tombeau de Napoléon.
- Eloge funĂšbre -
Le président Macron prononcera un éloge funÚbre avant de remettre la Légion d'honneur, à titre posthume, à chacun de ces 13 soldats "morts pour la France", devant quelque 2.500 personnes, dignitaires comme anonymes.
Les Parisiens pourront auparavant se recueillir au passage des cercueils sur le pont Alexandre III à 11h30. Puis un écran géant retransmettra l'hommage sur l'esplanade des Invalides.
Les deux hélicoptÚres transportant les 13 militaires sont entrés en collision alors qu'ils appuyaient des commandos parachutistes qui avaient repéré des pick-up suspects dans la zone frontaliÚre avec le Niger et le Burkina Faso, une région servant de repaire à des groupes jihadistes affiliés à l'Etat islamique (EI) ou Al-Qaïda. Aucun des occupants n'a survécu.
Les 13 soldats tués, tous officiers et sous-officiers, servaient au 5e régiment d'hélicoptÚres de combat (5e RHC), au 4e régiment de chasseurs (4e RCH), au 93e régiment d'artillerie de montagne (93e RAM) et à la Légion étrangÚre.
L'opération française Barkhane mobilise 4.500 hommes dans la bande sahélo-saharienne, une étendue vaste comme l'Europe, pour lutter contre les groupes armés. Mais, aprÚs six ans de présence ininterrompue, et 41 morts cÎté français, l'horizon est de plus en plus plombé.
Les violences jihadistes persistent dans le nord du Mali et se sont propagées au centre du pays ainsi qu'au Burkina et au Niger voisins. Les pertes sont de plus en plus lourdes pour les armées locales, débordées.
- Réexamen de la stratégie -
Emmanuel Macron a annoncé jeudi vouloir réexaminer la stratégie des forces antijihadistes françaises au Sahel, dans un contexte sécuritaire explosif, et appelé les Européens à s'engager plus à leur cÎté. "Le contexte que nous sommes en train de vivre au Sahel nous conduit aujourd'hui à regarder toutes les options stratégiques", a lancé le chef de l'Etat.
Le combat de la France au Sahel "relÚve du temps long", a fait valoir dimanche la ministre des Armées Florence Parly dans un entretien au Journal du Dimanche. Mais responsables et experts conviennent qu'il n'y aura pas d'issue au conflit du Sahel par la seule force des armes et sans action politique, alors que se propagent le jihadisme et les violences qui ont déjà fait des milliers de morts.
De son cÎté, le président malien a appelé samedi ses compatriotes à ne pas "mordre la main" de ceux qui leur viennent en aide, dont la France, face aux expressions d'hostilité à la présence de forces étrangÚres dans le pays en guerre.
Dans la nuit de dimanche à lundi, les trois membres d'une équipe de la Sécurité civile partie au secours des habitants touchés par les intempéries sur la CÎte d'Azur ont eux aussi trouvé la mort dans un accident d'hélicoptÚre prÚs de Marseille.
A la veille de l'hommage aux treize militaires, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et son secrétaire d'Etat Laurent Nuñez ont salué "trois héros du quotidien qui ont donné leur vie pour protéger les Français", dans un communiqué.
En France, une polémique a par ailleurs éclaté autour des militaires décédés au Mali, aprÚs la publication par l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo de dessins parodiques sur leur mort. Les croquis ont suscité la "profonde indignation" du chef d'état-major de l'armée de Terre française, Thierry Burkhard.
Le directeur de Charlie Hebdo, Riss, lui-mĂȘme blessĂ© en janvier 2015 lors de l'attentat contre son journal, a dĂ©fendu dimanche "l'esprit satirique" de l'hebdomadaire tout en reconnaissant "l'importance du travail (des) soldats français pour lutter contre le terrorisme".
AFP



