À peine 5.000 personnes vaccinées

Chikungunya : le grand flop du vaccin à La Réunion, près de 35.000 doses non utilisées

  • Publié le 3 juin 2025 à 11:38

Le 7 avril 2025, avril, l'Agence régionale de santé de La Réunion (ARS) a lancé une vaste campagne de vaccination contre le chikungunya. Un vaccin boudé par la population. Alors que l'ARS a acheté 40.000 doses, à peine plus de 5.300 personnes se sont fait injecter le IXCHIQ. Le devenir des doses non-utilisées n'a pas été précisé. La Réunion se retrouve donc avec près de 35.000 doses sans savoir quoi en faire (Photo : rb/www.imazpress.com)

"La vaccination reste ouverte et le devenir des doses non-utilisées (au nombre de 34.683) sera décidé en lien avec le ministère de la Santé", a répondu l'ARS à nos questions.

Heureusement que l'ARS a annulé sa commande pour 50.000 doses supplémentaires qui devaient arriver. Le ministre de la Santé, Yannick Neuder, lors de sa venue à La Réunion, s'était félicité d'avoir acheté toutes les doses de vaccin contre le chikungunya pour la France.

L'ARS confirmant qu'en date du 26 mai 2025, "3.116 personnes ont été vaccinées depuis le lancement de la campagne de vaccination (hors bénéficiaires d'ordonnances médicales et personnels du CHU)".

À cela, "il faut ajouter plus de 1.000 bénéficiaires sur ordonnance médicale, et 1.201 doses injectées au profit des personnels du CHU", ajoute l'ARS. Soit 5.317 personnes vaccinées à La Réunion. 

Concernant les coûts de ce gâchis de doses, questionnée, l'ARS indique : "une clause de confidentialité a été signée avec le laboratoire, ces données ne sont pas communicables".

Le vaccin pouvant se conserver jusqu'à deux ans.

- IXCHIQ, un vaccin qui ne convainc pas -

La population réunionnaise a boudé cette campagne vaccinale, malgré les rappels de l'Agence régionale de santé. "Le vaccin est sans doute arrivé trop tard déjà", a reconnu l'ARS. Sans mentionner l'immense défiance qu'a développé une partie de la population vis-à-vis des vaccins, notamment depuis le Covid-19.

Entre une défiance grandissante face aux vaccins - notamment les plus récents - et un manque de communication criant, l'ARS n'a vraiment pas mis les chances de son côté pour rassurer et informer correctement.

Une prise de conscience tardive critiquée à l'époque par les professionnels de santé.

Désormais, c'est la non prise en compte des risques qui est pointée du doigt. La sénatrice Audrey Bélim demande une commission d’enquête parlementaire. "Comment ces effets indésirables extrêmement graves n’ont pas été perçus par la Haute Autorité de Santé pour les plus de 65 ans ? Quelles sont ces conséquences ? Que faut-il faire maintenant ?", a déclaré Audrey Bélim.

"Les autres publics pour lesquels le vaccin a été recommandé doivent-ils s’inquiéter ? Les autorités sanitaires doivent donner toutes les informations le plus rapidement possible", poursuit-elle.

Le député Frédéric Maillot a lui adressé un courrier au ministre de la Santé et réclame "une transparence et point de situation suite aux informations qui ont été communiquées par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM)".

Lire aussi - Chikungunya : les élus de La Réunion demandent de la transparence de la part des autorités sanitaires

- Un mort et 20 cas graves -

Selon le dernier bilan de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) du 23 mai 2025, deux nouveaux cas graves et un nouveau cas non grave ont été déclarés et sont en cours d’investigation.

Au total, au 22 mai, 43 cas d’effets indésirables sur l’ensemble du territoire national, dont 18 graves, ont été déclarés et analysés. La majorité des cas sont survenus à La Réunion (78 %).

Ces cas graves sont survenus chez des personnes avec un âge moyen de 74 ans.

À ce jour, un seul décès dû au vaccin est répertorié par le dispositif de pharmacovigilance. Il s'agit d'un homme "de 84 ans qui a développé une encéphalite", détaille l'Agence européenne du médicament.

Lire aussi - Chikungunya : un seul décès vraisemblablement lié au vaccin à La Réunion, selon l'agence du médicament

L'ANSM poursuit sa surveillance, en lien avec les autorités européennes. "Une nouvelle étude dite ’de phase IV’ (…) est en cours, afin d’identifier l’efficacité du vaccin en contexte épidémique et tout effet secondaire grave et/ou inattendu dû à son administration", indique l’Inserm. De premiers résultats devraient être publiés à la mi-juillet.

Le comité de pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence européenne des médicaments a par ailleurs débuté une procédure afin de réévaluer la balance bénéfice/risque du vaccin.

- 43 effets indésirables dus au vaccin contre le chikungunya -

Les principaux effets indésirables graves rapportés quelques jours après la vaccination évoquent des symptômes similaires à ceux d’une forme grave d’infection au virus chikungunya (syndrome "chikungunya like").

Néanmoins, s’ils s’avèrent particulièrement intenses, il convient de contacter rapidement un médecin. De même, jusqu’à 72 heures après une vaccination, il se peut que des symptômes de réaction allergique graves (difficultés à respirer, respiration rauque ou sifflante, boutons ou plaques rouges sur la peau, démangeaisons, gonflement des lèvres, du visage ou de la gorge, étourdissements, fatigue…) apparaissent.

Compte tenu de ces incertitudes chez les plus de 65 ans, la HAS a donc recommandé de suspendre la vaccination contre le chikungunya avec le vaccin IXCHIQ pour cette tranche d’âge, avec ou sans comorbidités, sur l’ensemble du territoire français.

Lire aussi - Chikungunya : arrêt de la vaccination pour les personnes de 65 ans et plus après un décès

En revanche, la vaccination reste de mise pour les personnes âgées de 18 à 64 ans présentant des comorbidités.

"Si vous avez une insuffisance rénale, une insuffisance cardiaque, respiratoire, un diabète, une obésité, il est recommandé, à l’heure où je vous parle, de se faire vacciner", a ainsi affirmé le ministre de la Santé Yannick Neuder.

À ce jour, environ 200.000 personnes ont été potentiellement contaminées durant l'épidémie de chikungunya et trois nouveaux décès sont imputables au chikungunya. Cela porte le bilan à 15 morts, et concerne des personnes de 65 ans et plus porteuses de comorbidités. 36 autres décès sont actuellement en cours d’investigation, dont deux enfants de moins de 6 mois.

Lire aussi - Chikungunya : le gouvernement encourage toujours les personnes de moins de 65 ans à se faire vacciner

Lire aussi - Vaccin contre le chikungunya : l'arrêt de la campagne pas envisagé par l'Agence régionale de santé

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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6 Commentaires
MARIMAR
MARIMAR
2 jours

À quand la vérité?
Mon premier commentaire jugé sans doute trop virulent n'a pas été publié.
Les chiffres sont très loin de la vérité car beaucoup de personnes dont mafille et moi se sont soignées et se soignent encore toutes seules avec des plantes et ou du paracetamol.
Dans mon quartier il y a eu beaucoup de cas avec tous les symptômes dont les fameuses éruptions cutanées , des cas non répertoriés car pas de consultations...

tien
tien
2 jours

il est arrivé trop tard effectivement et en privilégiant une certaine tranche de la population !!! tres mauvaise gestion comme d habitude de la part de l ars

Java
Java
2 jours

Envoyez les doses à Mayotte !
Incroyable que l’on reproduise encore les mêmes erreurs de jugement que celle de Bachelot à l’époque du H1n1 … le Covid est passé par là entre temps !

Zef
Zef
2 jours

Une idée...met lo piqûre su toute band domoune l ars a commander par cotellon ali nora droit 100 piqûres pou toute connerie li dit et toute band zelis...mais ZOT faut met 10 injections d un coup..ba diminuer d au moins 1000 piqûres sera déjà ça de gagné

Sucré-Salé
Sucré-Salé
2 jours

Mais...vous croyez quoi ?

A père Noel ?

Il suffit d'un mort, peu importe l'âge...pour que plus personne ne veuille se vacciner.

C'(est mal connaitre le comportement humain que de penser que toutes les doses de vaccins allaient être utilisées.

je précise que je ne suis pas antivaccin, bien au contraire.

Mais...

Missouk
Missouk
2 jours

J'ai été vacciné en pleine épidémie. Un placebo !