La députée de La Réunion Karine Lebon et Max Mathiasin, député de la Guadeloupe, ont déposé le mercredi 12 mars 2025 une proposition de résolution tendant à la création d'une commission d'enquête sur le scandale industriel des airbags défectueux de la marque Takata. (Photo photo Sly/www.imazpress.com)
"Le drame humain que représente ce scandale oblige à une réaction forte de la part des pouvoirs publics. Alors que plusieurs pays ont pris des mesures ambitieuses pour interdire aux constructeurs d'équiper leurs véhicules avec les airbags Takata, la France s'est démarquée par une certaine passivité mettant ainsin en danger les conducteurs et leurs passagers", dénoncent les deux députés.
"Depuis 10 ans, les constructeurs connaissent les risques liés à ces airbags. Il aura fallu attendre plus d'une quinzaine de décès recensés et de nombreux blessés pour que des injonctions soient prises par les autorités obligeant les constructeurs à une réaction a minima", poursuit Karine Lebon.
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- Une action parlementaire pour dénoncer les airbags Takata -
Face au silence qui entoure cette affaire, Karine Lebon et Max Mathiasin ont pris la décision de mener une action parlementaire en créant et réunissant un groupe de travail transpartisan à l'Assemblée nationale et en co-rédigeant une proposition de résolution.
Une résolution demandant "de constituer une commission d’enquête parlementaire visant à analyser les responsabilités des constructeurs dans la lenteur et l’inefficacité de ces rappels, notamment en Outre‑mer, évaluer la gestion de ces rappels constructeurs et déterminer les éventuelles défaillances dans l’information, la coordination et l’encadrement, examiner les freins éventuels, législatifs ou administratifs, empêchant la mise en place de mesures coercitives pour protéger les automobilistes et formuler des recommandations pour garantir l’égalité des citoyens et leur sécurité et améliorer les mécanismes de gestion des rappels en cours".
Rassemblant de nombreux parlementaires ultramarins, dont les territoires sont les plus touchés par les accidents liés aux airbags défectueux Takata, mais également des députés de France hexagonale, "cette proposition doit être soutenue par l'ensemble des groupes parlementaires pour avoir une chance d'être mise à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale", indique la députée.
"Il reviendra à la Conférence des Présidents de l'Assemblée nationale de prendre ces responsabilités le 1er avril prochain et d'accepter d'inscrire ce thème majeur de sécurité publique à l'ordre du jour de la semaine transpartisane du 5 mai 2025."
- Plus de 30.000 véhicules concernés à La Réunion -
À La Réunion, 10% du parc automobile roulant est concerné par la campagne de rappel, soit près de 35.000 véhicules.
Les assureurs demandent de "ne surtout pas conduire les véhicules incriminés".
Si des milliers de véhicules sont concernés dans l'île, les propriétaires sont encore trop peu à s'être manifestés. Depuis décembre, ces véhicules font l’objet d’une campagne de rappel à La Réunion.
Pour rappel, le déclenchement de ces airbags peut entraîner des blessures mortelles lors d'un accident, en particulier lorsqu’il fait chaud et humide. Ces blessures sont provoquées par la projection de fragments métalliques lors de l’éclatement de la cartouche qui devrait normalement permettre le gonflement de l’airbag.
- Au moins deux morts et plusieurs blessés à La Réunion -
Dans la nuit du 30 au 31 janvier 2025, un automobiliste a perdu la vie sur la NRL au niveau de la Grande Chaloupe.après une perte de contrôle lors d'un dépassement.
Le 31 janvier, la Cellule investigation de radio France, apprenait auprès de sources proches de l'enquête que le conducteur présentait des "blessures caractéristiques" d'"explosion d'airbags". Un décès dû à un airbag Takata confirmé à Imaz Press par le parquet de Saint-Denis ce mardi 4 février. La victime conduisait une Honda Jazz de 2003. Ce véhicule faisait l’objet d’un rappel pour airbag dangereux. La procureure Véronique Denizot a également indiqué qu'elle envisageait l'ouverture d'une information judiciaire.
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Le décès de cette personne porte à deux le nombre de victimes à La Réunion des airbags Takata. À La Réunion en 2021, une mère de famille de 39 ans perdait la vie dans un accrochage à la Saline les Bains. Selon plusieurs médias, l'airbag Takata est mis en cause.
Un autre décès pourrait être lié à ces airbags, d'après une enquête France Inter : "Le plus ancien accident identifié remonte à 2016 sur l’île de La Réunion. Le médecin légiste Jean-Marie Berthezène se souvient d’un examen demandé par les gendarmes du Tampon après la mort d’une jeune femme qui roulait à très faible allure", rapportent nos confrères.
Une autre femme réunionnaise a été grièvement blessée par un airbag lors d'un accident pourtant peu violent.
Depuis 2016, jusque-là, au moins 15 personnes ont été tuées par l’airbag de leur voiture en France, dont 14 en Outre-mer.
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