Tous les signaux sont au rouge

Campagne sucrière : à quatre mois de la fin... le compte n'y est (vraiment) pas

  • Publié le 16 septembre 2023 à 02:59
  • Actualisé le 16 septembre 2023 à 11:08

Commencée particulièrement tard, la campagne sucrière de cette année s'avère déjà compliquée pour les planteurs de La Réunion. Retard de démarrage, pannes de l'usine Bois-Rouge… Ces incidents ont entraîné des irrégularités dans les livraisons de canne à sucre. Et alors qu'il ne reste que quatre mois avant la fin de la "coupe", les projections pour la profession ne sont guère optimistes. 380.000 tonnes de cannes ont déjà été brassées "alors que la moyenne décennale habituellement est de 640.000 tonnes", indique Frédéric Vienne, président de la chambre d'agriculture (Photo d'illustration rb/www.imazpress.com)

Aritina Henriette, agricultrice vit cette saison au jour le jour. "Tous les jours c'est l'inquiétude. On ne sait pas s'ils vont prendre les cannes", dit-elle."En passant de la balance c'est là qu'on apprend qu'il se pourrait que le lendemain on ne travaille pas", ajoute l'agricultrice. Mais pourquoi, "on ne sait pas, on n'a pas les informations".

En attendant… les cannes sèchent. "Si les cannes restent trop au sol, c'est sûr qu'elles perdent du tonnage."

- Les planteurs... victimes des pannes chez Albioma -

Le problème qui se pose pour les agriculteurs et surtout planteurs, "c'est Albioma qui a des soucis pour caler son industrie par rapport à la campagne sucrière", souligne Frédéric Vienne, président de la Chambre d'agriculteur.

"On subit de plein fouets ces pannes à répétition et aujourd'hui on apprend encore que ce samedi 16 septembre il n'y a pas de réception dans l'Est de l'île."

"La campagne déjà commencé très en retard à cause d'une panne de l'usine centrale thermique et malheureusement depuis le début de la campagne il y a des pannes d'usine. Et cela pose énormément de problèmes parce qu'on n'arrive pas à livrer nos cannes", déclare Olivier Fontaine, secrétaire général de la chambre d'agriculture.

Alors que les cannes sont livrées et que les cultures sont bonnes, les teneurs elles, stagnent. "Pourquoi ? On se le demande", déclare Olivier Fontaine.

Prenons exemple, à Beaufonds Saint-Benoît, la teneur en sucre moyenne décennale est de 14,30 et là nous sommes à 12,93. De même à Bois-Rouge où la teneur en sucre est passée de 13,05 l'année dernière à 11,69 cette année.

"Peut-être la sécheresse en début d'année et une pluie tardive mais nous qui sommes dans une bonne récolte, on ne comprend pas pourquoi le taux de sucre ne monte pas."

Une situation qui fatigue les planteurs. "Il faut trouver des solutions et on est là pour dénoncer cette situation qui ne peut pas durer car on est très inquiet pour la fin de campagne", indique Frédéric Vienne.

- Lire aussi - Panne à l’usine Albioma de Bois-Rouge et chez Téréos : les planteurs de nouveau pénalisés.

- D'excellentes récoltes... mais des tonnages faibles -

Retards, pannes à répétition… des incidents qui impactent aussi les chiffres, que cela soit les récoltes ou encore le tonnage.

"Cette semaine (depuis le début de la campagne) on aura brassé sur l'ensemble de l'île 380.000 tonnes alors que la moyenne décennale habituellement est de 640.000 tonnes", précise Frédéric Vienne.

Pour exemple, à la balance de Beaufonds à Saint-Benoît, "la moyenne décennale est de 100.000 tonnes alors que là on est à 59.000 tonnes, à Bois-Rouge (Saint-André) on est habituellement à 128.000 tonnes et là on est à 76.000', détaille Frédéric Vienne.

Un véritable paradoxe, alors qu'en termes de culture, l'année est meilleure que la précédente.

"On aura une récolte supérieure à l'année passée mais aujourd'hui on se retrouve avec des difficultés de livraison", souligne le président de la Chambre d'agriculture.

Un retard qui impacte déjà la campagne sucrière 2024. "Tous les travaux de plantation, d'entretien de la canne sont mis de côté, d'autant plus que l'on voit que le dispositif d'aide à la plantation a du mal à se lancer, avec une complexité administrative qui peut rendre plus compliqué l'aide."

-  Objectif maintenant, terminer la campagne -

Ce que dénoncent également les planteurs et la Chambre c'est que ces retards n'ont pas ou "peu de raisons".

"Il n'y a pas d'instance de dialogue pour expliquer aux agriculteurs, sauf que ce que les agriculteurs ont envie d'entendre, c'est qu'il y ait à nouveau un planning de mise en place pour les rassurer", indique Frédéric Vienne. "Le but étant de terminer la campagne."

C'est d'ailleurs pour cela que la Chambre a demandé un report de la date de fin de la campagne "vers fin décembre pour faire rentrer toutes les cannes".

Et pour cause, il reste encore près d'un million de cannes à livrer avant la fin de la campagne sucrière.

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ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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