Philippe Vigier était à Mayotte ce samedi 2 septembre 2023 pour une visite express. L'île aux parfums, en proie à une sécheresse historique, connait de fortes restrictions d'eau. Des années de mauvaises gestions et de manque d'infrastructures forcent les habitants à vivre au rythme des coupures d'eau, qui vont encore s'intensifier à partir de lundi. Dès son arrivée, le ministre délégué aux Outre-mer a annoncé une enveloppe de 2 millions d'euros pour une station de traitement d'eau (Photo d'illustration rb/www.imazpress.com)
Le ministre a atterri à 9h30 (heure de La Réunion) à l’aéroport international Marcel Henry où il a communiqué des premières mesures.
À la demande du Président de la République, de la Première ministre et du ministre de l’Interieur et des Outre-mer, Philippe Vigier a annoncé la distribution quotidienne de 2 litres d'eau pour les personnes vulnérables, femmes enceintes ou enfants en bas âge à partir du 25 septembre. 30.000 bénéficiaires sont déjà identifiés par l’ARS.
De plus, dans les prochains jours, 15 citernes d'eau potable seront installées ainsi qu'une station de traitement d'eau opérationnelle. Une enveloppe de 2 millions d'euros est débloquée par l'Etat.
Le ministre a également parlé d'une aide pour les entreprises afin de compenser leurs coûts fixes. "Celle-ci concernera les entreprises dont l’activité est significativement empêchée ou dont l’activité est complètement arrêtée en raison des coupures d’eau. Les services de l’État sont en cours d’élaboration de l’arrêté ministériel qui précisera les modalités d’application dans les jours à venir" a précisé la préfecture.
Enfin, les rampes ne seront pas ouvertes 24h/24 à la demande des élus locaux et le suivi de la qualité de l’eau sera significativement renforcé.
Après cette séquence, la journée s'est poursuivie avec la visite du site de la future unité de dessalement de 1000 m3 sur a plage de Jimaweni.
Philippe Vigier a ensuite assisté à une présentation d’un chantier de forage sur la commune de Ouangani. Des échanges étaient prévus autour des enjeux de la ressource en eau, avec un rendez-vous donné à la retenue collinaire de Combani. Enfin, une présentation d’une cuve pour la continuité scolaire à l’école élémentaire Lihadji, à Combani, a clôturé la visite.
Une visite au pas de course pour un département qui a besoin de réponses immédiates et fortes. A partir de lundi, l'eau sera coupée deux jours sur trois dans l'ensemble du département, à l'exception de Pamandzi, Dzaoudzi et des secteurs de forte activité, avec des coupures de 48 heures toutes les 24 heures, et ce de 16h à 16h.
Ces restrictions sont rendues nécessaires par la sécheresse qui sévit à Mayotte, ainsi que par la vétusté du réseau. "À l'exception de l'année 1997, il n'est jamais tombé aussi peu de pluie dans le département", avait souligné la préfecture dans un communiqué en juillet dernier.
La situation avait déjà contraint les autorités à mettre en place une troisième coupure hebdomadaire le 22 mai, avant une quatrième mi-juin, et une cinquième mi-juillet.
Dans ce contexte, la jeunesse mahoraise a commencé à s'emparer des réseaux sociaux pour dénoncer cette situation et interpeller les pouvoirs publics. Car si l'eau courante est rétablie ponctuellement, elle est loin d'être de bonne qualité dans certains cas. Certains dénoncent d'ailleurs un manque d'anticipation face à une catastrophe prévisible depuis longtemps. Car les problèmes de ressource en eau remontent à...2017.
Les Mahorais.es attendent des mesures concrètes. L'unique mesure prise avant la visite du ministre consistait en un blocage des prix de l'eau jusqu'à la fin de l'année. Bouteilles dont l'achat est limité à trois packs par passage en caisse.
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- Une menace pour la santé -
Cette situation n'est pas sans conséquence sur la santé des Mahorais. La rupture potentielle d'approvisionnement en eau expose la population à des risques sanitaires du fait :
• du recours à une eau impropre à la consommation lors de la remise en eau ou à des eaux de surface
contaminées durant les coupures pour l'alimentation et l'hygiène ;
• de l’hydratation insuffisante ;
• de la baisse du niveau d’hygiène de base (lavage de mains) ;
• du défaut d’assainissement et de l’impossibilité d'évacuer les excrétas ;
• des réservoirs de stockage d’eau impropres à l’alimentation ou susceptibles de constituer des gîtes larvaires pour les moustiques, vecteurs d’arboviroses.
Tout cela représente une menace sanitaire importante pour la population mahoraise qui, pour une majorité d'entre elle, est en situation de grande précarité.
"Aussi, l'absence d'eau (ou la mise en place de coupures d'eau prolongées) comme cela a déjà été observé lors de la crise de 2016-2017, pourrait générer des flambées épidémiques ; infections gastro-intestinales et maladies hydriques endémiques à Mayotte telles que la fièvre typhoïde ou les hépatites A, pour lesquelles des foyers de contamination sont détectés régulièrement sur le territoire" alerte Santé publique France.
La part des ventes d’anti-diarrhéiques se situe à un niveau supérieur à la moyenne des années précédentes depuis plusieurs semaines, note d'ailleurs l'institution. "La part des ventes d’anti-diarrhéiques se situe à un niveau supérieur à la moyenne des années précédentes depuis le 31 juillet, les communes de Tsingoni, Boueni et M’tsangamouji ont une proportion de vente de boîtes d’anti-diarrhéiques supérieure à 3 %, cette proportion est supérieure à 4 % dans les communes de Ouangani et Dzaoudzi" peut-on lire dans le dernier bilan de l’ARS et Santé publique France.
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