Le drapeau rouge des maîtres-nageurs-sauveteurs des plages de l'ouest est hissé depuis ce mercredi 10 novembre 2025, après la découverte de cadavres de poissons du lagon. Les fortes chaleurs, conjuguées au fait que la marée était basse pourraient être la cause de cette mortalité. Toutefois, la piste d'une éventuelle pollution n'est pas écartée. Des analyses réalisées par l'Agence régionale de santé sont en cours (Photos : rb/www.imazpress.com)
Le secteur où les poissons ont été retrouvés morts est vaste. Cela va de la ravine Trois-Bassins à la plage des Brisants. Regardez.
- La thèse des fortes chaleurs privilégiée face aux décès des poissons -
"À ce stade, ce que l'on imagine comme hypothèse, ce sont les fortes températures (entre 29 et 32 degrés sur le littoral selon Météo France) et 27 degrés dans l'eau, et une marée basse", explique Isabelle Jurquet, directrice de la Réserve naturelle marine.
(Photo : Réserve marine)
Elle ajoute "tous ces facteurs peuvent occasionner un taux d'oxygène dans l'eau faible et forcément pas favorable pour les poissons".
(Photo : Réserve marine)
Il s'agit là "d'un phénomène qui revient régulièrement lors des périodes de fortes chaleurs" mais inquiétant alors que "le récif corallien est déjà bien stressé et que ce genre de situation ne simplifie pas la survie des coraux et des poissons".
(Photo : Réserve marine)
À l'Office de l'eau, "il peut y avoir une fluctuation saisonnière entre une saison d'hiver plus froide et un été plus chaud", explique Karoline Ruffié.
Toutefois, "difficile d'établir un lien de cause à effet car nous n'avons pas encore assez de recul pour mettre en évidence le réchauffement climatique dans", dit-elle.
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- Un réchauffement qui s'accentue et des craintes pour l'avenir -
Ce phénomène "reste inquiétant dans un contexte de changement climatique car l'on peut supposer qu'il y aura souvent des épisodes de fortes chaleurs", craint Isabelle Jurquet.
À La Réunion, plusieurs espèces de poissons du lagon sont en danger d'extinction. Ils sont tous notifiés dans la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature.
(Photo : Réserve marine)
Pour exemple, "le poisson clown de Maurice est vulnérable, le mérou patate est en danger critique d'extinction", cite Isabelle Jurquet. L’analyse montre que 12 espèces de mérous sont menacées à La Réunion, dont la moitié sont “En danger critique”.
Certains poissons naturellement rares mais emblématiques, comme le Napoléon est classé “En danger critique”.
L’état des lieux montre que 36 espèces sont menacées et 23 autres quasi menacées.
- Réchauffement et blanchissement des coraux bouleverse les habitats récifaux -
Le changement climatique à l’origine du blanchissement des coraux vient également bouleverser les habitats récifaux.
Des poissons inféodés au corail vivant, tels que les poissons- papillons, généralement indicateurs du bon état de santé des récifs coralliens, sont impactés.
"Leur résilience est de plus en plus faible face à ces agressions", constate la Réserve, qui souligne le rôle crucial du récif corallien comme barrière naturelle contre l’érosion et la force des houles cycloniques.
Le récif corallien joue un rôle clé dans la protection du littoral réunionnais. Véritable "brise-lames", il atténue l’impact des vagues et réduit ainsi les risques d’érosion côtière. "Si le récif meurt, c’est toute la barrière anticyclone de l’île qui disparaît", alertait Marine Calmet, fondatrice de l’ONG Wild Legal.
Les coraux, qui construisent cette barrière en continu, sont essentiels à l’équilibre des plages et des écosystèmes marins. Dans une vidéo, la Réserve marine explique l'importance des bassins versants. Regardez.
"Si les coraux disparaissent, la barrière cessera de se régénérer et finira par être détruite par la houle", explique la Réserve Marine. À terme, l’érosion du littoral pourrait s’accélérer, entraînant la disparition de plages et une exposition accrue aux tempêtes.
- Comment sauver nos poissons et nos coraux ?
Pour lutter contre ce réchauffement climatique et empêcher une mortalité abondante dans le lagon de La Réunion, "il suffit d'adopter les bons comportements", précise la Réserve naturelle marine.
À commencer par arrêter de marcher sur le corail, ne pas le ramasser, "des règles de bon sens", mais pas forcément respectée, surtout lors des marées basses et des périodes de forte affluence comme en été.
Selon Isabelle Jurquet, il faudrait également "voir l'aménagement des bassins versants, améliorer la perméabilité des sols pour ne pas que les eaux qui s'écoulent en amont, n'aillent dans le lagon".
À l'échelle régionale et nationale, le programme Natur'adapt, financé par l'Europe, réfléchit justement à évaluer l'impact du changement climatique sur les aires protégées.
Outre le lagon, le Parc national développe se projet pour "prendre en compte le changement climatique et regarder les différents objets de gestion pour anticiper", explique Jean-Philippe Delorme, directeur du Parc national. Un plan de gestion "que l'on veut arriver à construire fin 2026".
- Baignade et activités nautiques interdites sur le littoral ouest -
Face à cette mortalité soudaine des poissons, la ville de Saint-Paul a engagé une procédure de vérification et alerté l’ensemble des autorités compétentes : l'ARS, la préfecture et la réserve aturelle marine.
"Les restes de poissons en décomposition peuvent occasionner des risques sanitaires. Il ne faut pas les toucher ou les ramasser. Il faut les laisser là où ils sont et les signaler aux MNS", recommande la Réserve marine.
Dans l’attente des résultats des analyses, et par principe de précaution, la ville de Saint-Paul a décidé d’interdire temporairement la baignade, les activités nautiques et tout accès à la mer sur l’ensemble du lagon de la zone balnéaire, dans le périmètre concerné.
Cette mesure restera en vigueur jusqu’à nouvel ordre, le temps d’obtenir les conclusions des analyses garantissant un retour en toute sécurité pour les usagers.
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