Gérald Darmanin se rendra-t-il fin juin à Mayotte ? C'est en tout cas ce qui se murmurerait au Ministère de l'Intérieur. L'occasion pour le ministre de faire un premier point d'étape sur l'opération Wuambushu lancée le 23 avril 2023. Un passage par La Réunion pourrait également avoir lieu. Concernant l'opération de décasage et d'expulsion des étrangers, ce qui est certain, c'est que c'est loin d'être une réussite. Et même si les autorités sont satisfaites de ce qui a d'ores et déjà été mis en place, on est bien loin des objectifs fixés par le ministère (Photo d'illustration : rb/www.imazpress.com)
Quatre escadrons de gendarmes mobiles, des policiers de la CRS-8, plus de 500 membres des forces de l'ordre - en plus de ceux déjà présents sur place. Tous déployés à Mayotte avec comme objectifs, de rétablir le pays dans l'île sœur, tout en mettant en œuvre les opérations de décasages des bidonvilles.
Mais si Gérald Darmanin misait sur le décasage de plusieurs bidonvilles, pour l'heure, seul celui de Talus 2 dans le quartier de Majicavo – qui a d'ailleurs essuyé de nombreux référés au tribunal – a été détruit le 22 mai dernier.
Le 25 avril, l'évacuation de ce bidonville, situé à Koungou, a été suspendue, la justice constatant "l'existence d'une voie de fait", tenant aux conditions d'expulsion jugées "irrégulières" par les personnes s'opposant au délogement.
Mais le 13 mai, le tribunal administratif de Mayotte a annoncé la levée de la suspension de la démolition du bidonville Talus 2. Une décision confirmée par la Cour d'appel.
Le 22 mai, au petit matin, les pelleteuses sont entrées en action pour démolir les cases en tôle insalubres de Talus 2. En tout, "162 taudis ont été démolis", avait annoncé le préfet Thierry Suquet. 40 familles ont été relogées.
Cependant, l'État prévoit toujours de détruire à Mayotte dans les prochains mois, "1.000 cases identifiées" comme étant des logements insalubres, a indiqué le préfet.
- Le couac des expulsions -
Hormis les décasages suspendus puis commencés, un autre couac a fortement fait réagir. Celui des tensions entre les Comores et Mayotte.
En effet, alors que l'opération n'avait pas encore démarré, les autorités comoriennes l'avaient annoncé, "ils ne voulaient pas des étrangers en situation irrégulière".
Pendant plusieurs jours donc, les rotations entre les deux îles avaient été suspendues. À l'époque, le ministre comorien de l'Intérieur, Fakridine Mahamoud, avait assuré : "Tant que la partie française décidera de faire des choses de façon unilatérale, nous prendrons nos responsabilités". "Aucun expulsé ne rentrera dans un port sous souveraineté comorienne", avait-il, déclaré.
Mais le mercredi 17 mai, les liaisons de la SGTM vers Anjouan ont repris. Une décision qui est intervenue juste après une entrevue entre Gérald Darmanin et le ministre de l'Intérieur comorien Fakridine Mahamoud.
- Des violences encore et encore -
Nous vous le disions en amont, plus de 500 membres des forces de l'ordre déployés à Mayotte.
Une présence qui n'a cependant pas atténué les violences urbaines, même si elles ont permis l'arrestation de plusieurs individus.
"Wuambushu a révélé de manière incontestable aux yeux de tous que la problématique de l'immigration clandestine était bien plus complexe que les seules arrivées de kwassas", note France Mayotte.
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Quoi qu'il en soit, et peu importe si l'opération n'a pour l'heure pas rempli ses objectifs, Gérald Darmanin l'a martelé, Wuambushu "continuera le temps qu'il faudra" pour que "Mayotte redevienne une île normale, classique et magnifique".
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