Hommage

Macron s'incline devant le "sacrifice" des 13 soldats français morts au Mali

  • PubliĂ© le 2 dĂ©cembre 2019 Ă  21:17
  • ActualisĂ© le 3 dĂ©cembre 2019 Ă  06:09
Hommage du président Emmanuel Macron aux 13 soldats tués au Mali, dans la cour des Invalides, le 2 décembre 2019 à Paris

Le président Emmanuel Macron s'est incliné lundi devant "le sacrifice" des treize soldats morts la semaine derniÚre au Mali "pour la France" et "les peuples du Sahel", lors d'un hommage national solennel et glacial dans la cour des Invalides à Paris.

Dans une atmosphÚre trÚs lourde, le chef de l'Etat a salué "treize destins français", devant quelque 2.500 personnes, dont les familles des victimes et de nombreux responsables politiques. Militaires, anciens combattants, anonymes... des milliers de personnes s'étaient d'abord réunies sous un soleil radieux et dans un froid cinglant pour voir passer le cortÚge sur le Pont Alexandre III, avant qu'il ne pénÚtre dans l'enceinte qui accueille depuis le XVIIe siÚcle vétérans et blessés de guerre.

Les cercueils drapĂ©s des couleurs nationales ont ensuite Ă©tĂ© portĂ©s par les camarades des soldats tuĂ©s, au son des tambours, au coeur de la cour pavĂ©e avant d'ĂȘtre disposĂ©s devant le prĂ©sident. M. Macron a Ă©grĂ©nĂ© un Ă  un leurs noms et leurs parcours, le ton grave, saluant le "courage" et les "qualitĂ©s humaines" de ces hommes qui ont trouvĂ© la mort dans la collision de deux hĂ©licoptĂšres lors d'une opĂ©ration de combat, dans le nord-est du Mali.

"Je m'incline devant leur sacrifice", "ils sont morts pour nous tous", a déclaré Emmanuel Macron. "Ils sont morts en opération, pour la France, pour la protection des peuples du Sahel, pour la sécurité de leurs compatriotes et pour la liberté du monde, pour nous tous qui sommes là".

- Electrochoc -

"Leur engagement profond, modeste et discret n'est rendu public que par le sacrifice ultime, loin du fracas des mots inutiles", a-t-il ajouté. Tous ont été faits Chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume. La Sonnerie aux morts a ensuite retenti tandis que les cercueils étaient portés hors de la cour, suivis par les membres des familles dont certains s'étaient enlacés, les yeux rougis.

Les militaires doivent ĂȘtre inhumĂ©s cette semaine dans des funĂ©railles distinctes. Une cĂ©rĂ©monie est notamment prĂ©vue Ă  Pau (sud-ouest) mardi, sur la base qui a perdu dans le drame sept de ses soldats. Le prĂ©sident malien Ibrahim Boubacar Keita assistait Ă  la cĂ©rĂ©monie, de mĂȘme que les anciens prĂ©sidents Nicolas Sarkozy et François Hollande, le Premier ministre Edouard Philippe, et les responsables des principaux partis politiques.

Le lourd bilan humain de ce drame, qui laisse treize orphelins de pĂšre, a fait l'effet d'un Ă©lectrochoc en France, dont l'armĂ©e n'avait pas subi de telles pertes depuis l'attentat contre le QG français Drakkar Ă  Beyrouth en 1983, qui avait fait 58 morts. Leur mort a Ă©galement relancĂ© les questions autour de l'engagement français au Sahel, oĂč la situation sĂ©curitaire ne cesse de s'aggraver, mĂȘme si seul le patron de la gauche radicale Jean-Luc MĂ©lenchon rĂ©clame ouvertement le retour des troupes. En revanche, presque six Français sur dix (58%) sont favorables au maintien de l'opĂ©ration, selon un sondage IFOP publiĂ© lundi.

- Horizons plombés -

Les deux hélicoptÚres sont entrés en collision alors qu'ils appuyaient des commandos parachutistes qui avaient repéré des pick-up suspects dans la zone frontaliÚre avec le Niger et le Burkina Faso, une région servant de repaire à des groupes jihadistes affiliés à l'Etat islamique (EI) ou Al-Qaïda. Aucun des occupants n'a survécu.

Les 13 soldats tués, tous officiers et sous-officiers, servaient au 5e régiment d'hélicoptÚres de combat (5e RHC), au 4e régiment de chasseurs (4e RCH), au 93e régiment d'artillerie de montagne (93e RAM) et à la Légion étrangÚre, tous représentés à la cérémonie. L'opération française Barkhane mobilise 4.500 hommes dans la bande sahélo-saharienne, une étendue vaste comme l'Europe, pour lutter contre les groupes armés. Mais aprÚs six ans de présence ininterrompue, et 41 morts cÎté français, l'horizon est de plus en plus plombé.

Les violences jihadistes persistent dans le nord du Mali et se sont propagées au centre du pays ainsi qu'au Burkina et au Niger voisins. Les pertes sont de plus en plus lourdes pour les armées locales, débordées.

Emmanuel Macron a déjà indiqué vouloir réexaminer la stratégie des forces antijihadistes françaises au Sahel et appelé les Européens à s'engager davantage à leur cÎté.

Le combat de la France au Sahel "relÚve du temps long", a fait valoir pour sa part la ministre des Armées Florence Parly. Mais responsables et experts conviennent qu'il n'y aura pas d'issue à ce conflit par la seule force des armes et sans action politique, alors que se propagent le jihadisme et les violences qui ont déjà fait des milliers de morts.

AFP

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