Fête

Noël dann tan lontan : momon, papa sa mèm té nout zarboutan

  • Publié le 24 décembre 2022 à 09:15
  • Actualisé le 24 décembre 2022 à 13:59
Gramoune

Dans quelques heures, petits et grands vont réveillonner et célébrer Noël. Une fête particulièrement attendue par les familles. Si les décorations, les grands repas en familles et les cadeaux à profusion sont légion, dann tan lontan, la fête n’était pas aussi commerciale. Noël était une fête presque dénuée de présents mais riche de la présence des parents, de la famille, les zarboutan de la célébration, et de l'aspect religieux. (Photo Gramoune photo RB imazpress )

"Benoît Dijoux nous raconte.  "Té manz sate momon té done anou, 4 kiyèr do ri, 1 kiyèr lo grin.. 3 letchi, ek lo grin letchi papa té fé un toupi, sa mèm té nout kado.. », nous-dit-il. « Nou té 8 dann la kaz, margonye pa sinon ou té manz out ti boyo. Mé nou té kontan, nou té en famille, pa kom koméla, fané a droité a gos" se remémore Benoît. Il se souvent également "té fé pèt lo bann pétar zis lo 1er zanvyé. Té gaspi manzé pa kom mainnan, ou té fini sat té i mèt dan out zasyèt". Il termine « Vive les années 60, Noël té la néssance Jésus, koméla lé komersial"conclut-il."

Toutefois, lorsqu'on lui demande s’il préfère le Noël dann tan lontan, il répond : "non pa vréman, i fo vivi ek son tan, mé mi manz rienk sat moin la gagné fé kui, un ti rougay tomate, un ti frikassé brèd shoushou...". Quant à Davina il lui suffit de trois mots pour résumer la magie de Noël : "la kaz mémé"

- La messe et un petit cadeau -

Pour Yvette 81 ans, Noël c’était avant tout le partage avec ses proches. "Avant Noël était une fête plus religieuse" »", nous dit-elle. "« "On ne faisait pas tous les cadeaux que l'on fait maintenant et on n'allait pas dans les grands magasins comme c'est le cas de nos jours" poursuit-elle.

Elle se remémore avec un peu de nostalgie, ces soirs de Noël où, habillée de sa plus belle robe, elle allait à la messe. « Avant chaque 24 décembre au soir on allait à la messe de Noël avec maman et papa. Maman nous achetait exprès une nouvelle robe" confie Yvette.

La messe, elle y va toujours, mais l’esprit de Noël n’est plus le même, selon elle. "Avant lorsque l'on revenait de l'église on partageait la volaille et on recevait notre petit présent, il n'y avait pas des montagnes de cadeaux comme maintenant" souligne octogénaire.

Pour elle, Noël est devenu une fête commerciale où les cadeaux et les mets sur la table sont présents à profusion. Elle reconnaît qu'elle apprécie malgré tout ces moments passés avec ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants.

- Pas de foie gras ni de langouste -

À l’époque, les repas étaient plus simples. Une volaille, des letchis et le fameux pâté créole. Pas besoin de remplir la table pour passer un bon moment en famille, ni de se ruiner en achetant du foie gras ou du saumon, estiment nos interlocuteurs.

Marie-Thérèse, 75 ans, vit du côté de Sainte-Suzanne. Ce dont elle se souvient, ce sont surtout les odeurs enivrantes des karis. "On cuisinait le cochon au feu de bois, enfin c’est papa qui le faisait" raconte la gramoune. Pour le dessert, pas de bûche, "juste de bons letchis cassés sur le pied et la pâte créole de maman".

De bons plats dégustés en famille et également de la danse. "Que seraient les soirées réunionnaises sans le son du maloya. "Toute la soirée, après le repas, on mettait la musique et on dansait", se souvient Claude, un quinquagénaire.

- Des cadeaux fait maison -

À l’époque, il n'y avait pas non plus d’énormes cadeaux. "À l’époque les cadeaux n’existaient pas" , se souvient Laurent. "Les parents n’avaient pas l’argent pour acheter des jouets du coup on faisait la toupie avec le noyau de letchis ou alors on jouait à la roue" »", raconte-t-il. Pour les non-initiés, la roue est un jeu où l’on fait rouler un pneu usé avec deux bâtons.

"Les enfants se satisfaisaient de petites choses. Ils jouaient aux osselets, un jeu où on lance en l’air des cailloux et que l’on essaie de récupérer au maximum ceux lancés" raconte l'un de nos interlocuteurs. D’autres encore préféraient zoué kanèt. "À l’époque, il n’y avait ni internet, ni écran pour s’amuser. Les enfants jouaient entre eux, de façon réelle, sans être connectés" note une interlocutrice.

Allez, pas trop de nostalgie quand même : Noël reste Noël, un moment où les familles réunionnaises se rassemblent pour partager un bon repas certes, mais aussi leur amour.

Très bon réveillon de Noël à toutes et à tous

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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