Le projet du parc du volcan, au cœur du village de Bourg-Murat à la Plaine des Cafres, n'en finit plus de créer la discorde. Ce mercredi 9 août 2023, une nouvelle consultation publique s'est clôturée, au cours de laquelle les avis pour et contre se sont accumulés sur le site de la préfecture. Consultation qui se termine quelques jours après que la Commission départementale de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers (CDPENAF) a émis un avis défavorable pour une partie du projet. La mairie du Tampon persiste cependant pour l'aboutissement de ce dernier, bien qu'elle a revu sa copie à la baisse. Tous sont désormais dans l'attente du résultat de l'enquête publique et de la décision préfectorale (Photo d'illustration rb/www.imazpress.com)
Les associations contre le projet, Domoun la Plaine en tête de proue, l'attendaient avec impatience : la CDPENAF a donné un avis défavorable le 26 juillet dernier sur plusieurs points du projet. "L'avis est défavorable à l'exploitation de plusieurs parcelles qui contiennent des espaces naturels sensibles. Le commissaire enquêteur nous a indiqué que la mairie du Tampon a envoyé un courrier à la préfecture pour dire qu'elle acceptait de réduire le projet sur les parcelles acceptées par la CDPENAF" indique Gilbert La Porte, président de Domoun la Plaine.
La CDPENAF estime en effet que le projet artificialiserait un site naturel "à forte valeur environnementale et paysagère". Une nouvelle victoire, alors que la mairie du Tampon avait déjà revu à la baisse son projet en mai dernier, en passant d'un parc de 53 à 15 hectares. Une révision qui n'a pas satisfait la commission.
Le commissaire-enquêteur a désormais un mois pour statuer sur la faisabilité du projet, à la suite de l'enquête publique, qui comprend des kiosques, un belvédère, deux serres géodésiques, des structures sportives, mais aussi l'installation de tyroliennes.
"L'avis peut être favorable, favorable mais avec des réserves, ou totalement défavorable. Nous espérons bien sûr pour la dernière éventualité, mais nous avons aussi des propositions à faire en cas d'avis favorable avec réserve" indique Gilbert La Porte. " On propose par exemple la création, comme à Hell-bourg, d'un circuit de visite de kaz créoles, cela plait aux touristes, on pourrait mettre en place un projet de rénovation, et embaucher des animateurs" explique-t-il.
Il rappelle par ailleurs que la CDPENAF "a aussi émis en janvier 2023 un avis défavorable concernant l'installation de ces tyroliennes au sommet du piton Dugain". La Société réunionnaise pour l'étude et la protection de la nature (SREPEN) a d'ailleurs jugé qu'une "absence de vision globale et d’intégration des tyroliennes qui reste toujours envisagée alors que sa programmation n’est pas précisée et que les emprises de dépose seront bien réalisées dans le cadre du projet", tandis que l'ARS s'interroge de l'impact sanitaire sur la population.
- Un projet décrié depuis son lancement -
Les opposants au projet sont nombreux, et ce depuis l'annonce de sa création. Aux côtés de Domoun la Plaine, plusieurs associations de protection de l'environnement, mais aussi des partis politiques et politiciens se sont prononcés contre sa création. "Malgré cela, la communication a été inexistante avec la mairie du Tampon. On a demandé à rencontrer l'équipe en charge du projet mais nous n'avons jamais eu de réponses" assure Gilbert La Porte.
"Le projet amputé garde son aspect écocide car les aménagements qu’il prévoit, artificialiseront à outrance nos paysages uniques et reconnus par l’UNESCO. En outre, ils comportent, de l’avis même de l’Agence régionale de santé (ARS), des atteintes graves à la santé publique" dénonce par ailleurs Attac.
"Ce projet induira la modification significative du caractère rural de cette partie de la commune du Tampon et de ses paysages pastoraux. Les animaux des pâturages avoisinants seront eux-mêmes en souffrance en raison des bruits intrusifs causés par les toboggans, les usagers des pumptracks, les barbecues géants et leurs fumées. Cet espace naturel n’est pas qu’une parcelle relevant d’un PLU municipal, dans un contexte d’insularité et de crise climatique, il devient un espace vital de mieux-vivre ensemble, un bien commun qui appartient à toutes et tous, dont il convient de conserver l’intégrité à tout prix" estime l'association.
"Nous estimons que, tout autant que les tyroliennes, [les] éléments de justification [de la mairie] sont totalement inadaptés aux réels besoins de réconcilier, au plus tôt et au mieux, l’homme à son cadre de vie et au contexte de son époque. Cette vision bucolique ressemble à s’y méprendre à du greenwashing. Il est encore à espérer que l’ensemble des avis défavorables rassemblés au cours de cette enquête publique finissent par ramener sur terre les derniers défenseurs d’une telle utopie" déclare de son côté EELV Réunion.
Quelle suite pour le projet désormais ? "Nous avons désormais la possibilité d'adresser ses questions à la mairie. Notre question principale porte sur le coût du fonctionnement. On connait le budget d'investissement, qui est d'environ 15 millions d'euros en travaux, et 2 millions d'études, par contre nous n'avons aucune information sur le coût de fonctionnement" indique Gilbert La Porte.
"On a déjà identifié dans le projet lui-même des sujets qui pourraient faire l'objet d'un recours auprès du tribunal administratif en cas d'avis favorable. Les dés sont désormais jetés" conclut-il.
Contactée, la mairie du Tampon n'a pour l'heure pas donné suite à nos sollicitations.
as/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com
espérons êtres entendus par les décideurs!!!!