Le scénario se répète à Madagascar: les militaires ont affirmé mardi "prendre le pouvoir" et ont acté de fait la fin de la présidence du contesté Andry Rajoelina, qui avait accédé une première fois au pouvoir par un coup d'Etat en 2009 dans des circonstances similaires.
L'unité militaire qui s'est ralliée au mouvement de contestation généralisée dans cette île particulièrement pauvre de l'océan Indien a fait cette déclaration devant le palais présidentiel du centre d'Antananarivo, juste après un vote de l'Assemblée nationale destituant le chef de l'Etat, présumé avoir quitté le pays.
"On va prendre le pouvoir à partir d'aujourd'hui et on dissout le Sénat et la Haute cour constitutionnelle. L'Assemblée nationale, on la laisse continuer à travailler", a indiqué le colonel Michael Randrianirina devant le palais présidentiel, dans le centre de la capitale malgache.
Contesté dans la rue et retranché dans un lieu inconnu, Andry Rajoelina, qui avait dissous un peu plus tôt mardi l'Assemblée, a dénoncé à propos du vote le destituant une "réunion (...) dépourvue de toute base légale".
"Il n'est pas à Madagascar et il ose faire un décret pareil. C'est vraiment un manque de respect pour tout le peuple malgache. Et c'est injuste, on n'accepte pas ça", dit à l'AFP l'un des milliers de manifestants dans la rue mardi, Koloina Rakotomavonirina, ingénieur de 26 ans.
"On va mettre en place un comité composé d'officiers venant de l'armée, de la gendarmerie, de la police nationale. Peut-être qu'il y aura des hauts conseillers civils là-dedans. C'est ce comité qui va assurer le travail de la présidence. En même temps, après quelques jours, on va mettre en place un gouvernement civil", a assuré au micro de l'AFPTV le colonel Randrianirina.
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— Agence France-Presse (@afpfr) October 14, 2025
La Constitution est aussi suspendue, a annoncé cet officier qui est à la tête de la Capsat. Cette unité militaire, qui avait joué un rôle majeur dans le coup d'État de 2009, a renversé le rapport de force en se joignant samedi aux manifestations qui ont commencé le 25 septembre.
La Haute Cour Constitutionnelle (HCC), malgré sa dissolution, a annoncé ce mardi la vacance des postes de Président de la République et de Président du Sénat, confiant provisoirement les fonctions de chef de l’État au colonel Randrianirina Michaël.
Dans sa décision publiée ce mardi, la HCC estime que le président Andry Rajoelina se trouve dans l’impossibilité d’exercer ses fonctions, évoquant un "abandon passif du pouvoir". Le gouvernement en place est également jugé incapable d’assurer la continuité de l’État.
La Cour précise que des élections présidentielles devront être organisées dans un délai de 60 jours à compter de cette décision, et rappelle que l’autorité de suppléance n’a pas le droit de dissoudre les institutions prévues par la Constitution.
- Andry Rajoelina accroché au pouvoir -
Le président malgache Andry Rajoelina, contesté dans la rue mais accroché au pouvoir, a dissous mardi l'Assemblée nationale avant le vote le visant pour abandon de poste.
La présidence malgache dénonce une tentative de coup d’État menée par une faction de militaires du Capsat, qui se seraient introduits de force au Palais d’État d’Ambohitsorohitra ce mardi 14 octobre.
Dans un communiqué officiel, la présidence a condamné une "atteinte grave à la légalité républicaine" et affirme que le président Andry Rajoelina demeure pleinement en fonction, garant de la "stabilité nationale et du maintien de l’ordre constitutionnel"
Fragilisé par le ralliement ce weekend des militaires à la contestation ayant embrasé le pays et désormais réfugié dans un lieu inconnu, le chef de l'État a écarté la veille toute démission en appelant à "respecter la Constitution" lors de sa première apparition à l'écran depuis ce revirement.
Élu en 2018, puis réélu en 2023 pour un mandat de cinq ans lors d'un scrutin boycotté par l'opposition, Andry Rajoelina était sous la menace d'un vote le visant pour "empêchement temporaire" qui nécessitait la majorité des deux tiers de l'Assemblée nationale.
"Conformément aux dispositions de l'article 60 de la Constitution, l'Assemblée nationale est dissoute", indique donc un décret diffusé sur la page Facebook de la présidence dont l'authenticité a été confirmée à l'AFP par l'entourage du président.
"Ce choix s'impose pour rétablir l'ordre au sein de notre nation et renforcer la démocratie", a-t-il justifié dans un message sur les réseaux sociaux dans la foulée.
Un décret qui a été balayé par les députés, estimant que celui-ci n'était pas légal. Ils ont donc procédé au vote dans l'après-midi, à 130 voix sur 163 pour sa destitution.
- Milliers de manifestants -
Ce weekend, une unité militaire, le Capsat, qui avait joué un rôle majeur dans le coup d'État de 2009 ayant porté au pouvoir Andry
Rajoelina à la suite déjà d'une mobilisation populaire, a appelé les forces de sécurité à "refuser de tirer" sur les manifestants, avant de rejoindre ces derniers dans le centre de la capitale.
La plupart des forces armées lui ont emboîté le pas depuis et ont renouvelé leur chaîne de commandement, y compris la gendarmerie, auparavant en première ligne de la répression des manifestations.
Au moins 22 personnes ont été tuées au début des manifestations et plus d'une centaine blessées, d'après un bilan des Nations unies.
D'après la Constitution, les élections législatives doivent se tenir "soixante jours au moins et quatre-vingt-dix jours au plus après le prononcé de la dissolution" de l'Assemblée.
L'incertitude gagne encore plus cette île très pauvre de l'océan Indien où des milliers de manifestants se sont encore rassemblés mardi à Antananarivo.
Comme depuis le 25 septembre, il s'agit de jeunes mobilisés par le collectif Gen Z, désormais joints par des fonctionnaires appelés à la grève par plusieurs syndicats et des protestataires de toutes générations.
Les pancartes anti-françaises ont aussi fleuri, a constaté une équipe de l'AFP dans la capitale malgache. "Dégage la France", "Dégage
Rajoelina et Macron" pouvait-on y lire.
"Je ne confirme rien aujourd'hui", avait répondu le président français Emmanuel Macron la veille à une question sur l'exfiltration d'Andry Rajoelina.
Madagascar, île à la population très démunie, a une longue histoire de soulèvements populaires suivis par la mise en place de gouvernements militaires de transition.
Au moins 80% des 32 millions d'habitants de Madagascar vivent avec moins de 15.000 ariary par jour (2,80 euros), le seuil de pauvreté de la Banque mondiale.
www.imazpress.com avec l'AFP
En l’exfiltrant, Macron s’est rendu coupable de soustraire à la justice Rajoelina - certes citoyen français, mais d’abord président malgache.
C’est une politique de courte vue qui va desservir les intérêts de la France à Mada en ouvrant un boulevard aux pro russes.