Procès de l’assassinat de Shana : la mineure co-accusée face à la justice à Saint-Pierre

  • Publié le 10 septembre 2025 à 12:51
  • Actualisé le 10 septembre 2025 à 18:21
Procès de l’assassinat de Shana : la mineure co-accusée face à la justice à Saint-Pierre

(Actualisé) Le procès de l’une des deux personnes soupçonnées d’avoir participé à l’assassinat de Shana, 14 ans, débute ce mercredi 10 septembre 2025 devant le tribunal pour enfants de Saint-Pierre. La jeune accusée, aujourd’hui âgée de 16 ans, encourt jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle. L’audience se tient à huis clos et doit durer trois jours. Le verdict est attendu vendredi (Photos : sly/www.imazpress.com)

Ce mercredi 10 septembre 2025 marque le coup d’envoi d’une première étape judiciaire dans une affaire qui a bouleversé La Réunion à l’automne 2023.

Le tribunal judiciaire a ouvert ses portes à 7h30 ce mercredi matin afin de permettre aux journalistes de faire des images de la salle d'audience où vont se dérouler les trois jours de procès. Une salle particulièrement inhospitalière prête à recevoir les familles des parties civiles et des accusés.

L'espace a été divisé en deux parties distinctes chacune étant réservée à ces dernières.

L'audience du tribunal pour enfants statuant en matière criminelle est présidée par madame Lepine, accompagnée par deux assesseurs qui sont des magistrats non professionnels. Au parquet, madame Pantalacci, procureure de la République adjointe, représente les intérêts de la société.

Un dispositif policier de maintien de l'ordre est à pied d'oeuvre que ce soit aux alentours du tribunal mais également dans l'enceinte. Chaque recoin de la salle des pas perdus et des salles adjacentes sont examinées par les forces de l'ordre dont la brigade anticriminalité. 

L'accusée est assise sur un simple banc situé face au parquet et de profil par rapport à la salle.

L'audience a démarré un peu plus tard que prévu, à 8h50, le temps que les parties civiles entrent une à une dans le prétoire ainsi que les familles des accusées.

Une trentaine de personnes vont assister aux débats. Deux psychologues mandatées par l'Arajufa sont présents dans l'enceinte du tribunal. Leurs compétences sont mobilisables à n'importe quel moment pour les parties civiles.

Pour les parties civiles justement, Me Julien Barre représente les intérêts du père de Shana, Me Catherine Moissonnier ceux de la mère de la victime et de son demi-frère et de sa demi-soeur. 

En défense, Me Jean-Jacques Morel plaide pour la jeune accusée avec la bâtonnière Séverine Ferrante. Me Soizic Panefieu accompagne le co-accusé.

À 10h30, première pause après la lecture des faits par la présidente suivie de l'intervention de la directrice d'enquête. Le climat est pesant mais calme.

- Climat tendu - 

Un calme qui a été de courte durée. Les familles de l'accusée et des parties civiles étaient censées ne pas se croiser à l'extérieur du prétoire. Mais sur place les conditions ne sont pas réunies et lors de la première pause, tous les protagonistes se sont retrouvés sur les marches du palais de justice. Très affectée par cette première heure d'audience, la mère de Shana n'a pas pu maitriser sa colère.

S'adressant aux parents de l'accusée : "vous êtes les parents d'un monstre. Moi, ma fille elle ne reviendra jamais" a crié la quinquagénaire alors que ses interlocuteurs pleurant silencieusement se sont abstenus de répondre.

Très vite, le couple est rentré dans la salle d'audience tandis que la mère de Shana, tremblante, a eu du mal à retenir ses nerfs.

L'audience a repris vers 11h avec l'audition de deux témoins successifs, deux jeunes gens, un garçon et une fille, qui sont sortis visiblement meurtris après leur passage à la barre.

L'audience est suspendue à 12h45 et est reprise à 14h dans le calme.

- Une journée éprouvante -

"C'est évidemment une audience particulièrement douloureuse et tout le monde s'associe à la peine extrême de la famille de Shana" a déclaré au cours d'une suspension d'audience, Me Morel. "Cela étant la justice doit passer" a-t-il ajouté.

"C'est un drame absolu. Vous avez une enfant de 15 ans qui est tuée et vous avez une autre enfant de 14 ans qui se trouve aspirée, entrainée dans le crime par l'autre accusé qui sera jugé plus tard" a encore dit le défenseur de la mise en cause.

"Le ressort de ce dossier est extrêmement complexe et le tribunal pendant trois jours va chercher à comprendre. Tout le monde et notamment les parents de cette petite fille ont besoin de la vérité, on leur doit bien ça" a souligné Me Morel. La robe noire ajoute au sujet de sa cliente : "quand on a une enfant autant dans les nuages, autant à côté de la plaque, c'est qu'il y a un problème psychique".

L'après-midi de ce premier jour d'audience a été d'abord consacrée à la prise de parole du père et de la mère de Shana.

Le co-accusé qui a été extrait de la maison d'arrêt de Domenjod où il se trouve en détention provisoire en attendant son procès qui aura lieu en novembre prochain a ensuite été entendu pour donner sa version des faits et répondre aux questions du tribunal et des différents avocats.

Le deux rapports du médecin légiste viennent clôturer cette éprouvante journée.

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- Shana, la victime tombée dans un guet-apens -

Le 16 septembre, le corps de Shana avait été découvert sans vie dans l’ancienne usine sucrière de Pierrefonds, à Saint-Pierre. La veille, l’adolescente avait quitté son domicile après avoir obtenu la permission de passer la nuit chez une amie rencontrée sur les réseaux sociaux. Elle n’avait plus donné de nouvelles par la suite.

L’enquête du Service territorial de police judiciaire avait rapidement permis d’identifier deux mineurs, une fille de 14 ans et un garçon de 16 ans à l’époque. Ils avaient donné rendez-vous à Shana à un arrêt de bus avant de l’attirer vers le site désaffecté. C’est là qu’elle avait été rouée de coups puis laissée pour morte.

Deux procès distincts doivent se tenir. La jeune fille est jugée dès aujourd’hui par le tribunal pour enfants de Saint-Pierre, qui statue en matière criminelle. Son co-accusé, devenu majeur depuis, comparaîtra en novembre 2025 devant la cour d’assises des mineurs et risque la réclusion criminelle à perpétuité.

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is/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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4 Commentaires
Juliano 974
Juliano 974
1 mois

Je tiens à exprimer mon profond dégoût et ma colère face à ce drame.
Notre société est devenue trop laxiste, par peur d’être ferme, trop souvent complaisante face à des faits d’une gravité extrême. On préfère fermer les yeux, se taire, attendre que la tempête passe. C’est le schéma des quatre singes : ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire, ne rien faire.

Mais pendant ce temps, des vies s’éteignent.
Shaïna en est la tragique illustration. Cet ange est parti beaucoup trop tôt.

J’adresse toute ma compassion et mon soutien à ses parents, plongés dans une douleur inimaginable.
Il est urgent que la société retrouve du courage, de la responsabilité, et que la justice soit à la hauteur de ces crimes.

Assez de lâcheté.

Perry Mason
Perry Mason
1 mois

Tout mon soutien au papa de Shaïna. La justice ne doit pas se louper. Nombre de nos jeunes sont devenus totalement abjects.

MARIMAR
MARIMAR
1 mois

C'est malheureux mais tout à fait exact, les jeunes n'ont plus aucune limite.
Le drame c'est quand les lois ont dépossédé les éducateurs et en premier lieu les parents de toute autorité et les réseaux sociaux n'aident pas !
Sans rétablissement de l'ordre normal des choses ce sera très compliqué et si les peines ne sont pas à la hauteur du crime commis il est fort à craindre que cette jeune fille ne soit pas la dernière victime.
Ne nous voilons cependant pas la face, les parents sont de plus en plus laxistes, on fait des enfants pour le plaisir d'en faire et pour les allocations et on se laisse facilement dépasser. Les valeurs morales sont jetées aux oubliettes.
Pauvre monde !

Alain
Alain
1 mois

En son temps Platon disait la même chose....