[PHOTOS] Coup de tonnerre

Second tour : la gauche sort en tête, vague RN limitée, la France sans majorité absolue

  • Publié le 8 juillet 2024 à 06:44

Coup de tonnerre : l'alliance de gauche du Nouveau Front populaire est sortie en tête du deuxième tour des élections législatives dimanche, devant les macronistes et le Rassemblement national dont la progression est largement endiguée, selon des premières estimations qui ne dégagent aucune majorité pour former un gouvernement.

Selon les instituts de sondage, la coalition "Ensemble pour la République" composée du parti présidentiel Renaissance, du MoDem, d'Horizons, du Parti radical et de l'UDI recueille de 152 à 169 députés. Les partis d'Emmanuel Macron, François Bayrou --35 députés élus dimanche à 23h00-- et Édouard Philippe --26 députés-- conservent leurs groupes à l'Assemblée.

Surtout, surprise majeure: les macronistes terminent devant le RN, victime de l'efficacité retrouvée du "front républicain".

La vague de désistements engagée avec la gauche --82 candidats de la majorité se sont retirés quand ils étaient en position défavorable avec un risque local de victoire du RN-- a permis au camp présidentiel de largement limiter la casse. Dans l'entre-deux-tours, les sondages leur accordaient en effet moins de 100 députés, contre 250 dans l'Assemblée sortante, et 350 lors de l'accession d'Emmanuel Macron au pouvoir en 2017.

Pour le chef de l’État, qui subit le désamour de ses propres troupes depuis sa dissolution solitaire du 9 juin, ces législatives n'en constituent pas moins un tournant dans sa présidence, jugée "verticale" par ses opposants comme par ses partisans.

- Mélenchon demande le départ d'Attal -

Au RN, c'est la déception. Certes, le parti à la flamme engrange de nouveaux élus, avec 120 à 152 députés, contre 89 en juin 2022, soit "la percée la plus importante de toute son histoire", a revendiqué Jordan Bardella. Mais il voit s'évaporer le rêve de hisser son jeune patron de 28 ans à Matignon, porté par une majorité absolue qui lui semblait atteignable au soir du premier tour. Une victoire attendue qui devait ouvrir la voie à la conquête du pouvoir pour Marine Le Pen en vue de la présidentielle de 2027.

"L'alliance du déshonneur et les arrangements électoraux dangereux passés par Emmanuel Macron et Gabriel Attal avec les formations d'extrême gauche privent ce soir les Français d'une politique de redressement", a regretté M. Bardella dimanche soir.
"Notre peuple a clairement écarté la solution du pire", a pour sa part lancé le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, triomphant. "Le Premier ministre (Gabriel Attal) doit s'en aller" et le NFP doit "gouverner", a-t-il ajouté.

Mais avec une alliance hétérogène allant de LFI à Place publique, avec notamment le retour à l'Assemblée de l'ancien président François Hollande, élu en Corrèze, beaucoup de questions restent en suspens sur les rapports de force à gauche.

La tripartition jette en effet la France dans le brouillard, au terme d'un scrutin qui a fortement mobilisé les électeurs avec une participation de 67%, la plus forte depuis 1997. Car faute d'atteindre la barre de 289 députés, ou même de s'en approcher, aucun bloc ne semble en mesure de composer seul un gouvernement.

Emmanuel Macron a d'ailleurs rapidement appelé à la "prudence", les résultats ne répondant pas à la question de "+qui pour gouverner ?+", selon son entourage, qui souligne que le bloc central "est bien vivant".

En attendant les intenses tractations à venir, plusieurs scénarios, tous inédits sous la Ve République, se dessinent.

- Coalition inédite en vue ? -

Les partis de gauche et le camp macroniste trouveront-ils un improbable accord politique, après deux ans à ferrailler contre la réforme des retraites ou encore la loi immigration ?

Quelle place dans le prochain dispositif pour Jean-Luc Mélenchon, dont la suprématie à gauche pourrait désormais être contestée par un Parti socialiste revigoré?

Face à une "Assemblée divisée", "il va falloir se comporter en adulte", a déjà prévenu Raphaël Glucksmann, le patron de Place publique qui s'était frontalement opposé à Jean-Luc Mélenchon lors de la campagne des européennes du 9 juin. Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure a, lui, appelé le NFP à "refonder un projet collectif".

La question se pose aussi de la stratégie des Républicains (LR), plongés dans la tourmente après le ralliement de leur chef Eric Ciotti au RN mais qui conservent un contingent d'élus plus que suffisant (57 à 67) pour se présenter comme un pivot à l'Assemblée.

A trois semaines de l'ouverture des Jeux olympiques, qui propulseront la France sous les projecteurs du monde entier, le pays pourrait aussi s'orienter vers l'hypothèse d'un gouvernement technique, comme celui qui avait sauvé l'Italie de la crise de la dette en 2011. A condition de parvenir à un consensus sur des personnalités.

Dans des conditions si floues, Emmanuel Macron pourrait aussi être amené à temporiser alors que Gabriel Attal s'est déclaré disponible pour assurer la continuité de l'Etat "aussi longtemps que nécessaire".

Le chef de l'Etat, qui s'est offert son traditionnel bain de foule dimanche au Touquet après son vote, sort affaibli de cette séquence d'un mois, malgré le résultat honorable de son camp, avec notamment la réélection de Gérald Darmanin.

La campagne éclair des législatives se sera déroulée dans une atmosphère tendue, marquée par des nombreuses agressions de candidats et militants, révélatrices d'une France à cran et divisée.

- "Crever l'abcès" -

Mais Emmanuel Macron aura-t-il "réussi à crever l'abcès" du RN, comme l'espère un de ses intimes ? Et parviendra-t-il à préserver l'unité de sa propre majorité alors que se profile déjà l'échéance de 2027 pour laquelle plusieurs ténors, à commencer par l'ancien Premier ministre Edouard Philippe, nourrissent de hautes ambitions ?

Attendu mercredi au sommet de l'Otan, le chef de l'Etat devra en tous cas s'employer à rassurer les partenaires et les milieux financiers sur la stabilité de la France.

La semaine qui se profile va aussi produire son lot d'âpres négociations pour les postes clés à l'Assemblée, avant l'ouverture le 18 juillet de la 17e législature de la Ve République qui débutera par l'élection à la présidence, puis la constitution des groupes politiques

AFP

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2 Commentaires
Joel
Joel
2 mois

La honte cet plutôt vous Vous avez voté pour un bandit qui veut désarmé la police qui ne reconnais le Hamas comme un Mouvement de résistance islamique, est un mouvement islamiste et nationaliste palestinien.

Bassire et Tak la honte
Bassire et Tak la honte
2 mois

Tak et bassire ont fait élire un député inconnu de RN.
La honte pour la République