À La Réunion, l'absence d'accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) en nombre suffisant est une problématique soulevée chaque année. Selon les chiffres du collectif "les enfants invisibles 974", il y aurait environ 9.000 enfants en situation de handicap et près de 1.000 sans accompagnants. Pour le rectorat, "93,5 % enfants ayant une notification d’accompagnement humain de la MDPH bénéficient d’une AESH", précise le rectorat, soit 6.105 élèves. Depuis la rentrée, 98 nouveaux contrats ont été déployés. Le ministère ayant attribué à l’académie une enveloppe supplémentaire de 14 emplois pour réduire le nombre d'élèves en attente (Photo : rb/www.imazpress.com)
Après de multiples prises de parole et mobilisations, le collectif Les Enfants Invisibles 974 a obtenu, ce vendredi 26 septembre, un rendez-vous avec le recteur de La Réunion. Cette rencontre s’est tenue en présence d’élus.
Lors de cette rencontre, le recteur a présenté l’état réel des choses et a évoqué à plusieurs reprises la question du budget. Si les contraintes financières sont réelles, les parents et associations ont rappelé que le manque de moyens ne peut jamais justifier une prise en charge inadéquate.
Le recteur a proposé une nouvelle réunion ce mercredi 1er octobre, réunissant associations et collectifs, afin d’apporter toute l’expertise du terrain et de construire des solutions concrètes et a annoncé la création d’un groupe de travail associant les représentants des associations présentes, l’ARS et la MDPH.
Si l'association salue cette ouverture, elle refuse "catégoriquement que les premières mesures ne soient appliquées qu’à partir de janvier : des actions immédiates sont nécessaires", rappelle Cédric Bourane, porte-parole du collectif "Les Enfants Invisibles 974".
"Nous exigeons également la remise d’écrits officiels, afin de garantir la cohérence des engagements pris et permettre aux familles de faire valoir leurs droits. Trop souvent, les interlocuteurs délivrent des informations orales et trop souvent contradictoires, ce qui crée de la confusion et un sentiment d’abandon", dit-il.
"Le problème est récurrent, tous les ans on nous baratine les mêmes histoires et cette année il y a un ras-le-bol collectif", dénonce Cédric Bourane.
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- Chaque enfant porteur de handicap a besoin d'un accompagnement personnalisé -
Le père dénonce également la mutualisation de ces AESH. "Un ou une AESH peut accompagner 5 à 6 enfants sur un même établissement ou même sur différents lieux", dit-il, consterné. Cédric Bourane cite l'exemple d'une AESH qui ne peut même pas respecter l'heure d'accompagnement, "devant prendre le bus pour aller vers un autre enfant".
"Les enfants ont besoin d'un accompagnement individuel, rester avec la même personne", poursuit Cédric Bourane, père d'un enfant de 6 ans, souffrant d'autisme.
"Le rectorat attribue les AESH à sa sauce, mais pas en fonction des besoins décrits par la notification de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), s'indigne-t-il. "Le reste du temps, les enfants sont totalement perdus et n'arrivent pas à suivre en classe."
Pourtant, ces accompagnants "ont un rôle d'aide pour l'enfant mais également de binôme avec l'enseignant qui ne peut pas se concentrer seulement sur l'enfant porteur d'un handicap", explique le coordinateur du collectif.
Cédric Bourane explique le cas de son fils de 6 ans, autiste. "La première année il n'avait pas d'AESH. Mais en moyenne secteur, il a pu en avoir une et nous avons pu que constater les progrès extraordinaires dans son apprentissage, son langage, sa sociabilisation. Cette année, cette aide lui a été retirée et nous voyons direct le décalage. Il n'a même plus envie d'aller à l'école."
- 98 nouveaux contrats d'AESH déployés à La Réunion selon le rectorat -
Le rectorat de La Réunion avait annoncé avant la rentrée, l'ouverture de 90 postes d'AESH. "Ridicule", pour ce père de famille, "sachant que 19 seulement ont été recrutés et environ 50 à 70 sont démissionnaires ou en arrêt".
À la rentrée, "ce ne sont pas 90 mais l’équivalent de 98 nouveaux contrats qui ont été déployés et le ministère vient d’attribuer à l’académie une enveloppe supplémentaire de 14 emplois d’AESH qui permettront au service académique de l’école inclusive de poursuivre les efforts pour réduire le nombre d'élèves en attente, notamment en poursuivant le recrutement d'AESH et en optimisant la répartition des ressources", répond le rectorat.
Mais "il faut que l’ensemble des partenaires soient conscients qu’il ne sera jamais attendu d’accompagner individuellement tous les élèves. Cela ne correspond ni à leurs besoins, ni aux droits notifiés pour y répondre", ajoute l'Académie.
"C’est la raison pour laquelle les équipes pédagogiques de l’école inclusive s’attachent à renforcer l’accompagnement de tous les personnels au contact des élèves, en créant des ressources pédagogiques destinées aux enfants à besoins particuliers et en les aidant à mieux organiser l’environnement scolaire."
D'autres types d'accompagnement adaptés sont mis en œuvre : "cours aménagés dans les dispositifs ouverts en milieu ordinaire (l’académie déploie 263 dispositifs ULIS, 3 UEMA et 3 UEEA, avec 532 AESH affectés aux missions collectives dans ces dispositifs, pour un volume horaire total de 6.756 heures), différenciation pédagogique, matériel pédagogique adapté (logiciels informatiques, ordinateur)...", ajoute le rectorat.
Aujourd'hui, l'Académie compte 3.100 personnels accompagnants d'élèves en situation de handicap. "Ces personnels constituent le deuxième corps de personnels dans l'académie après les enseignants et accompagnent à ce jour plus de 5.700 élèves ayant une notification de la MDPH", souligne les services de l'Académie.
- 93,5% des enfants porteurs de handicap bénéficieraient d'un AESH -
À La Réunion, "93,5 % enfants ayant une notification d’accompagnement humain de la MDPH bénéficient d’une AESH", précise le rectorat, soit 6.105 élèves.
"Cela représente 94,25 % des notifications de la MDPH pour les élèves bénéficiant d’une notification AESH individualisée (soit une moyenne de 18h30 par élève) et 92,6 % des notifications de la MDPH pour les élèves bénéficiant d’une notification AESH mutualisée (soit une moyenne de 5h30 par élève, contre 4h30 à la rentrée 2024)", détaille l'académie de La Réunion.
Sachant que "les notifications de la MDPH pour l'accompagnement des élèves en situation de handicap sont faites chaque semaine, lors des réunions de commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (soit environ 40 réunions de la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH) par an".
Le rectorat précise que : "il faut prendre en compte que les notifications de par la MDPH comportent une décision "cible", et une décision "alternative" à mettre en place si la décision cible n’est pas possible. Parmi les 9.500 élèves en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire, environ 950 sont en attente de leur notification "cible" qui est d’être placés en établissements ou services médico-sociaux; à défaut, ils ont une notification "alternative" d’attribution d’une aide individuelle pendant le temps scolaire en classe ordinaire".
Le rectorat rappelle que près de 9.500 élèves en situation de handicap sont scolarisés depuis la rentrée contre 8.768 élèves en 2024-2025 (soit déjà une augmentation de + 8,35 % en moins d'une année).
- Sans AESH, des parents saisissent la justice -
Faute d'AESH et de "respect de la notification de la MDPH, certains parents entament des recours juridiques devant le tribunal administratif", explique Cédric Bourane.
Cela se fait "par un courrier, un référé d'urgence avec dépôt d'une main courant. Au bout d'une semaine une audience est fixée. Lorsque le parent expose le problème devant le juge, il obtient généralement gain de cause", dit-il.
À ce moment-là, le rectorat a 15 jours avec astreinte pour attribuer un AESH.
Si la réponse ne répond pas à vos attentes, vous pouvez contester la décision d’un référé-liberté devant le Conseil d’État.
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ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com
Le rectorat masque la réalité en indiquant que 93% des enfants ont une AESH en classe. En réalité dans ces statistiques de nombreux enfants n'ont pas le nombre d'heure notifié et pour les enfants avec AESH mutualisée ils n'ont parfois qu'une heure par semaine...mais ils rentrent dans les stats!
Le manque d'AESH est indéniable, surtout à la Réunion ! Mais j'aimerai qu'on me dise comment les 19 AESH ont été recrutés depuis la rentrée puisque pour candidater, il faut s'inscrire sur le site de l'éducation nationale et postuler dès que les annonces sont mises en ligne, comme pour le pôle emploi. Jusqu'à présent aucune annonce n'est apparue sur le site de l'académie. Faut-il être pistonné pour pouvoir postuler ? Ça serait sympa d'avoir une réponse, puisque le rectorat ne répond jamais !!! A bon entendeur...
Manquements considérables, l'école ne remplit pas son rôle. L'école pour Tous est un leurre.
Tout est fait pour noyer le poisson et décourager le parent qui veut faire respecter son droit.
Avec le collectif "les enfants invisibles 974" nous allons monter au créneau et dénoncer tous ces manquements.
Honte à tous ceux qui négligent et rabaissent ces enfants vulnérables.
Nous ne pouvons plus tolérer cela.
La mobilisation devant le recteur pour qu'il ouvre ses yeux et ses oreilles sur tant de souffrances.
Mr le recteur ne vous cacher plus derrière des chiffres mais regarder la réalité du terrain. A TRÈS BIENTÔT, ON ARRIVE!
Oui, l'école pour tous est un leurre. Pour vous aussi visiblement. Beaucoup de ses enfants ne peuvent pas être scolarisés en raison d'un handicap lourd. Il faut l'admettre et trouver une autre solution.
Depuis ds années, La France Insoumise réclame plus de moyens pour l'école, un prof devant chaque élève et un vrai statut professionnel pour les AESH :
https://lafranceinsoumise.fr/niche-parlementaire-du-groupe-parlementaire-lfi-nupes/ppl-creation-corps-fonctionnaire-aesh/
Dans mon école 132h par semaine d’accompagnement ne sont pas réalisées par rapport aux notifications… ce sont des élèves, des enseignants, des familles, des classes entières qui souffrent.
Nos enfants ont dans le 1er et le 2eme degré. Sauf que quelques eleves relèvent d'Ulis de segpa ou encore IME et ses eleves suivent une scolarité classique et sont en grande difficulté voire en échec.
Souvent c'es la garderie, et certains parents sont démissionnaires.
Nos enfants souffrent et les cours ne se déroulent pas normalement.