Tribunal de Saint-Pierre : la mineure co-accusée dans l'assassinat présumé de Shana a donné sa version des faits

  • Publié le 11 septembre 2025 à 15:48
  • Actualisé le 11 septembre 2025 à 18:32
Procès de l’assassinat de Shana : la mineure co-accusée face à la justice à Saint-Pierre

(Actualisé) La deuxième journée du procès de l’adolescente soupçonnée d’avoir participé avec son compagnon à l’assassinat de Shana, 14 ans, se tient ce jeudi 11 septembre 2025 devant le tribunal pour enfants de Saint-Pierre. Le second mis en cause sera quant à lui jugé en novembre devant la cour d'assises des mineurs. Dans la matinée, la mineure co-accusée a donné sa version des faits. Ces deux premières journées de débats ont été particulièrement éprouvantes. Très affectée, la famille de la jeune victime n'a pas caché sa colère à l'encontre des parents de l'accusée (Photo sly/www.imazpress.com)

Statuant en matière criminelle, le tribunal pour enfants est présidé par la juge Lepine pendant trois jours, accompagnée par deux assesseurs non professionnels. Au parquet, madame Pantalacci, procureure de la République adjointe, représente les intérêts de la société.

Pour ce procès qui se tient à huis clos compte tenu de la minorité de l'adolescente mise en cause, un  dispositif policier de maintien de l'ordre a été mis en place aux alentours du tribunal mais également dans l'enceinte.

 - Deuxième journée d'audience : la parole est à l'accusée -

Ce jeudi 11 septembre 2025, la matinée d'audience est consacrée à l'audition de l'accusée. Celle-ci a pu donner sa version des faits et répondre ensuite aux questions de la représentante de la société, des avocats de la partie civile et enfin de ses conseils. Juste avant son passage à la barre, l'intéressée ainsi que les personnes autorisées à assister au procès ont assisté à la reconstitution des faits mortels en 3D.

Les parents de l'accusée sont sortis du prétoire très affectés par les deux heures qui viennent de s'écouler. 

La fin de la matinée est consacrée au rapport du psychologue qui a examiné la jeune fille. Les résultats de l'expertise et les explications d'un professionnel pourraient apporter des éléments de lecture aux gestes mortels présumés commis par la mise en cause.

Dans l'après-midi, les débats tournent toujours autour du profil de l'accusée. Plusieurs éducateurs ayant suivi la jeune fille, tant en métropole qu'au centre d'éducation fermé où elle réside, qu'à la Réunion pendant sa première année de détention au centre pénitentiaire de Domenjod où elle se trouvait à l'isolement. Rien des propos qui ont été tenus ne peuvent être rapportés par la presse du fait de la minorité de l'accusée. 

 - De longues heures de débats et la fatigue qui s'installe -

Un moment encore très douloureux pour la famille de la victime que d'écouter pendant de longues heures des débats consacrés à celle qui est jugée pour avoir tué leur fille. Et notamment pour la mère de Shana qui, comme hier, n'a pas caché sa rancoeur à l'égard de la famille de la mise en cause qui, elle aussi, a été appelée à la barre pour témoigner.

Autour de la mère de Shana, les proches sont en soutien même si leur sentiment d'impuissance est vraisemblablement immense. 

La salle des pas perdus est toujours sous haute surveillance tout comme le prétoire dans lequel stationnent trois policiers de la brigade anticriminalité. Des officiers accompagnent désormais la mère et le père de l'accusée lors de leur déplacement dans les couloirs du tribunal où d'autres audiences se déroulent comme à l'accoutumée. 

La fatigue commence à se faire ressentir de chaque côté de la barre. Avocats, famille et proches sortent de la salle d'audience le visage marqué par les longues heures de débat. 

 - Lors de son interrogatoire, l'accusée s'effondre - 

Interrogée sur le déroulé de la journée, l'avocate de la mise en cause, la bâtonnière, Me Séverine Ferrante, confie que sa cliente "s'est effondrée" lors de son interrogatoire du matin sur les faits même si la robe noire n'oublie pas à quel point la famille de la victime "subit" les débats.

"Cela accentue la douleur des proches de Shana d'écouter qui est l'accusée, qui elle était et surtout qui elle sera" reconnait l'avocate. Un huis clos pesant où l'émotion est palpable à chaque instant selon la robe noire "et où chaque mot peut accentuer la douleur qui existe déjà".

Concnernant les parents de l'accusée, "ils ne veulent pas être perçus comme des victimes et pour autant ce sont des parents qui ont vu leur monde s'effondrer. Leur fille est décrite comme quelqu'un d'agréable, de souriant, une bonne élève qui ne posait aucune difficulté. Et un jour la police débarque et vous apprenez que votre enfant a pu commettre des faits sordides. Ils essaient de se faire tout petit car ils se sentent forcément responsables" poursuit le conseil.

Côté partie civile, Me Julien Barre décrit "une journée longue et éprouvante mais dont on ne peut rien raconter". Beaucoup de colère de la part de la dfamille de Shana qui entend aujourd'hui parler uniquement de l'accusée.

 - L'accusée placée en foyer en contact régulier avec sa famille, élément insupportable -

Un élément que confirme Me Catherine Moissonnier. "On parle de la vie de l'accusée, de son passé, du fait qu'elle a été en prison pendant un an et qu'après elle a été placée en foyer en métropole". Un placement sous contrôle judiciaire de la mise en cause qui lui permet d'appeler tous les jours ses parents et aussi de les voir lorsqu'ils lui rendent visite, ce que la loi autorise. Une situation qui a littéralement révolté la mère de Shana qui n'a pas manqué de crier son incompréhension dans la salle des pas perdus comparant le centre éducatif en milieu ouvert où séjourne la meurtrière présumée de sa fille à "un centre de vacances". 

Le procureur de la République, Olivier Clémencon accompagné du président tribunal judiciaire de Saint-Pierre sont intervenus auprès des avocats parties prenantes au procès afin qu'ils raisonnent leurs clients et que les débats se poursuivent dans un climat moins tendu.

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- "C'est un drame absolu" -

"C'est évidemment une audience douloureuse et tout le monde s'associe à la peine extrême de la famille de Shana" a déclaré Me Morel, un des avocats de la jeune accusée, au cours d'une suspension d'audience lors de la première journée des débats 

"C'est un drame absolu. Vous avez une enfant de 15 ans qui est tuée et vous avez une autre enfant de 14 ans qui se trouve aspirée, entraînée dans le crime par l'autre accusé qui sera jugé plus tard" a ajouté le conseil de la mise en cause.

"Le ressort de ce dossier est particulièrement complexe et le tribunal pendant trois jours va chercher à comprendre. Tout le monde, et notamment les parents de cette jeune fille, ont besoin de la vérité, on leur doit bien ça" a souligné la robe noire.

Interrogés à l'issue de la première journée d'audience, les avocats des parties civiles, - le père et la mère de Shana ainsi que son demi-frère et sa demi-soeur - ont insisté sur l'épreuve que constitue ce procès hors normes.

"C'était une journée très difficile, très lourde en émotion" a mentionné Me Catherine Moissonnier qui a insisté sur les ressentis des parents de Shana. "Ils voudraient que leur fille soit là, qu'elle soit vivante et qu'elle soit auprès d'eux" a conclu la robe noire accompagnée de Me Julien Barre.

- De la colère et du chagrin -

La tension est montée plusieurs fois lors des suspensions d'audience de la première journée du procès. 

Les familles de l'accusée et des parties civiles étaient censées ne pas se croiser à l'extérieur du prétoire. Mais sur place les conditions ne sont pas réunies et lors de la première pause, tous les protagonistes se sont retrouvés sur les marches du palais de justice. Très affectée par la première heure d'audience, la mère de Shana n'a pas pu maîtriser sa colère.

S'adressant aux parents de l'accusée : "vous êtes les parents d'un monstre. Moi, ma fille elle ne reviendra jamais" a crié la quinquagénaire alors que ses interlocuteurs pleurant silencieusement se sont abstenus de répondre.

Très vite, le couple est rentré dans la salle d'audience tandis que la mère de Shana, tremblante, a eu du mal à retenir sa colère.

Au cours de cette première journée d'audience, le père et la mère de Shana ont été entendus à la barre du tribunal. 

Le co-accusé, extrait de la maison d'arrêt de Domenjod où il se trouve en détention provisoire en attendant son procès qui aura lieu en novembre prochain, a lui aussi été entendu pour donner sa version des faits. Il a aussi répondu aux questions du tribunal et des différents avocats.

Les deux rapports du médecin légiste ont clôturé la première journée.

- Shana, 15 ans, tuée dans un guet-apens -

Le 16 septembre, le corps de Shana avait été découvert sans vie dans l’ancienne usine sucrière de Pierrefonds, à Saint-Pierre. La veille, l’adolescente avait quitté son domicile après avoir obtenu la permission de passer la nuit chez une amie rencontrée sur les réseaux sociaux. Elle n’avait plus donné de nouvelles par la suite.

L’enquête du Service territorial de police judiciaire avait rapidement permis d’identifier deux mineurs, une fille de 14 ans et un garçon de 16 ans à l’époque. Ils avaient donné rendez-vous à Shana à un arrêt de bus avant de l’attirer vers le site désaffecté. C’est là qu’elle avait été rouée de coups puis laissée pour morte.

Deux procès distincts doivent se tenir. La jeune fille est jugée dès aujourd’hui par le tribunal pour enfants de Saint-Pierre, qui statue en matière criminelle. Son co-accusé, devenu majeur depuis, comparaîtra en novembre 2025 devant la cour d’assises des mineurs et risque la réclusion criminelle à perpétuité.

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is/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
achtung
achtung
3 semaines

" après avoir obtenu la permission de passer la nuit chez une amie rencontrée sur les réseaux sociaux. " ; comme c'est judicieux de laisser partir sa fille ainsi.

Volcan
Volcan
3 semaines

Arrêtez vos jugements inutiles, en tant que parents nous avons tous été confronté à des décisions de laisser sortir ou pas, de faire confiance ou pas. C'est jamais simple. Comment les parents auraient t'ils pu imaginer un tel scénario ? C'est facile de critiquer, ils doivent avoir tellement de peine... on voit ça que dans des films d'horreurs.

Moun
Moun
3 semaines

Triste...