Ce week-end du 5 et 6 juillet 2025, trois accidents mortels se sont produits. Ils impliquaient tous des conducteurs sous l'effet de l'alcool ou de stupéfiants. Malgré les campagnes de préventions, les rappels à la loi et les condamnations, certains automobilistes continuent de prendre le volant après avoir bu. Cela sans prendre en compte les risques énormes auxquels ils s'exposent et qu'ils font courir aux autres usagers. Seule une suspension de permis peut parfois mettre un terme à ces comportements... ou pas (Photo : rb/www.imazpress.com)
Christopher a 41 ans. Un lundi matin de septembre 2024, ce professionnel dans le BTP est contrôlé positif à l'alcool par les forces de l'ordre, à 500 mètres de chez lui. Son permis lui est automatiquement retiré pour une durée de 10 mois.
Contraint de s'entretenir auprès d'un expert à l'examen psychotechnique auprès de la préfecture, l'homme, multirécidiviste, ne prend pas la mesure que conduire sous alcool, est un risque pour sa vie et celle des autres.
"Je sais boire, je sais gérer ma chose. En 20 ans, je n'ai jamais eu d'accidents. Après, ce contrôle c'est la faute à pas de chance", confie-t-il à Imaz Press. Il ajoute : "je me dis que je ne suis pas trop loin et parfois j'ai même fait un long trajet avec zéro tracas".
- Seul déclic pour l'automobiliste, ne plus avoir de permis -
Seul déclic pour cet homme, suivi dans des services d'addictologie pour sevrage alors qu'il buvait tous les jours, le fait quand "pas de permis, pas de travail".
"Ce qui m'a fait prendre conscience de ne plus avoir envie de boire et conduire c'est l'administratif. Sans permis depuis septembre, je ne peux plus travailler", témoigne-t-il. "Je n'ai pas non plus envie de faire un tour à Domenjod", ajoute Christopher.
"À aucun moment, après avoir échangé avec l'expert sur les deux accidents, je me suis dit c'est la faute à l'alcool".
Il a pourtant bien conscience des risques car il n'a jamais conduit après avoir bu, si des enfants étaient à bord.
- Des conducteurs sous effets, souvent inconscients des risques -
Des profils comme celui de Christopher, Bélall Rojoa en voit passer chaque jour dans le service addictologie du CHU Nord. Psychologue mais également expert à l'examen psychotechnique il évoque plusieurs profils de conducteurs sous emprise.
Il y a celui qui prend des risques et le sait. Celui qui, comme Christopher, pense qu'en étant pas loin ça va passer et ceux qui méconnaissent totalement l'influence des produits.
"Il y a des personnes qui méconnaissent les effets que peut avoir l'alcool et se sentant bien, vont prendre la voiture", indique Bélall Rojoa.
D'autres, "sous l'effet de produits alcoolisant et stupéfiants vont avoir un effet classique d'euphorie, se sentir tout-puissant et prendre le volant", explique le professionnel.
Le plus gros souci vient avec ceux qui "banalisent, sous-estiment le risque. Ils vont faire des pique-niques le dimanche en famille, rentrent chez eux, se disent qu'avec un bon dodo ça va enlever les effets de l'alcool, reprennent le volant et s'avèrent être positifs".
Ou se disant "qu'ils n'habitent pas loin, espèreront ne croiser personne sur la route".
Ce qui est "intéressant toutefois, c'est que ces entretiens restent positifs car dans 8°% des cas, les personnes récupèrent leur permis bien plus tard, le temps de stabiliser leur rapport à l'alcool car ils ont compris qu'ils pouvaient tuer et causer des problèmes".
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- Des failles dans les politiques publiques -
Selon l'expert, les politiques publiques peuvent encore mieux faire. "C'est dommage que la loi obligeant les éthylotests jetables dans la voiture ne soit pas passée sous l'ère de François Hollande", dit-il.
"Il faudrait l'imposer ou alors ou dire aux responsables des établissements où l'on peut consommer, d'offrir un éthylotest au-delà de deux verres", préconise Bélall Rojoa, "de sorte de responsabiliser les automobilistes".
Dans le cas de conducteurs récidivistes, "antisystèmes il faudrait mettre en place une obligation de soins", dit-il car "les stages de sensibilisation à la sécurité routière restent parfois seulement un rappel des règles".
Autre moyen de créer peut-être le déclic chez les personnes arrêtées pour conduites addictives, serait de les confronter à des victimes d'accidents de la route, souvent polytraumatisées. Si ces rencontres existent dans l'Hexagone, à La Réunion, "il y a la mise en place la justice restaurative", explique le procureur de Saint-Pierre, Olivier Clémençon. "Projet commun entre Saint-Denis et Saint-Pierre en phase d’expérimentation", dit-il. Toutefois, le parquet n'exclut pas à l'avenir "d'explorer cette piste avec notre partenaire qui gère les stages".
La justice restaurative (JR) est un modèle de justice complémentaire du procès pénal, qui consiste à restaurer le lien social endommagé par l’infraction, à travers la mise en œuvre de différentes mesures associant la victime, l’auteur et la société. Cela peut donner lieu à des rencontres directes auteur/victime, des rencontres indirectes auteur/victime ou des groupes de soutien.
Pour le Docteur Mété, chef du service d'addictologie du CHU Nord, "mettre en place ce genre de dispositif serait une bonne sensibilisation, associé à l'obligation de travaux d'intérêts généraux en milieu hospitalier.
"L'addiction est un phénomène beaucoup plus complexe", ajoute Bélall Rojoa. "Il existe un rapport addictif, mais également une problématique comportementale (comportements à risques) et cognitive (évaluation des risques et stratégies adaptées face à la situation). Sans oublier les émotions, qui restent également un facteur modérateur. C'est pourquoi la prévention et les campagnes d'information adaptées sont essentielles", précise-t-il//
- Trois dĂ©cès en trois jours -Â
Depuis début juillet, trois décès ont eu lieu suite à des conduites sous alcool et sous stupéfiants, "ce qui prouve l’intérêt de continuer les actions de prévention et de répression", indique la préfecture.
Dans la nuit du vendredi 4 juillet 2025, vers 00h30, un cycliste a perdu la vie sur la quatre voies de La Possession (à hauteur de la station-service). La route a dû être fermée dans le sens sud-nord.
Le soir du vendredi 4 juillet 2025, un motard est dĂ©cĂ©dĂ© vers 17h45 sur la RN2 en direction du Nord. La violence du choc avec un vĂ©hicule aurait Ă©tĂ© telle que le jeune homme de 27 ans a Ă©tĂ© tuĂ© sur le coup.Â
Un peu plus de 24 heures plus tard,  un dĂ©panneur - patron du garage Dubard Ă Saint-Leu - a Ă©tĂ© tuĂ© dans un accident qui s'est produit sur la route des Tamarins le dimanche 6 juillet 2025 vers 21h10. L'homme intervenait sur la bande d'arrĂŞt d'urgence pour remorquer un vĂ©hicule en panne lorsqu’il a Ă©tĂ© heurtĂ© par une voiture. Ce mardi 8 juillet 2025, le conducteur a Ă©tĂ© mis en examen et placĂ© en dĂ©tention provisoire.Â
Un autre accident, non mortel a eu lieu dans la nuit de ce dimanche à lundi 7 juillet 2025, un accident a eu lieu sur la RN1 à Saint-Paul au niveau de la route Digue. Une Renault roulait à faible allure sur la nationale 1 à Saint-Paul lorsqu'elle a été percutée par l'arrière. Le conducteur de la voiture mis en cause - une 206 - est éjecté par la force de la collision. Le conducteur de la Clio a été placé en garde à vue. Il roulait sous l'empire de l'alcool.
Ce mercredi 9 juillet, une opération d’ampleur a été menée à Saint-Paul, mobilisant une trentaine de gendarmes pour contrôler l’ensemble des véhicules circulant dans le sens ouest/nord. "Ce type de contrôles sera renouvelé", assure la préfecture. L’objectif est double : "sanctionner les comportements dangereux, mais aussi sensibiliser les conducteurs", ajoutent les services de l'État.
Plus de 70 contrôles spécifiques sont d’ailleurs prévus dans les prochains jours, pour détecter et réprimer la conduite sous l’emprise de l’alcool ou de stupéfiants. Plus de 500 ont déjà été menés depuis le début de l’année à La Réunion.
- 250 décès par an liés directement à l’alcool à La Réunion -
16 verres en moyenne par jour à La Réunion.... Voilà ce qu'il ressort ce vendredi 27 juin 2025, du bilan de l'enquête ACMA974 présentée par l'Agence régionale de santé (ARS). Il y a moins de buveurs réguliers mais 10 % des buveurs consomment 69 % des quantités d’alcool bues dans l'île.
À La Réunion, "on estime à 250 le nombre de décès par an liés directement à l’alcool (cause directe) et plus de 450 décès au moins en partie imputables à l’alcool", indique l'Agence régionale de santé (ARS). "Un quart des accidents mortels sur les routes de La Réunion en 2024 sont liés directement à l’alcool", indique la préfecture.
Pour les personnes ayant une forte dĂ©pendance Ă l’alcool, il est conseillĂ© d’en parler Ă son mĂ©decin et d’aller consulter des professionnels spĂ©cialisĂ©s en addictologie : CSAPA (centre de soins ambulatoires en addictologie) ou services d’addictologie des Ă©tablissements de santĂ©.Â
La direction d'Addictions France Réunion accueille les personnes sur son centre de prévention et de formation sur les addictions, ainsi que sur ses centres de soins en addictologie repartis sur l’ensemble de l’île. Toute personne peut se faire accompagner de manière anonyme et totalement gratuite. Renseignements à la direction d’Addictions France au : 02 62 30 22 93 ou sur le site de l’association nationale : https://addictions-france.org/
Pour faire le point sur sa consommation d’alcool, s’informer ou être aidé, RDV sur le site "Alcool-info-service".
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ma.m/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

"C'est dommage que la loi obligeant les éthylotests jetables dans la voiture ne soit pas passée sous l'ère de François Hollande", dit-il.
Mais qu'est-ce qu'en ont à faire ceux, moi le premier, qui ne prennent jamais le volant après une seule goutte d'alcool ?
"Il faudrait l'imposer ou alors dire aux responsables des établissements où l'on peut consommer, d'offrir un éthylotest au-delà de deux verres"
Là , par contre, l'idée est excellente ! Beaucoup découvriraient la réalité et ne conduiraient pas. De plus, aucun alcoolisé ne pourrait dire ensuite : "Je ne savais pas".
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