Migration

Arrivés à La Réunion en 2018, deux migrants sri lankais sur le point d'être expulsés

  • Publié le 13 septembre 2023 à 02:59
  • Actualisé le 13 septembre 2023 à 12:56

Deux hommes sri lankais, arrivés en 2018 à La Réunion, doivent être expulsés vers leur pays ce vendredi 15 septembre 2023. Près de cinq ans après leur arrivée, ils sont arrivés au bout de leurs recours face à l'obligation de quitter le territoire français délivrée par la préfecture. Cette décision est contestée par de nombreux proches des deux hommes, qui ont publié une pétition pour demander la délivrance de permis de séjour. Un dernier recours sera examiné ce mercredi matin par le tribunal administratif pour l'un d'eux (Photo d'archive rb/www.imazpress.com)

"Suhandan et Lahiru sont deux Sri Lankais arrivés en 2018. Ils sont à présent intégrés. Ils travaillent, ont un  contrat, payent leur loyer et leurs impôts et parlent francais/créole..Ce sont deux personnes très investies, et ont beaucoup aidé et ont été très dévoués à notre association ANSAMB OI depuis ses débuts" dénoncent leurs proches.

"Ils ont demandé le droit d’asile. Ils ont été déboutés, l’État estimant que leur vie n’était pas en danger s'ils retournaient dans leur pays" regrettent-ils.

Seul l'un des deux hommes sera présenté au tribunal administratif ce mercredi, l'autre ayant épuisé tous ses recours. Leurs proches espèrent tout de même que leur appel sera entendu par les autorités.

""Ils ne demandent qu'une chose, c'est de vivre en paix. Ils ont des membres de leur famille qui ont été blessés dans leur pays et ils craignent pour leur vie s'ils rentrent" explique Christine, à l'origine de la pétition. "Pour travailler il faut un titre de séjour, et pour avoir un titre de séjour il faut travailler, c'est totalement hypocrite. Leur avocate a essayé mainte fois de régulariser leur présence, mais il n'y a jamais eu de retour" ajoute-t-elle.

"Depuis leur arrivée ils ont un employeur, avec contrat de travail, qui s'est rapproché d'une avocate pour qu'ils soient régularisés auprès de la préfecture. Par deux fois les deux demandes n'ont pas été traitées" affirme Audrey, présidente de l'association Réunion solidarité migrants (RSM).

Les deux hommes auraient d'ailleurs été arrêtés sur le chemin du travail. "C'est dommageable, ils sont intégrés, ils ont un contrat, ils parlent parfaitement français..." souffle Audrey. 

Leur cas n'est pas unique. Sept personnes sri lankaise se trouveraient actuellement au centre de rétention administratif (CRA). "Certains d'entre eux ont épuisé tous les recours, mais d'autres sont toujours en attente de leur audience, la gestion de ces dossiers est déplorable" dénonce la présidente du RSM.

Pour rappel, ce sont environ 400 Sri Lankais qui sont arrivés entre 2018 et 2023 à La Réunion, dont plus de la moitié a été expulsée.

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- Plus de bateau depuis février -

Le dernier navire sri lankais a avoir accosté au Port Ouest est arrivé le 8 février dernier. Il s’agissait du deuxième navire battant pavillon sri-lankais à accoster sur nos côtes depuis le début de l’année et le sixième depuis juillet 2022. Le tribunal administratif avait rejeté la demande d'entrée sur le territoire des 18 migrants.

Un autre était arrivé le 14 janvier 2023. 69 ressortissants étaient alors à bord de l’embarcation IMULA  532 CHW. A leur arrivée, ils ont ensuite été accueilli dans un gymnase de la commune de Sainte-Marie, aménagée en zone d’attente provisoire. 38 d’entre eux ont été reconduits au Sri Lanka, par un avion spécialement affrété. 

Lire aussi – Un bateau battant pavillon sri-lankais en route vers La Réunion

– Quatre embarcations arrivées en 2022 –

Un autre navire était arrivé le 24 décembre 2022. L’Imula 0559 CHW, arrivé le samedi 24 décembre au port de La Réunion. Il est arrivé à quai à 18h15. Ce navire avait été repéré dans les eaux françaises dans la nuit du vendredi 23 au samedi 24, comme nous vous le révélions. A bord : 53 migrants. Ils ont été pris en charge par les services de l’État. Pour rappel, les migrants ont été auditionnés par le juge des libertés et de la détention et renvoyés en zone d’attente, à l’exception de trois mineurs, qui ont été pris en charge par l’aide sociale à l’enfance. Une enfant n’a pas été auditionnée et a suivi ses parents. Et deux personnes ont été autorisées à effectuer leur demande d’asile.

Puis l’avant dernier navire arrivé en 2022 remonte au 20 octobre. Un bateau de pêche avec à son bord 17 personnes. Trois femmes et un enfant se trouvaient à bord. Le 7 novembre, treize de ces migrants dont la demande d’entrée sur le territoire français a été refusée, ont été reconduits vers la frontière. Quatre ont pu rester à La Réunion.

Le 17 septembre, ce sont 46 migrants qui ont trouvé refuge dans notre île. Le 26 septembre, la cour d’appel a autorisé 39 des 46 migrants sri lankais à quitter la zone d’attente. Le 6 octobre, sept Sri-Lankais sont reconduits en avion à destination du Sri Lanka.

Le 31 juillet, un navire a également accosté à la Pointe des Galets. Après avoir été pris en charge et placés en zone d’attente à l’aéroport Roland-Garros, tous ont demandé l’autorisation d’entrer en France au titre de l’asile. Sur ces six personnes, une seule a initialement obtenu l’autorisation d’entrer en France. Les cinq autres ont d’abord été déboutés de leur demande, avant d’être finalement autorisés à rentrer sur le territoire.

Lire aussi – Le navire sri lankais avec 53 passagers à bord a accosté au Grand Port Maritime

Lire aussi – Migrants Sri-Lankais : plusieurs demandes d’entrer en France rejetées en appel

– De nombreux bateaux arrivés à La Réunion depuis 2018 –

Les bateaux arrivés à La Réunion en provenance du Sri-Lanka :

• Le 13 avril 2019, à bord d’un bateau en mauvais état, 120 de personnes tentent d’accoster dans le port de Sainte-Rose. Elles sont interceptées. Parmi elles se trouvent trois ressortissants indonésiens soupçonnés d’être des passeurs. 60 des 120 migrants seront ensuite expulsés vers leur pays. Les passeurs seront jugés le 15 mai par le tribunal correctionnel de Saint-Denis. Ils sont condamnés à des peines de prison allant de 12 à 18 mois de prison ferme pour “aide à l’entrée ou au séjour irrégulier en bande organisée”. Ils feront appel mais finiront par se désister de leur requête. Leurs condamnations sont donc définitives

• Le 4 février 2019, un bateau avec à son bord environ 70 personnes dont 5 enfants et 8 femmes, est intercepté au large à 5 kilomètres au large de la côte de la commune de Saint-Philippe. Le 14 février, 64 des 70 migrants sont expulsés de La Réunion et renvoyés dans leur pays à bord d’un avion spécialement affrété.

• Le 14 décembre 2018, 62 personnes, dont une dizaine de femmes et d’enfants, arrivent à bord d’un bateau de pêche. D’abord placés en zone d’attente, tous les migrants ont été remis en liberté par le tribunal au motif que leurs droits ne leur avaient pas été notifiés à leur arrivée dans l’île.

• En octobre 2018 à bord d’un bateau en relatif bon état, huit Sri-lankais, d’une moyenne d’âge plutôt jeune, entre 20 et 30 ans, dont un mineur d’environ 16 ans sont interceptés. Le bateau aurait navigué plusieurs jours en pleine mer. Ils sont expulsés vers leur pays quels jours plus tard.

• En septembre 2018 la marine sri-lankaise arrête au large de la côte ouest du Sri-Lanka, 90 personnes qui voyageaient illégalement dans un chalutier à destination de l’île de la Réunion.

• En mars 2018, six Sri Lankais sont retrouvés au large de Saint-Gilles à bord d’un radeau de fortune. Ils entament ensuite une procédure de demande d’asile. Certains ont depuis regagné leur pays

– Les bateaux interceptés au départ au Sri-Lanka

• Le mercredi 6 novembre 2019, onze personnes ont été interceptées par les autorités sri lankaises alors qu’elles tentaient de venir illégalement La Réunion.

• Le 7 mars 2019, au moins 30 migrants ont été arrêtés ce jeudi 7 mars 2019 dans la matinée par la marine sri-lankaise à 74 kilomètres au sud du Sri Lanka, rapporte le Daily Mirror. Deux patrouilleurs ont intercepté un chalutier transportant des migrants illégaux. “Nous soupçonnons qu’ils tentaient de rejoindre l’île de La Réunion,” a déclaré le porte-parole de la Marine Isuru Suriyabandara.

• Le 14 février 2019, les forces spéciales d’intervention et la marine du Sri Lanka ont arrêté 21 personnes, dont trois femmes et quatre enfants qui s’apprêtaient à quitter illégalement le territoire, rapporte le Daily Mirror. Ils étaient cachés dans une maison située à Siyambalanduwa. Peu de temps après, trois hommes, les présumés passeurs ont été interpellés dans une Résidence à une centaine de kilomètres plus au sud, à Pannegamuwa avec deux véhicules et près de 627 000 roupies (environ 3100 euros). Selon le Daily Mirror, les 21 personnes s’apprêtaient à quitter le Sri Lanka pour La Réunion.

• Le 11 septembre 2018 : un chalutier transportant 90 personnes, 89 hommes et une femme est arrêté au large du Sri-Lanka

• Le 8 août 2018 un bateau avec 21 occupants (19 hommes et deux femmes) est intercepté, à 117 milles marins de Chilaw (Ouest du Sri-Lanka), dans les passagers, deux déserteurs de l’armée.

Lire aussi – Migrants Sri-Lankais : La Réunion terre d’attrait, mais pas (toujours) d’accueil

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1 Commentaires
Kurt
Kurt
1 an

C'est quoi qu'il faut faire ? On débarque sans droit, on trouve un travail, on apprend la langue et on peut rester ? C'est cool vu comme ça. Cela n'est plus possible. Aidons en priorité nos nationaux. Je ne suis pas du Rn ni catholique....