Sécurité et préservation : comment les musées réunionnais protègent leurs trésors face aux risques

  • Publié le 5 novembre 2025 à 08:50
  • Actualisé le 5 novembre 2025 à 08:52
Musée

Après le spectaculaire vol de bijoux de la Couronne au musée du Louvre, la question de la sécurité dans les musées se pose à tous les niveaux. À La Réunion, si aucune oeuvre d'une telle valeur marchande n'est conservée, les collections locales n'en demeurent pas moins inestimables pour l'histoire et la mémoire de l'île. Entre vigilance accrue et conservation préventive, les responsables d'établissements culturels locaux rappellent que la sécurité du patrimoine est une mission quotidienne. (Photo rb/www.imazpress.com)

19 octobre 2025. 9H30. Paris. Au pied du Musée du Louvre, plusieurs hommes s'activent à proximité d'un camion-élévateur, sur le quai Mittérand. En 8 minutes, le commando armé de disqueuses s'introduit dans la galerie Apollon et dérobe plusieurs bijoux de la Couronne française, pour un butin estimé à 88 millions d'euros, avant de repartir à bord de deux scooters conduits par des complices. Un casse digne d'un film qui, bien qu'à des milliers de kilomètres, interroge les responsables culturels réunionnais. 

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"La sécurité est un sujet de préoccupation pour tous les musées, peu importe où ils se trouvent", souligne Jacky Courtois, directeur par intérim du Musée Léon Dierx à Saint-Denis. "Le but d'un musée est de conserver des biens précieux et rares, de les présenter au public et de les transmettre aux générations futures. Ces biens ont une valeur historique, artistique, symbolique ou numéraire. La sécurité est donc une responsabilité".

- Des oeuvres inestimables -

Même son de cloche du côté de la SPL Réunion des Musées Régionaux, qui gère notamment le Musée Stella Matutiona, le Musée Des Arts Décoratifs de l’Océan Indien (MADOI) et la Cité du Volcan, sa directrice générale, Emmanuelle Thuong-Hime, reconnaît que le vol survenu au Louvre "interpelle tout le monde, tant par son caractère spectaculaire que par la portée symbolique des objets dérobés". Elle précise : "Tout comme à l’échelle nationale, la sécurité est une question importante pour nous, tant celle des visiteurs que celle des biens".

Si les musées réunionnais ne recèlent pas de diamants ou de couronnes impériales, leurs collections n'en demeurent pas moins précieuses. "La valeur d'une oeuvre n'est pas seulement pécuniaire, elle peut être historique ou symbolique", rappelle Jacky Courtois. "Une peinture, une sculpture, un manuscrit ou une photographie peuvent n’avoir aucun prix sur le marché de l’art, mais représenter un pan essentiel de notre mémoire collective". 

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Certaines œuvres, notamment sur papier ou textiles, nécessitent des précautions extrêmes : "L’éclairage ne doit pas dépasser 50 lux, et leur exposition ne peut durer plus de trois mois avant un retour en boîte de conservation pour cinq ans", explique le directeur du Musée Léon Dierx.

- Des protocoles de sécurités bien rodés -

Sans entrer dans les détails pour des raisons de confidentialité, les musées assurent disposer de dispositifs complets : alarmes, vidéosurveillance, gardiennage, vitrines sécurisées… "Nous avons divers systèmes de protection et nous cherchons sans cesse à les améliorer", affirme Jacky Courtois.

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Emmanuelle Thuong-Hime ajoute : "Nous devons aussi actualiser nos protocoles d’urgence, notamment pour les deux musées régionaux labellisés Musées de France". Ce label, attribué par le ministère de la Culture, garantit un haut niveau de conservation et de protection des collections, qui appartiennent au domaine public et sont donc inaliénables. À La Réunion, ils sont au nombre de cinq : le Muséum d'histoire naturelle de La Réunion, le Musée Léon-Dierx, le Musée historique de Villèle, le Musée Stella Matutina et le MADOI.

- Des risques multiples -

Au-delà du risque de vol, les musées réunionnais doivent composer avec un ennemi bien connu : le climat tropical. "Nous surveillons quotidiennement l’hygrométrie des salles, et un plan de sauvegarde définit la marche à suivre en cas de cyclone ou d’incendie", détaille Jacky Courtois.

Pour la SPL Réunion des Musées Régionaux, la vigilance est tout aussi constante : "Une machine agricole n’est pas traitée comme un objet fragile. Les œuvres sensibles sont conservées dans des salles climatisées avec contrôle d’humidité et de température. Et face aux termites, une veille régulière est effectuée, avec des zones de quarantaine pour les œuvres arrivant de l’extérieur", précise Emmanuelle Thuong-Hime.

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Si aucun vol récent n'a été signalé à La Réunion, un précédent avait été enregistré "il y a une dizaine d'années", selon la directrice des Musées régionaux. Un acte qui a conduit à un renforcement des dispositifs de sécurité. Les oeuvres, elles, continuent de subir les effets du temps et du climat. "Elles vieillissent, s'abîment et doivent être soignées par des restaurateurs d'art, véritables médecins des oeuvres", illustre Jacky Courtois.

Dans l’ombre des vitrines, loin des projecteurs braqués sur le Louvre, la mission reste la même : protéger ce que l’île a de plus précieux, son patrimoine. "C’est un travail quotidien, souvent invisible, mais essentiel", conclut le directeur du Musée Léon Dierx. "Car c’est à ce prix que nous sauvegardons ces biens uniques pour les générations futures".

vg / www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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