Ce lundi 6 octobre 2025, de nombreux patients risquent de ne pas pouvoir se rendre à leurs rendez-vous ou à leur dialyse. L'intersyndicale des taxis de La Réunion a décidé de laisser les véhicules au parking afin de dénoncer la nouvelle convention de transport sanitaire imposée par l'Union nationale des caisses d'assurance maladie (Uncam). Une décision qui impacte la chaine de soin. Seul moyen selon les chauffeurs qui réclament l'adaptation rapide de la convention aux réalités locales, comme s'y sont engagés en mai 2025, l'État et la CGSS, "de se faire entendre" (Photo www.imazpress.com)
"On va attaquer la chaine de soin et proposer un service strictement minimum et cela sera généralisé sur toute l'île", prévient Grégory Tréport, président de la fédération réunionnaise des artisans taxis.
"Imaginez 521 licences de taxis conventionnés et 120 véhicules sanitaires légers, si vous enlevez les taxis, ils n'arriveront pas à absorber le manque", ajoute-t-il.
- Les chauffeurs de taxis réclament l'adaptation de la convention aux réalités locales -
"Nous n'avons aucun plaisir à faire cela. Nous laissons la main au préfet et aux élus pour qu'ils fassent entendre la voix des taxis et amènent des solutions à cette problématique le plus rapidement possible", interpelle Grégory Tréport.
Les syndicats réclament une réunion avec le directeur de la caisse nationale, Thomas Fatome, pour en discuter de vive-voix avec les décideurs.
Une rencontre qu'il souhaite avant le 8 octobre, date butoir avant la mise en place progressive de la nouvelle convention, puisque selon une note de service l'Uncam, aucune négociation n'est possible avant mars 2026.
"Le 8 octobre, l'intersyndicale des taxis doit signer le protocole d'accord avec la caisse de La Réunion et le 31 octobre, les 481 sociétés de taxis qui représentent les 512 licenciés doivent s'adhérer à une convention que l'on n'accepte pas", lance Grégory Tréport, président de la fédération réunionnaise des artisans taxis (FRAT).
Pourtant, le 20 main 2025, l'intersyndicale des chauffeurs de taxis a obtenu des engagements de la part du préfet et de la CGSS.
- Les conducteurs dénoncent une tarification discriminatoire -
La convention publiée au Journal Officiel le 8 août 2025 accorde un forfait additionnel de 15 euros aux grandes villes (Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, etc.) ainsi qu’aux départements 92, 93 et 94. Mais dans les DROM, dont La Réunion, ce forfait n’est que de 3 euros.
"3 euros c'est du mépris total", s'indigne Grégory Tréport. D'autant que "la caisse de La Réunion a indiqué ne pas avoir été sollicitée pour définir un montant ou proposer une étude".
Pour l'intersyndicale, c'est oublier le coma circulatoire que connait La Réunion, les endroits reculés où vivent certains patients et oublier "que nous avons le plus fort taux de diabète de type 2". "Nous avons deux fois plus de centre de dialyse dans notre département que pour un autre département de l'Hexagone", cite-t-il en exemple.
- Un numérus clausus pour les taxis qui ne passe pas -
Autre point de crispation pour les chauffeurs de taxis, c'est que cette convention "prévoit la mise en place d'un numérus clausus qui conditionne le conventionnement des licences de taxis", explique Grégory Tréport.
La Sécurité sociale "évoquant une commission annuelle qui fera état de la demande pour conventionner des nouveaux taxis". Une aberration, "alors que le nombre de malades augmente".
À l'inverse "et certainement pour faire des économies, on nous impose de faire du transport partagé allant jusqu'à 8 personnes par taxis", s'insurge le président de la fédération réunionnaise des artisans taxis. Un dispositif qui va "rallonger les trajets, les temps d'attente et ce ne sera pas possible alors que les patients n'ont pas de rendez-vous en même temps", peste-t-il.
À La Réunion, le transport sanitaire en taxi représente plus de 500 taxis conventionnés et plus de 85.000 usagers par an, soit près d’un million de courses annuelles.
En France, la prise en charge des trajets des malades coûte 6,8 milliards d’euros à la Sécu, selon le ministère de la Santé.
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