Compagnie aérienne

Air Austral : l'accord de performance collective est (enfin) signé

  • Publié le 9 mai 2024 à 16:05
  • Actualisé le 9 mai 2024 à 17:46

C'est fait, après de multiples reports et discussions, les syndicats, actionnaires et dirigeants d'Air Austral ont signé en début d'après-midi ce jeudi 9 mai 2024 l'accord de performance collective. La compagnie aérienne peut envisager l'avenir avec un peu plus de sérénité (Photo : rb/www.imazpress.com)

"La section Air Austral du Syndicat National des Pilotes de Ligne (SNPL Air Austral), très inquiet pour l’avenir de la Compagnie Air Austral et pour les emplois pilotes à la Réunion, a pris ses responsabilités et vient de signer un Accord de Performance collective" a souligné le syndicat dans un communiqué publié jeudi à la mi-journée

Cette signature "in extremis" a eu lieu "après une série de réunions de négociations compliquées et avec de multiples rebondissements de la part de la Direction ou de ses conseillers extérieurs" note le SNPL Air Austral.

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Une signature nécessaire pour l'entreprise. "Pour amener à un plan de retournement auprès de l'État", note Baptise Dei-Tos. "Mais on ne peut parler de victoire dès lors que l'on a pris des mesures qui ont un impact sur les rémunérations et le travail de nos collègues."

"L'objectif maintenant c'est aussi de sauver l'entreprise en menant à bien un combat mais la suite c'est de mener à bien le plan de retour à meilleure fortune pour que demain les salariés puissent récupérer ce qu'ils ont donné."

"Ce n'est pas une victoire, c'est un compromis", ajoute-t-il.

Un avis que partage Frédéric Bénard. "C'est au bout de 96 heures déterminante que nous sommes arrivés à ce résultat mais pour tout dire il va y avoir des sacrifices."

"Aujourd'hui nous étions contraints mais nous le formulons clairement. C'est la dernière fois que les salariés payent pour les erreurs du passé", dit-il.

Pour Joseph Bréma, président d'Air Austral, ce n'est pas jour de victoire "mais un jour important pour air austral". "On vient d'aboutir à un accord concernant l'accord de performance collective (APC) et c'est un travail qui a nécessité beaucoup d'efforts pour tout le monde."

"Cela permet aussi de montrer l'amour et l'engagement des représentants syndicaux et salariés pour Air Austral."

Cette signature "n'est pas une victoire pour nous mais pour l'ensemble de la clientèle réunionnaise".

Huguette Bello, présidente de Région et du Conseil de surveillance d'Air Austral, souligne "un effort remarquable du personnel".

'Je tiens à saluer l’esprit de responsabilité dont a fait preuve l’ensemble des parties prenantes à cet accord et cet accord représente un effort remarquable du personnel dont nous devons mesurer toute la signification. Je sais en effet ce que cela signifie en terme d’effort personnel pour chacune et chacun des salariés. Il traduit leur plein engagement et leur profond attachement à leur compagnie qu’ils font vivre chaque jour et qui est aussi celle de tous les Réunionnais."

Lire aussi - Signature de l’accord de performance collective : "cet accord représente un effort remarquable du personnel"

Le préfet de La Réunion salue également cet accord. Jérome Filippini, préfét de La Réunion salue la signature de cet accord et remercie les partenaires sociaux et les représentants des actionnaires d'Air Austral pour l'esprit de responsabilité dont ils ont fait preuve.

"Il s'agit d'une étape importante sur le chemin du plan de redressement de la compagnie aérienne, auquel l'Etat est très attentif."
 

- Un accord dans l'intérêt de tous -

Pour le SNPC-FO, "ce n'est pas un accord qui est bon mais on va faire des efforts. C'est bon pour l'entreprise et pour lui permettre de présenter demain son plan de retournement et de pouvoir avancer et continuer à faire voyager les Réunionnaises et les Réunionnais".

"La contrepartie positive pour les personnels naviguant commercial, c'est que nous sommes sur des leviers de productivité comme nous l'avions proposé depuis le début." Plus un levier sur la rémunération.

Et ce, afin de permettre à l'entreprise "de présenter un plan de retournement robuste".

La "base PNC était d'accord avec les mesures proposées et est enclin à comprendre les mesures de productivité
Baisse de salaire ? Fin du 13ème mois ? "Pour l'ensemble des salariés il y a des curseurs au niveau du 13ème mois. Tout le monde ne sera pas impacté de la même manière. On a fait attention et on a porté attention à ce que les personnels de bas salaires soient les moins impactés sur ces mesures."

"Je ne dis pas que c'est une bonne chose car baisser son salaire n'a jamais été une bonne chose mais dans tous les cas on a essayé d'impacter au minimum les bas salaires."

De plus, dans le cadre du plan de retournement à bonne fortune, les syndicats se sont engagés à "trouver les bonnes formules pour que les personnels qui ont fait des efforts sur leurs salaires, demain, soient récompensés".

- Une signature retardée -

Ce jeudi soir, 16 heures, les syndicats avaient reçu une nouvelle convocation de la part de la direction. Au départ, c'était de la signature de l'accord de performance collective (APC) dont il était question – comme cela avait été annoncé par Harold Cazal à la sortie de la préfecture dimanche soir.

Et pourtant, à la sortie de la réunion, où est l'accord ? Toujours pas signé. "Nous avons des avancées sur la rédaction des accords mais ce délai incompressible est nécessaire", expliquait la direction à Imaz Press.

Du côté des syndicats, ils indiquaient à Imaz Press qu'avait eu "lieu les dernières relecture et modifications", précisait Baptiste Dei Tos du syndicat SNPNCC-FO.

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Mardi, lors d'une nouvelle réunion entre les différents acteurs, l'objectif était de travailler sur la ligne budgétaire "pour essayer de faire bouger quelques curseurs sur lesquelles la direction nous a laissé une marge de manoeuvre" expliquait Frédéric Bénard, de la CFDT.

"Notre point de vue était de ne pas concéder sur la baisse de la rémunération : on a donc accepté raboter sur le 13ème mois, qui devrait être versés en se basant sur des paliers pour que chacun puisse en bénéficier en partie. Au lieu de toucher 100%, les différents palier toucheront une partie" détaille-t-il.

Dimanche soir à l'issue d'une réunion en préfecture, les deux parties ont souligné : "les négociations avaient bien avancé, un accord de principe a été trouvé" pour les différentes catégories de salariés. À l'exception des personnels au sol pour qui un accord est attendu ce lundi". Le SNPNC - FO (syndicat des hôtesses et stewards) avait décidé de suspendre son préavis de grève jusqu'à lundi 18h. Il a finalement été levé

"On voit le bout, de la lumière dans ce tunnel. On arrive à entrevoir des issues favorables pour les salariés et gagnant-gagnant pour que l'entreprise puisse s'y retrouver" avait par ailleurs réagi Frédéric Bénard, de la CFDT.

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- Un effort de 12,5 millions d'euros -

Depuis un mois, les actionnaires et les syndicats sont entrés en négociation pour sauver la compagnie régionale qui fait face à une situation déficitaire malgré un chiffre d'affaires record de 438 millions d'euros en 2023.

"C’est le plus haut chiffre d’affaires jamais atteint par l’entreprise", a souligné la Région.

Pour aider la compagnie, l'actionnaire privé d'Air Austral Run Air et de la Sematra (Région) a proposé d'aider pour un montant de 10 millions d'euros.

Il y a 4.500 emplois directs et indirects en jeu.

Le plan de retournement exigé par l’État, le 19 mars dernier lors de la réunion interministérielle doit être présenté au gouvernement au plus tard d’ici la deuxième semaine du mois de mai.

Ce plan qui sera présenté devra comporter les efforts faits par l’entreprise au niveau de la réduction de ses coûts opérationnels et de la réduction de la masse salariale.

- Un plan de sauvetage pour la compagnie Air Austral -

En Assemblée plénière le jeudi 28 mars 2024, la Région Réunion a annoncé le déblocage d'une enveloppe de cinq millions d'euros pour la compagnie réunionnaise.

En juillet 2021, "nous nous trouvons face à une compagnie aérienne affaiblie", avait déclaré Normane Omarjee, vice-président de la Région Réunion. "L'existence d'Air Austral contribue à faire vivre, survivre des équipements comme l'aéroport."

"La disparition d’Air Austral constituerait une perte sèche pour notre territoire, à hauteur de 100 millions d’euros par an", a ajouté Normane Omarjee.

Lire aussi - La Région Réunion vote une enveloppe de cinq millions d'euros pour "aider Air Austral"

Le 7 mars 2024, le Conseil de surveillance s'est réuni. Les actionnaires publics et privés ont accepté collectivement d’accompagner l’entreprise par un apport financier d’un montant de 10 millions d’euros.

Lire aussi - Air austral : 10 millions d'euros d'apport des actionnaires pour "accompagner l’entreprise"

"Pour accompagner l’entreprise à être plus performante, un effort collectif est indispensable. Des mesures de gestion internes plus rigoureuses concernant la maîtrise et la réduction des coûts ont ainsi été validées", annonce Air Austral.

Le 25 janvier 2023, c'est le Département qui a souhaité accompagner le sauvetage de la compagnie aérienne Air Austral à travers des bons de souscription à hauteur de 5 millions d'euros. Par cette opération, le Conseil département détient désormais 20% du capital de la SEMATRA, société actionnaire de la compagnie.

Le 5 janvier 2023, la Commission européenne a autorisé, le projet de la France d'octroyer une aide à la restructuration d'un montant de 119,3 millions d'euros pour permettre le retour à la viabilité de la compagnie aérienne Air Austral, ainsi qu'une aide d'un montant de 17,5 millions d'euros pour indemniser cette compagnie des dommages subis suite à la pandémie du coronavirus entre le 17 mars et le 30 juin 2020.

Une annonce qui faisait suite à l'approbation par la Commission d'une aide au sauvetage sous forme d'un prêt de l'État français d'un montant de 20 millions d'euros en faveur d'Air Austral le 18 janvier 2022.

Lire aussi - Air Austral : la Commission européenne autorise le plan de restructuration de 119,3 millions d'euros

Lire aussi - Compagnie aérienne : embellie pour l’avenir d’Air Austral

Et pourtant, la compagnie a bénéficié d’un effacement de dettes de 116 millions d’euros assortie d’une clause de "retour à meilleure fortune".

- Une compagnie abattue par la crise sanitaire -

La compagnie aérienne est en grandes difficultés financières depuis la crise sanitaire. Une crise qui n’a fait qu’accentuer une santé financière fléchissante.

La compagnie a en effet connu des difficultés en 2012, lors de la crise conjoncturelle.

En 2020, les difficultés empirent : alors que la compagnie fait un chiffre d’affaires de près de 413 millions d’euros, le Covid passe par là, faisant chuter l’activité d’Air Austral, à l’instar de toutes les compagnies aériennes. L’entreprise connait une baisse du trafic de 77% et une baisse de son chiffre d’affaires de 55%. Comme l’explique la Région, son chiffre d’affaires est passé de 413 à 185 millions d’euros, soit une baisse de 225 millions d’euros.

Pour aider la compagnie aérienne à ne pas se crasher, les actionnaires se sont mobilisés. Selon les chiffres donnés par Didier Aubry, en 2020, il y a eu un prêt actionnaire avec un apport de 30 millions d’euros de la Sematra et 90 millions des banques. En 2021 et avec la poursuite de la crise sanitaire, Air Austral sollicite une nouvelle aide. L’État apporte 20 millions d’euros et la Sematra mobilise 10 millions d’euros. Des aides qui s’ajoutent au dispositif de droit commun, à savoir le chômage partiel et l’étalement des aides fiscales.

Mais cela ne suffit pas. En 2022, une aide au sauvetage de la compagnie est notifiée à la commission européenne. Un sauvetage nécessaire, tant la situation financière d’Air Austral est aujourd’hui dégradée.

Lire aussi – Air Austral : les salariés et des élus se mobilisent pour sauver la compagnie

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- La direction confiante -

Alors que la compagnie traverse des turbulences, Imaz Press s'était entretenu avec Joseph Bréma, président du directoire de l'entreprise. Il parle d'"une belle compagnie avec des atouts indéniables", ne cache pas les difficultés auxquelles il a dû faire face et assure "être confiant".

"Nous rencontrons certes une phase de turbulences, mais j’ai foi en l’ensemble du personnel de la compagnie pleinement mobilisé pour que nous soyons transparents vis-à-vis de nos clients. Aujourd'hui toutes nos énergies sont dirigées vers le maintien de notre activité opérationnelle pour que cela n'impacte ni les voyages, ni la qualité de service proposés à nos passagers."

Pour Joseph Bréma, les mauvais résultats de la compagnie sont dus à une conjonction de facteurs exogènes. "Il y a tout d’abord les facteurs géopolitiques. Je pense à l'interdiction de survol du Soudan et du Niger, entrainant des temps de vol prolongés induite d’une augmentation de la consommation de carburant et des frais de maintenance. Nous devons aussi faire face à une chute du global du trafic du fret aérien, s’accompagnant d’une baisse de la recette unitaire. Nous avons aussi des difficultés d’approvisionnement en fournitures et équipements aéronautiques et le contexte inflationniste en découlant sur les coûts de réparations et de remises en état des avions."

À ces contraintes se sont ajoutées des difficultés opérationnelles affectant les opérations de la compagnie depuis des mois.

"Pour faire face à ces défis opérationnels, la compagnie a été contrainte de puiser dans ses liquidités et de recourir à des affrètements auprès d’autres opérateurs, pour que la situation soit la moins pénalisante possible pour sa clientèle."

Lire aussi - Air Austral : "une belle compagnie" qui doit faire face à des difficultés mais "confiante" en son avenir

www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

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4 Commentaires
Romuald
Romuald
4 mois

Patrons, politiciens (ici, de gauche !), tous d'accord pour faire payer la crise aux travailleurs !
Après l'accord passé entre la direction de la SPL Estival, le politicien macroniste Selly et les représentants syndicaux pour faire payer les frasques du sieur Allamelou et de sa bande aux travailleurs de l'entreprise sous forme de baisses de salaires, voilà un deuxième exemple de la complicité active de tous ces décideurs qui s'entendent comme larrons en foire pour pressurer un peu plus les salariés.
Il faut que les travailleurs tirent les leçons de ces expériences malheureuses pour leur niveau de vie et cessent de faire confiance à tous ces élus complices de ceux qui les exploitent et qu'ils se mobilisent pour créer leur propre parti, un parti des travailleurs indépendant à tous points de vue de la classe capitalistes !
C'est vital pour la défense de leurs intérêts et pour se ménager un avenir réellement meilleur.

Chabouk
Chabouk
4 mois

Au vu des accords adoptés, rendez-vous non pas dans 2 ans mais avant. J'avais émis le souhait d'obtenir les statistiques des sièges GP ou alloués aux personnes qui ont un certain pouvoir. Voeux pieux bien-sûr, c'est un domaine qui relève du secret d'état chez Air Austral. Cette chappe de plomb sur ce sujet révèle à coup sûr d'abus sans nom. Les quelques informations que j'ai montrent une distribution de ces GP aux amis, parents ...et j'en passe au détriment des clients payeurs. J'ai même entendu dire qu'il existe un commerce parallèle de ces places.

Sabouk
Sabouk
4 mois

Au vu des accords adoptés, rendez-vous non pas dans 2 ans mais avant. J'avais émis le souhait d'obtenir les statistiques des sièges GP ou alloués aux personnes qui ont un certain pouvoir. Voeux pieux bien-sûr, c'est un domaine qui relève du secret d'état chez Air Austral. Cette chappe de plomb sur ce sujet révèle à coup sûr d'abus sans nom. Les quelques informations que j'ai montrent une distribution de ces GP aux amis, parents ...et j'en passe au détriment des clients payeurs. J'ai même entendu dire qu'il existe un commerce parallèle de ces places.

HULK
HULK
4 mois

On prend le pari que çà ne servira pas à grand-chose et que l'on se retrouvera dans quelques mois pour revoir les pleureuses venues mendier quelques sous pour survivre? C'est comme çà quand on a des incompétents, copains et coquins, à la tête de la compagnie.