Expulsés vers le Sri-Lanka

Migrants sri-lankais : le voyage vers l'Eldorado coûte cher en expulsions

  • Publié le 11 janvier 2023 à 14:27

Ce vendredi 13 janvier 2023, un avion d'Air Austral affrété par l’État devrait décoller en direction du Sri-Lanka. À son bord, une quarantaine de migrants qui seront reconduits dans leur pays d’origine après avoir essuyé un refus d'entrer en France au titre du droit d’asile. Cet aller-retour express pour ces réfugiés mobilise de nombreux personnels des forces de l’ordre et a un coût important. (Photo : SL/www.imazpress.com)

Sur les 53 ressortissants sri lankais arrivés à La Réunion le samedi 24 décembre 2022, une quarantaine doit donc repartir en direction du Sri Lanka. Leurs camarades d'infortune ont obtenu le droit de rester en France pour demander l’asile et trois mineurs isolés ont pu entrer sur le territoire français. Par ailleurs, cinq de ces migrants sont en cavale depuis le mardi 10 janvier, après s'être évadés de la zone d'attente de l'aéroport Roland-Garros.

En comptant les représentants des forces de l'ordre mobilisés pour les escorter, une bonne centaine de personnes feront le voyage. Un aller sans retour pour les Sri-Lankais et un aller-retour pour les policiers.

C'est un Airbus 220 d'Air Austral qui a été affrété. L’appareil qui peut transporter 132 personnes, est prévu au décollage dans la matinée de vendredi destination, Colombo (capitale du Sri Lanka) avec un retour à La Réunion prévu dans la soirée. Pour piloter cet Airbus qui en temps normal fait le trajet vers Chennai en Inde, une équipe composée de deux pilotes et de quatre personnels naviguant a été mobilisées.

Selon nos informations le coût de l'affrètement, avion et équipage, s'élèverait à 250.000 euros. À ce montant il faut ajouter la prise en charge des policiers composant l'escorte.

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- Envoyer un signal fort…. et (très) tardif -

Pour l’État, ces expulsions ont pour but d’envoyer un signal fort aux candidats à immigration. Le 8 octobre 2022, le Préfet avait averti, « je le dis clairement pour l’avenir. Nous mettrons toute notre énergie à faire repartir toute personne qui entrera sur le territoire et qui, selon les règles de droit, n’est pas autorisée à rester ».

Faut-il y voir là une volonté d’agir de la part des autorités ? Est-ce une façon de montrer que l’État agit face à ces arrivées illégales à La Réunion ?

Cela étant dit, monsieur le Préfet, mesdames et messieurs les représentants.e. de l’État, ne faudrait-il pas prendre directement le taureau par les cornes, "en essayant de travailler avec les autorités Sri-Lankaises" comme Jérôme Filippini l'a lui-même déclaré ?

Ne faut-il pas directement régler le problème à sa source en œuvrant avec les autorités sri lankaises au lieu de laisser un espoir, si mince soit-il à ces migrants prêts à tout perdre, y compris la vie, dans l'espoir d'échapper à la misère et aux persécutions ? La France, capable de démanteler des réseaux de terroristes et de narco-trafiquants ne serait-elle pas en mesure d'agir de même avec des passeurs d'être humains ? Difficile à croire...

Ces migrants vivent un enfer dans leur pays d’origine et sont prêts à faire 4.000 kilomètres, pensant que La Réunion est la terre promise. Ces migrants une fois arrivés ici, attendent avec la boule au ventre la concrétisation improbable de l’utopie d'une vie meilleure. En fin de compte, ils retourneront dans leur pays où ils seront jugés pour avoir quitté le Sri Lanka sans autorisation. Ils seront emprisonnés, torturés parfois à mort...

Toute cette détresse, tout ce gâchis ne semble pas avoir de fin. Un nouveau navire, avec à son bord, plus de 70 migrants devraient accoster à La Réunion en fin de semaine et le même scénario sera une nouvelle fois joué...

Monsieur le Préfet, mesdames et messieurs les représentants.e. de l’État, faut-il se contenter de constater cette triste et inacceptable situation ou faut-il agir ? La réponse est connue, vous êtes les seul.e.s à pouvoir la mettre en œuvre.

Sollicitée sur le coût réel des expulsions, la Préfecture n'a pas répondu à nos demandes à ce stade.

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ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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