Venezuela

Nicolas Maduro, un homme du peuple Ă  la poigne de fer

  • PubliĂ© le 10 janvier 2025 Ă  20:00
  • ActualisĂ© le 11 janvier 2025 Ă  06:42
Le prĂ©sident vĂ©nĂ©zuĂ©lien Nicolas Maduro arrive Ă  l'AssemblĂ©e nationale Ă  Caracas le 10 janvier 2025 pour ĂȘtre investi pour un troisiĂšme mandat.

Successeur d'Hugo Chavez en 2013, le président du Venezuela Nicolas Maduro, investi vendredi pour un troisiÚme mandat de six ans en dépit des contestations de l'opposition, a su se maintenir au pouvoir en dirigeant ce pays pétrolier d'une main de fer.

Grand, la moustache fiÚrement portée, l'ancien chauffeur de bus, 62 ans, rappelle fréquemment ses origines et aime cultiver cette image d'homme du peuple, simple et terre-à-terre.

Il se plaßt à évoquer le bon sens, à massacrer des mots anglais, à parler de baseball ou de ses soirées télé avec sa femme Cilia Flores, la "premiÚre combattante", une ancienne procureure omniprésente sur la scÚne politique vénézuélienne.

"C'est un genre qu'il se donne. Pour l'anglais, il a été ministre des Affaires étrangÚres pendant des années (2006-2013). Difficile de croire qu'il ne le maßtrise pas parfaitement", confie une source diplomatique.

En faisant de lui son hĂ©ritier en 2012, un an avant sa mort, Hugo Chavez (1999-2013) avait louĂ© "l'un des jeunes dirigeants ayant les meilleures capacitĂ©s" pour prendre la tĂȘte du Venezuela.

Beaucoup l'ont sous-estimĂ©. ConsidĂ©rĂ© Ă  ses dĂ©buts comme un syndicaliste sans envergure, il a su s'imposer face Ă  ses rivaux au sein du Parti socialiste unifiĂ© (PSUV) dont il est le prĂ©sident et manƓuvrer au moment des manifestations - durement rĂ©primĂ©es - qui ont suivi les Ă©lections contestĂ©es de 2018 et de 2024 en s'appuyant sur des appareils policier et judiciaire Ă  ses ordres.

Nicolas Maduro a également réussi à survivre à une crise économique sans précédent, aux sanctions internationales, à la pandémie et à des scandales de corruption se chiffrant en milliards de dollars.

Tout en déjouant des complots, réels et imaginaires, qu'il dénonce réguliÚrement.

- "Super-moustache" -

La propagande lui a consacrĂ© un dessin animĂ©, dans lequel il est prĂ©sentĂ© en "Super-Bigote" ("Super-moustache"), super-hĂ©ros "indestructible" qui, tel Superman, dĂ©fend le Venezuela contre les monstres et les mĂ©chants que sont les États-Unis ou des "opposants-saboteurs".

Il n'a pas le charisme ou l'éloquence d'un Chavez mais passe des heures à la télévision ou sur les réseaux sociaux avec une communication bien huilée.

Alliant discours politique pur et dur, blagues parfois lourdes et parenthĂšses personnelles, il sait tenir une foule en haleine.

Une image sympathique jurant avec sa maniĂšre de diriger le Venezuela, qui repose en grande partie sur l'armĂ©e et l'appareil sĂ©curitaire. L'opposition l'accuse d'ĂȘtre un "dictateur".

Face à la crise économique et derriÚre le discours socialiste, Nicolas Maduro a coupé dans toutes les dépenses sociales, supprimé les droits de douane à l'importation pour permettre le réapprovisionnement d'un pays qui manque de tout et autorisé la dollarisation pour juguler l'hyperinflation.

- "Marxiste et chrétien" -

Intransigeant dans son discours antiaméricain, il sait aussi négocier en catimini.

Il est ainsi parvenu Ă  faire lever de novembre 2023 Ă  avril 2024 des sanctions amĂ©ricaines alors mĂȘme que l'inĂ©ligibilitĂ© de la principale opposante Maria Corina Machado se confirmait.

Nicolas Maduro a aussi su obtenir la libération de deux neveux de Cilia Flores condamnés pour trafic de drogue aux Etats-Unis et d'Alex Saab, considéré comme un des principaux intermédiaires du Venezuela, incarcéré aux Etats-Unis pour blanchiment.

S'il se dit toujours marxiste, il a soutenu la béatification par l'Eglise catholique de José Gregorio, le "médecin des pauvres", en 2021.

Mais il a surtout opĂ©rĂ© un virage vers les Ă©glises Ă©vangĂ©liques. Certains y voient une manƓuvre en direction d'une manne Ă©lectorale. D'autres une vraie foi.

"Je suis un enfant de notre Seigneur Jésus-Christ et je sais pourquoi il me protÚge. Ils (les ennemis, ndlr) n'ont pas pu m'atteindre parce que le Christ est avec nous", dit-il.

Nicolas Maduro se résume d'ailleurs ainsi : "bolivarien (de Simon Bolivar, né au Venezuela et figure emblématique de l'émancipation des colonies espagnoles en Amérique du Sud), marxiste et chrétien".

AFP

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