Obligation de prêt de voitures, les concessionnaires pas inquiets

Airbags Takata : à La Réunion, on ne se bouscule pas pour faire réparer son véhicule

  • Publié le 31 juillet 2025 à 10:57
  • Actualisé le 12 août 2025 à 10:19
airbag takata

Près de 19.000 véhicules équipés des airbags Takata défectueux circulent toujours à La Réunion. Face aux failles dans les campagnes de rappel et à l'absence de mobilisation chez les automobilistes, le gouvernement a décidé de serrer la vis. Par décret publié ce mercredi 30 juillet 2025, les constructeurs doivent proposer des solutions immédiates aux clients dont les véhicules sont immobilisés. Des contrôles seront renforcés et mis en place dès le 1er janvier 2026. Une trentaine de constructeurs sont concernés pour les véhicules construits entre 1998 et 2019. L'État souhaite la fin de ce rappel obligatoire et la mise aux normes des véhicules au plus tard fin 2026. (Photo photo Sly/www.imazpress.com)

D'après l'arrêté publié au Journal officiel, "les propriétaires des véhicules concernés par un Stop Drive (arrêt immédiat de conduite) devront être avertis d’ici 20 jours, s’ils ne l’ont pas déjà été et obtenir un rendez-vous pour la réparation dans les deux mois suivant leur prise de contact". Si le rendez-vous est dans plus de 15 jours, le constructeur (le concessionnaire le cas échéant) a obligation de mettre à disposition des solutions de mobilité jusqu’au remplacement des airbags concernés.

En cas de manquement, les constructeurs ont une semaine pour mettre en place des actions correctives, sous peine d’une astreinte d’un million d’euros par semaine de retard.

Si votre véhicule a été fabriqué entre 1998 et 2019 : vérifiez si vous êtes concernés via le site dédié, ou contactez votre constructeur. Si vous êtes concerné : prenez rendez-vous sans délai chez un réparateur agréé. "En cas de non-remplacement, vous exposez votre vie et celle des autres à un danger réel", note la préfecture.

Un "faux problème" à La Réunion, explique Philippe-Alexandre Rebboah, directeur de Leal Réunion et président du Syndicat de l'importation et du commerce (SICR). 

"Il n'y aura pas de soucis de prêt de véhicule puisque nous sommes capables de donner un rendez-vous en moins d'une semaine dans l'île", ajoute-t-il. "Le problème, est qu'à La Réunion les automobilistes concernés par le rappel ne se font pas connaître"  affirme le président du SICR. 

Mais les véhicules concernés et leurs propriétaires restent trop difficiles à identifier, notamment à cause des carences du fichier des immatriculations (SIV) "qui ne permet pas de retrouver les propriétaires concernés", selon un rapport publié mardi par l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD).

À La Réunion, "nous avons mis les moyens - des voitures relais, des dépanneurs dédiés -, pour faire en sorte d'assurer la sécurité des automobilistes", dit-il. 

La remise en état du véhicule dure entre une ou deux heures. Elle peut prendre plus de temps selon l'importance de la réparation, indiquent les concessionnaires de l'île. 

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Empêcher la revente de ces véhicules dangereux -

Pour durcir les conditions d'utilisation des voitures concernées, le rapport dévoilé par le ministère des transports préconise le "remplacement des airbags obligatoire pour que la voiture valide son contrôle technique". Cette condition empêcherait, de fait, la revente de ces véhicules dangereux sur le marché de l’occasion.

Le cabinet du Premier ministre a demandé en mai que le dispositif puisse entrer en vigueur au 1er janvier 2026, selon le rapport.

Les contrôleurs techniques sont déjà censés informer les propriétaires de véhicules faisant l’objet d’un rappel.

"Une sanction pénale devrait également être prévue en cas de revente d’un véhicule en dépit de la notification d’un rappel pour cause de risque grave ou a fortiori d’une mesure de Stop drive", prévient le rapport.

De plus, dans le futur, l'opérateur du contrôle technique devrait recevoir directement de la part des constructeurs les numéros de VIN (Vehicle Identification Number) associés soit à des rappels, soit à des défauts graves d’airbags oud‘autres équipements.

- Des contrôles renforcés à partir de janvier 2026 -

Afin d'accentuer davantage la prise de conscience, le Syndicat du commerce et de l'importation de La Réunion avait demandé aux services de l'État "à ce que les forces de l'ordre puissent sensibiliser les automobilistes lors des contrôles routiers en donnant un délai de 48 heures maximum au conducteur pour prendre rendez-vous". 

D'après le cabinet du Premier ministre, cela sera mis en place au 1er janvier 2026. Suite à des réunions interministérielles, ce dernier a décidé de renforcer "la vigilance des forces de l’ordre au moment des contrôles routiers".

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- Les constructeurs doivent prendre leurs responsabilités -

Les experts de l'Inspection générale de l’environnement et du développement durable considèrent que l’amélioration des rappels est une priorité, face à un risque connu depuis des années.

 Si des rappels ont été lancés par certains constructeurs à la suite d'accidents mortels, "ces campagnes apparaissent, en France, trop lentes et peu efficaces et des accidents continuent à être régulièrement signalés", indique le rapport du ministère.

Les premières décisions de Stop drive ont été prises en 2024, notamment à La Réunion. Elles n’ont été généralisées à tous les constructeurs qu’au premier trimestre 2025.

De plus, "ils (les constructeurs) sont de très mauvaise foi parce qu'ils essayent d'inverser la charge de la preuve", dénonce Maître Charles-Henri Coppet, avocat de victimes des airbags Takata, spécialiste en droit du dommage. "Nous sommes dans un rapport professionnel-consommateurs et le constructeur a la responsabilité d'ôter ce produit du marché en prenant des mesures adaptées à la dangerosité et pourtant, ils font comme si c'était un simple problème d'essui glace", lance-t-il.

Les constructeurs "s'abritent derrière l'enquête judiciaire extrêmement longue car chacun cherche la montre mais aucun ne prend en charge spontanément les victimes. C'est le mépris le plus total", ajoute l'avocat. 

- Plusieurs instructions judiciaires en cours et une mise en examen -

Compte tenu de la gravité des faits et de leur dimension transnationale, la JIRS (juridiction interrégionale spécialisée) de Paris est en charge des dossiers complexes et à grande portée.

À La Réunion, Leal Réunion, distributeur automobile, a été mis en examen le 27 mars 2025 pour les blessures d’un conducteur d’un véhicule, liées à l’explosion de son airbag Takata. Une première en France. Lors de son interrogatoire, le responsable a affirmé que sa société avait fait "tout son possible" pour avertir les utilisateurs de BMW et évoqué de nombreuses difficultés pour parvenir à les joindre.

Me Guillaume Martine, l’un des avocats de la société, "entend démontrer que Leal Réunion a mis en œuvre toutes les diligences possibles pour empêcher que ne surviennent des accidents, en tenant compte de la faible connaissance, à l’époque, de la dangerosité des airbags défectueux".

Mobilisée depuis des années sur ce dossier, UFC-Que Choisir a annoncé mardi 22 juillet 2025 avoir saisi le tribunal judiciaire de Paris pour obtenir réparation des préjudices subis par les automobilistes confrontés depuis 2023 aux rappels d’airbags Takata.

- Au moins deux morts et plusieurs blessés à La Réunion -

À ce jour, deux Réunionnais ont perdu la vie à cause de ces airbags. Le premier drame remonte à 2021, lorsqu’une mère de famille de 39 ans a trouvé la mort dans un accident à La Saline-les-Bains. Plus récemment, dans la nuit du 30 au 31 janvier 2025, un automobiliste est décédé sur la NRL. Selon le parquet de Saint-Denis, l’explosion de l’airbag Takata est bien en cause. La victime conduisait une Honda Jazz de 2003, pourtant visée par une procédure de rappel.

Un troisième cas suspect, remontant à 2016, est actuellement réexaminé. Et en janvier 2025, une autre femme a été grièvement blessée, dans un choc pourtant peu violent.

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ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

 
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fred
fred
2 mois

Merci