Des manifestants affrontent les forces de l’ordre à Antananarivo, exprimant leur colère face aux coupures d’eau et d’électricité et dénonçant la pauvreté. Le bilan des violences n’a pas été confirmé officiellement. Selon RFI, cinq personnes sont décédées depuis jeudi.
Plusieurs centaines de manifestants, jeunes pour la plupart, ont à nouveau affronté samedi les forces de l’ordre malgaches dans la capitale Antananarivo, deux jours après qu’une manifestation antigouvernementale interdite a dégénéré en heurts et en pillages.
La police avait dispersé jeudi avec des grenades lacrymogènes et des tirs de balles en caoutchouc des groupes de manifestants qui entendaient protester contre les coupures à répétition d’eau et d’électricité. La manifestation avait été suivie d’incendies et de pillages.
Les protestataires, parmi lesquels des étudiants, se sont de nouveau rassemblés samedi dans la capitale de Madagascar, brandissant des pancartes avec des slogans tels que "Nous sommes pauvres, en colère et malheureux", "Madagascar est à nous" et "Nos voix brillent plus que la lumière que vous refusez de nous donner".
Madagascar deserves to be seen and heard. ????????
— Taninjanaka (@Taninjanaka_) September 27, 2025
Listen to this young brave man❤️✊ #taninjanaka #madagascar #freemadagascar #GenZMadagascar pic.twitter.com/yg8fRnOzY5
La plupart sont vêtus de noir et ont le visage couvert, certains arborant des chapeaux de paille colorés, devenus un symbole de défiance. Les forces de l’ordre, déployées en grand nombre, ont empêché les manifestants de marcher vers le centre-ville d’Antananarivo, utilisant des lacrymogènes pour les disperser.
La Génération Z Madagascar a entamé ce matin une marche à Ankatso. D'après eux, la poursuite de la lutte reste l'objectif, tout en insistant sur la volonté de ne pas semer le désordre mais de maintenir l'action dans un cadre pacifique.#Madagascar #GenZProtest pic.twitter.com/3ERirc2D1p
— ????????✊????GENzPROTEST✊???????????? (@mamymecanic) September 27, 2025
Sur les réseaux sociaux, Gen Z Madagascar, qui appelait à manifester, a condamné les violences perpétrées. "Nous, jeunes de la Génération Z, tenons à affirmer avec force que la manifestation que nous avons organisée et à laquelle nous avons pris part a toujours conserver sa nature pacifique. Malgré la répression et la violence exercées par les forces de l'ordre, nous avons choisi la voie de la non-violence pour exprimer nos revendications et notre désir d'un avenir meilleur", peut-on lire dans un communiqué publié jeudi soir.
- Un bilan humain incertain -
Une source hospitalière anonyme a déclaré que cinq personnes ont été tuées dans les violences de jeudi, mais ce bilan n’a pas été confirmé de source officielle. Le compte X des Nations-Unis de Madagascar a cependant "présenté ses condoléances aux familles des victimes", appelant "chacun et chacune à respecter l'Etat de droit" et "les forces de l'ordre à agir avec retenue et professionnalisme".
— UN Madagascar (@UNMadagascar) September 27, 2025
Le président malgache Andry Rajoelina a annoncé vendredi le limogeage de son ministre de l’Énergie, tout en qualifiant les violences d'"actes de déstabilisation".
La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), présidée par M. Rajoelina, s’est dit samedi préoccupée par "un nombre non confirmé de morts, de blessés et de dégâts importants aux biens publics et privés", dans un communiqué.
L’Union africaine a de son côté appelé à la retenue, au calme et au dialogue.
- Solidarité de la diaspora -
A La Réunion, un rassemblement était organisé ce samedi à Saint-Denis en soutien aux manifestants.
Citoyens et militants ont pris la parole devant une centaine de personnes, certains drapés du drapeau de la Grande Île, d'autres portant des pancartes où l'on pouvait lire divers slogans : "Pourquoi tuer un peuple qui crie à l'aide pacifiquement ?", "On réclame du changement, plus de promesses en l'air !", "Arrêtez de frapper ceux qui réclament leur droit de vivre", "C'est juste une simple demande : de l'eau et de l'électricité".
"La jeunesse s'est levée, cette génération réussit là où nous les aînés avons échoué", dit Sylvie Razafintsalama, citoyenne franco-malgache.
"Le pays se dégrade, les Malgaches souffrent au quotidien. On n'a pas d'eau, d'électricité, les enfants ne sont pas à l'école, on ne peut pas se soigner de façon digne. Sauf quand on a de l'argent, quand on est au gouvernement par exemple : ils vont à Maurice, en France", dénonce-t-elle. "Il y a un fossé énorme entre les dirigeants et le peuple, et ils refusent de le voir."
Beaucoup de jeunes étaient présents à ce rassemblement, à l'image de Stene, âgé de 21 ans. Né à Madagascar et arrivé à La Réunion il y a dix ans, il se dit "profondément en colère et attristé", en voyant "comment le gouvernement répond de manière violente aux revendications qui sont tout à fait légitimes".
"La dernière grande manifestation à Madagascar a eu lieu en 2009, où il y a eu énormément de personnes qui sont mortes, ce qui a créé un grand traumatisme au sein de la population. Cela a pris une décennie pour qu'on se mobilise de nouveau", rappelle-t-il. Le bilan officiel fait état de 135 morts durant cette période (attention, images sensibles).
"Quand on sait qu'il y a toujours un lourd traumatisme, entre la colonisation et les coups d'Etat successifs, c'est dur de se dire que les populations qui veulent manifester sont réprimées", dit-il. "On ne peut pas rester silencieux face à ça."
Malgré des richesses naturelles exceptionnelles, Madagascar reste l’un des pays les plus pauvres de la planète. Près de 75 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 2022, d’après la Banque mondiale.
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La jeunesse a les tous ensemble
Courage a nos amis malgaches
Le plus beau discours que j'ai entendu depuis des dizaines d'années, celui de la dignité, de la vérité et de l'insurrection contre ce régime infernal, qui n'a fait que prendre le relai du pouvoir colonial avec tout son cortège de famines, de dénis de droits démocratiques, de détournements de fonds publics, d'incompétences crasses à la tête de l'Etat, de violence des riches et de leurs forces de répression.
Le seul souhait qu'on puisse exprimer depuis La Réunion : que la jeunesse et la classe ouvrière malgache qui n'ont de leçon de courage à recevoir de personne, saisissent ce moment de liberté qu'elles se sont données en manifestant leur colère légitime, se donnent l'organisation capable un jour, le plus tôt possible, de mettre à bas la classe de rapaces et l'Etat qui mettent en coupe réglée Madagascar !
Que vivent la jeunesse et la classe ouvrière malgache et qu'elles puissent se libérer de ce régime insupportable !
Bah, ils n'avaient qu'à rester français, ils n'en seraient pas là. Quand aux jeunes, vos parents et grands parents étaient dix fois plus pauvres, mais ils se retroussaient les manches pour survivre.
J’ai toujours du mal à comprendre comment des personnes comme vous osent donner des leçons de morale à des gens qui n’ont rien et qui ont eux le courage de se lever pour espérer un avenir meilleur. Je suis triste pour vous. Discours incroyable de cet étudiant.
C est bien de se lever...mais protester c est très insuffisant et entraîne des exactions de toutes sortes...les pillages ne servent pas votre cause
Présentez une charte énumérant les moyens que vous proposez pour un régime démocratique qui réponde aux besoins
de la population..il faut construire..vous avez certainement réflechi aux mesures urgentes à prendre en attendant un plan concerté de gouvernement
Courage à vous..les hommes..et les femmes.. de bonne volonté vous soutiendront
Pour espérer un avenir meilleur, il ne faut rien attendre du gouvernement, ici comme ailleurs. Il faut prendre sa vie en main, tout simplement. Je connais bien Mada. Il y a tout plein de gens qui se portent bien. Il se sont créés leur job, ils ne se soulèvent pas, ils se lèvent tôt le matin. Et ils ne peuvent pas dire que le gouvernement leur pique l'argent, car c'est de l'économie souterraine. Pas d'impôts ils travaillent pour eux. Ces gens ne sont pas d'êternels assistés ou étudiants. Ils ont compris que les responsables de leur vie, c'est eux, pas l'État.
Vous connaissez bien MADA dites-vous? Manifestement vous le connaissez très mal.
Mais en ce temps là Mada était beaucoup moins pauvre qu'à l'heure actuelle! Les paysans avaient de quoi subsister, alors qu' aujourd'hui, même les étudiants n'ont rien! La pauvreté est telle que des gens sont obligés pratiquement de voleurs pour survivre! Ils n'avaient qu'à rester Français? Parce que vous croyez que la France faisait mieux? Rendormez vous sur vos relents de colonialisme!
En 1946 des députés ultramarins intelligents (aimé Césaire) ont décidé que Guadeloupe, Réunion etc deviennent des départements français. Fin de la colonie, accélération du développement. Mada a fait un autre choix, libre, celui du tiers monde. Merci les ancêtres d'avoir fait un choix éclairé