Blanchiment d’argent : peines très alourdies requises en appel contre deux mules interpellées à La Réunion

  • Publié le 19 décembre 2025 à 08:08
euros

La cour d’appel de Saint-Denis a examiné ce jeudi 18 décembre 2025, deux des premiers dossiers de transport de fonds dissimulés, impliquant de jeunes femmes venues à La Réunion sous couvert de tourisme. Dans ces deux affaires, le parquet général a requis un net durcissement des peines prononcées en première instance, estimant que les prévenues ne sont pas de simples mules occasionnelles mais des rouages actifs de réseaux structurés (Photo photo d'illustration RB imazpress )

Doriane L., 24 ans, originaire de Corbeil-Essonnes, comparaissait en appel après sa condamnation en première instance par le tribunal correctionnel de Saint-Denis, le 22 septembre 2025. En août 2025, les douaniers avaient saisi sur elle  euros en espèces, dissimulés sous cellophane et enroulés autour de son abdomen.

La jeune femme avait été condamnée à deux ans de prison et à une amende douanière équivalente au montant saisi. Une peine jugée insuffisante par le parquet, qui a interjeté appel.

À la barre, Doriane L. affirme qu’il s’agissait de la première fois qu’elle transportait de l’argent, évoquant trois voyages à La Réunion pour des vacances. Elle met en cause une certaine « Sarah », rencontrée en métropole, qui l’aurait recrutée, lui avançant 1 000 euros pour acheter son billet et lui promettant 750 euros de rémunération. En réalité, elle était accompagnée et surveillée par une autre femme, Anissa, porteuse de 3 000 euros.

Elle décrit des méthodes clandestines : conduite les yeux bandés à Saint-Denis, remise des billets sous cellophane, consigne de les dissimuler sur son corps. Elle reconnaît n’avoir « jamais voulu savoir l’origine de l’argent ».

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- Des incohérences relevées par la cour -

Les magistrats relèvent de nombreuses zones d’ombre. En tout, quatre voyages ont été recensés, dont trois très rapprochés en 2023, parfois pour des séjours de deux à trois jours seulement. « Des vacances aussi courtes interrogent », souligne le président, face au silence de la prévenue qui n'accepte de répondre à aucune question génante.

Les billets d’avion aller étaient systématiquement achetés en métropole, les retours depuis La Réunion. Le parquet démonte l’argument touristique : en six semaines, trois voyages de deux jours pour un coût global incompatible avec les ressources déclarées.

Autre élément troublant : le premier billet d’avion a été réglé avec une carte bancaire apparaissant dans un dossier majeur de stupéfiants, celui de Yannis Bley, dont le jugement est attendu prochainement. Une version selon laquelle le billet aurait été payé par sa mère est contredite à l’audience.

Le casier judiciaire de Doriane L. n’est pas vierge : condamnations pour rébellion, conduite sans permis, puis en CRPC pour trafic de stupéfiants à Paris, avec la complicité de sa sœur. Elle fréquente des délinquants notoires et a déjà été contrôlée à leurs côtés.

Pour l’avocate générale Emmanuelle Barre, « ce n’est pas une petite mule victime ». Elle requiert six ans de prison, une interdiction de séjourner à La Réunion pendant cinq ans et une amende douanière de 83 740 euros. « C’est une menteuse patentée, loyale envers le réseau pour lequel elle travaille depuis 2023 », tranche le ministère public.

En défense, Me Sébastien Navarro plaide une peine proportionnée, en comparant avec les sanctions actuellement prononcées dans des dossiers similaires.

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- 172.000 euros pour une seconde prévenue -

Dans la foulée, la cour examine le dossier de Tene F., 25 ans, interpellée en juillet 2025 avec 172 000 euros dissimulés sur son corps. Jugée en comparution immédiate en septembre dernier, elle avait été condamnée elle aussi à deux ans de prison et à une amende douanière de 60.000 euros. Là encore, le parquet a fait appel sur la peine.

La jeune femme affirme qu’il s’agissait de son premier déplacement à La Réunion. Son billet d’avion, acheté la veille du départ en espèces, son séjour de trois nuits à l’hôtel payé en liquide et l’achat immédiat du billet retour interpellent les enquêteurs. Le coût total du voyage s’élève à 2 314 euros, alors qu’elle se déclare sans revenus et que ses comptes bancaires sont déficitaires.

Une perquisition à son domicile permet la découverte de plus de 2 000 euros en espèces dans un coffre retrouvé dans sa chambre à coucher, somme qu’elle attribue à sa mère. Elle évoque un séjour sur l'île « pour se détendre », avant d’accepter de transporter de l’argent à la demande d’un Réunionnais loueur de voitures. Là encore, elle décrit une remise des fonds les yeux bandés, l’argent étant scotché sur son corps.

Tene F. refuse également de livrer le code de son téléphone, invoquant la présence de photos de proches. En première instance, elle avait toutefois donné le nom du commanditaire, contacté via Snapchat. Sans emploi depuis août 2024, elle se présente comme étrangère au milieu délinquant.

Cette fois encore, le ministère public aggrave la peine et requiert cinq ans de prison. Aucune interdiction de séjour ni amende complémentaire n’est demandée, ces points n’ayant pas fait l’objet de l’appel.

Les deux affaires ont été mises en délibéré au 15 janvier 2026.

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2 Commentaires
Damien
Damien
12 heures

Sa y vé dir ke nana largen La Rénion pou konsomé tout sèt merd !

974
974
17 heures

Torche a zot 10 ans de prison.
Va calmer zot ardeur de malfrat et du tueur de jeunes