Politique générale

Retraites, santé, proportionnelle: ce qu'il faut retenir du discours de Bayrou

  • PubliĂ© le 14 janvier 2025 Ă  21:26
  • ActualisĂ© le 14 janvier 2025 Ă  21:39
Le Premier ministre François Bayrou aprÚs son discours de politique générale à l'Assemblée nationale à Paris le 14 janvier 2025

Une négociation trÚs attendue mais peu d'annonces concrÚtes: dans sa déclaration de politique générale mardi devant l'Assemblée, le Premier ministre François Bayrou s'est engagé à rouvrir le "chantier" des retraites mais s'est peu avancé sur les autres sujets.

- Retraites "en chantier" -

Deux ans aprÚs la réforme adoptée au forceps par sa prédécesseure Elisabeth Borne, François Bayrou a "choisi de remettre ce sujet en chantier, avec les partenaires sociaux, pour un temps bref".

Dans l'immédiat, le Premier ministre va demander à la Cour des comptes via "une mission flash de quelques semaines" de présenter "l'état actuel et précis du financement du systÚme de retraites".

En parallĂšle, "une dĂ©lĂ©gation permanente sera créée", a indiquĂ© M. Bayrou, qui "rĂ©unira dĂšs vendredi" cette instance. Il "proposera aux reprĂ©sentants de chaque organisation de travailler autour de la mĂȘme table (...) pendant trois mois, Ă  dater du rapport de la Cour des comptes".

"Nous pouvons, j'en ai la conviction, rechercher une voie de rĂ©forme nouvelle, sans aucun totem et sans aucun tabou, pas mĂȘme l'Ăąge de la retraite", a-t-il assurĂ©, Ă  la seule "condition" de ne pas "dĂ©grader l'Ă©quilibre financier" du systĂšme de retraites.

"Si au cours de ce conclave" émerge "un accord d'équilibre et de meilleure justice, nous l'adopterons", a-t-il affirmé, fixant comme "échéance" le prochain budget de la Sécurité sociale à l'automne. A défaut, "c'est la réforme actuelle qui continuerait de s'appliquer".

- Budget sous pression -

M. Bayrou a appelĂ© le Parlement Ă  "adopter sans tarder" les deux budgets de l'État et de la SĂ©curitĂ© sociale, en suspens depuis la censure du gouvernement Barnier dĂ©but dĂ©cembre.

"Cette précarité budgétaire, nous la payons tous au prix fort", a souligné le Premier ministre, avant de revoir en baisse la prévision de croissance de l'économie pour 2025, de 1,1% à 0,9% du PIB.

Le déficit public est désormais attendu à 5,4%, contre 5% précédemment, mais toujours avec l'objectif de le ramener en 2029 au maximum de 3% toléré par la Commission européenne.

Pour y parvenir, "des Ă©conomies importantes seront proposĂ©es", a indiquĂ© M. Bayrou, sans plus de prĂ©cision, avant d'annoncer "la crĂ©ation d'un fonds spĂ©cial entiĂšrement dĂ©diĂ© Ă  la rĂ©forme de l'État" et financĂ© par la vente "d'une partie de ses actifs, en particulier immobiliers".

- Rallonge pour la santé -

Pas de rabot sur le remboursement des médicaments et des consultations médicales. "La mesure de déremboursement" envisagée par Michel Barnier puis abandonnée sous la pression du RN "ne sera pas reprise", a fait savoir M. Bayrou.

Au contraire, le gouvernement proposera "une hausse notable" des dépenses de santé afin "d'améliorer les conditions de travail des soignants et de protéger les plus fragiles", a ajouté le chef du gouvernement, ouvrant la voie à une progression supérieure aux 2,8% déjà proposés à l'automne.

Le Premier ministre a confirmé au passage "le remboursement intégral des fauteuils roulants dÚs 2025", promesse formulée par Emmanuel Macron il y a bientÎt deux ans.

- Proportionnelle et cumul -

M. Bayrou a remis sur la table un sujet qui lui tient à coeur en proposant "d'avancer sur la réforme du mode de scrutin" aux élections législatives, avec "l'adoption du principe proportionnel pour la représentation du peuple" tout en restant "enraciné dans les territoires".

Cette rĂ©forme "nous obligera Ă  reposer en mĂȘme temps la question de l'exercice simultanĂ© d'une responsabilitĂ© locale et nationale", a-t-il poursuivi, reprenant Ă  son compte la position du prĂ©sident du SĂ©nat, GĂ©rard Larcher, en faveur d'un retour du cumul des mandats.

Le Premier ministre a également relancé une autre de ses idées: celle d'une "banque de la démocratie" pour que les partis politiques puissent se financer auprÚs d'"organismes publics" et "ne dépendent plus de choix de banques privées".

- Collectivités ménagées -

Soucieux d'accorder "une place centrale" aux collectivités locales, M. Bayrou a confirmé que l'effort qui leur sera demandé dans le budget 2025 sera ramené de "5 à 2,2 milliards d'euros".

Sur le cas spécifique de la Corse, le Premier ministre a également promis de "respecter" le calendrier "pour aboutir à une évolution constitutionnelle fin 2025".

De mĂȘme pour la Nouvelle-CalĂ©donie, il a souhaitĂ© "que le processus politique reprenne avec des nĂ©gociations qui devront aboutir Ă  la fin de ce trimestre" et annoncĂ© qu'il "invitera en janvier les forces politiques Ă  venir Ă  Paris pour ouvrir ces nĂ©gociations".

AFP

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