Fin de bail : François Bayrou renversé par une grande majorité de députés après neuf mois à Matignon

  • Publié le 9 septembre 2025 à 14:23
  • Actualisé le 9 septembre 2025 à 14:34
Le Premier ministre François Bayrou, le 5 septembre 2025 à l'Hôtel des Invalides, à Paris

(Actualisé),C'est fini. Ce lundi 8 septembre 2025, par 364 voix contre et 194 voix pour, les députés ont largement refusé leur confiance à François Bayrou. L'Assemblée nationale a ainsi fait chuter le chef du gouvernement et tous ses ministres avec lui. Le futur ex-Premier ministre remettra sa démission à Emmanuel Macron à 15h30 (heure de La Réunion) ce mardi. Le chef de l'État nommera son successeur dans "les tout prochains jours", annonce l’Élysée. Celui qui n'est plus désormais que le maire de Pau, n'aura tenu que neuf mois à Matignon. La faute à ses drastiques restrictions budgétaires prises envers et contre une majorité de Français, notamment les plus démunis d'entre-eux (Photo AFP)

- 364 députés votent contre la confiance à François Bayrou -

Sans suspens, la coalition parlementaire soutenant Emmanuel Macron n’a pas eu la majorité et les partis d’opposition, de l’extrême droite à la gauche, ont tenu parole, ils ont n'ont pas accordé leur confiance au gouvernement. 

573 députés ont pris part au vote. 558 se sont exprimés et le résultat est sans appel : 364 élus ont refusé la confiance et 194 ont voté pour.

Avant le vote et après le discours de François Bayrou. Tous les groupes politiques se sont exprimés.

Prenant la parole en premier, le président du groupe socialiste, Boris Vallaud a déclaré : "Monsieur Bayrou, nous sommes au regret de ne pas pouvoir vous faire confiance". "Face à la difficulté vous reculez, vous vous résignez, vous vous effacez", a-t-il déclaré.

"Dans quelques heures vous présenterez votre démission", a ajouté pour les Écologistes, Cyrielle Chatelain. "Aucun chantage, aucun discours catastrophique et aucune tournée des plateaux de télévision ne permettra de construire une stabilité politique", ajoute-t-elle.

Le choix des Français "nous oblige. Face au mépris de Macron, le peuple s'est levé et notre devoir est maintenant de dire que le vote des Français n'est pas vain", a-t-elle précisé.

"Monsieur le Premier ministre pour vous le futur vous n'existez pas", a lancé de son côté Mathilde Panot pour La France Insoumise. Aujourd'hui, "est un jour de soulagement pour des milliers de Français, soulagement qui vous emportiez dans votre chute, votre projet de budget".

Lors de sa prise de parole, Éric Ciotti a comparé François Bayrou à un "pompier pyromane". "Monsieur le Premier, vous quittez le pouvoir sans avoir redressé ce pays que vous avez accablé, a déclaré le représentant de l'Union des droites pour la République.

Du côté du groupe Liot, Laurent Panifous a déclaré être "conscient qu'il faut faire un pas mais votre méthode du à prendre ou à laisser n'est pas possible". "Monsieur Bayrou, vous avez choisi d'avancer seul, dans une démarche de tout ou rien", a-t-il dit. 

Un Premier ministre "seul" a pointé Stéphane Peu pour le groupe de la Gauche démocrate et républicaine. "Vous n'avez ni la confiance d'une majorité de parlementaires, ni de la majorité du pays", dit-il. "Vous serez le quatrième à tomber pour épargner le responsable de notre malheur, Emmanuel Macron."

Seule solution pour la suite, la "dissolution" pour Marine Le Pen et le Rassemblement national. Désormais, "le vrai reset serait la démission du Président, même si je ne m'attends à rien, consciente que n'est pas le Général De Gaulle qui veut".

Évoquant le Président, "à présent il ne reste plus beaucoup de solutions au forcené de la République. Partez Monsieur Bayrou, Macron vous suit de près", a lancé Mathilde Panot.

- Le bloc central a accordé sa confiance à François Bayrou -

Défendant le gouvernement, Gabriel Attal, Ensemble pour la Républiquea a affirmé : "faire chuter le gouvernement c'est prendre le risque de nous condamner à échouer".

Sans surprise, le Modem a accordé sa confiance à François Bayrou. "Ignorer les chiffres, c'est les laisser s'imposer et nous priver de toute capacité d'autonomie décisionnelle", a déclaré Marc Fesneau.

Il faut le dire, "plus notre dette s'accroit, plus les marchés financiers seront en mesure d'influencer notre politique. Mais chers collègues, nous pouvons y remédier si nous sommes responsables, nous pouvons tenir tous ensemble une trajectoire et la vérité oblige à dire que personne ne peut à lui seul imposer la stabilité."

La Droite républicaine a elle décidé de ne pas donner de consigne de vote mais évoquant la situation du pays, salue " le courage [de François Bayrou] de poser ce débat sur l'état de nos finances" a déclaré Laurent Wauquiez. Profitant pour fustiger celui qui "n'attend que le chaos, Jean-Luc Mélenchon".

- La France "en urgence vitale", selon le futur ex Premier ministre -

Au début de son discours devant les députés, le Premier ministre désormais démissionnaire, François Bayrou est revenu sur ce vote de confiance. "Cette épreuve de vérité comme chef du gouvernement, je l'ai voulu."

Défendant bec et ongles son plan de redressement il le dit : "la France est en urgence vitale". "La France n'a pas connu de budget en équilibre depuis 51 ans. Les dettes s'accumulent. Tous les ans nous dépensons plus que nos ressources de l'année", indique le Premier ministre démissionnaire.

"Si nous voulons la sauvegarde du navire sur lequel nous sommes et sont nos enfants, il faut agir sans retard, et que ce n’est pas hors d’atteinte. Cela demande seulement la mobilisation de tous, et un effort modéré de chacun si on s’y prend à temps", a-t-il ajouté.

Souhaitant culpabiliser les forces d'opposition, François Bayrou a souligné : "Les plus jeunes portent et vont porter pendant des années le poids de milliards de dettes que leurs aînés ont contracté".

Concluant sa prise de parole, il a déclaré : "ces neuf mois ont été pour le Premier ministre, des mois de profond bonheur parce que nous avons réussi à former une équipe avec des poids lourds, de solidarité, d'amitié et il n'y a pas eu une seule tension".

Lire aussi - Vote de confiance : Bayrou martèle son message sur "l'état catastrophique" des finances de la France

- Les regards désormais tournés vers Emmanuel Macron -

Après la chute du gouvernement Bayrou, les regards se tournent désormais vers Emmanuel Macron. Le président nommera son successeur "dans les tout prochains jours", fait savoir l’Élysée.

L’option d’une dissolution de l’Assemblée nationale est pour l’instant écartée par le chef de l’État, dont l’entourage indique qu’il veut aller vite pour désigner un nouveau chef de gouvernement.

Le président de la République va devoir trouver son troisième Premier ministre depuis la dissolution de 2024, le cinquième depuis le début de son deuxième quinquennat.

Les tractations ont déjà commencé. Le PS s’est placé au centre du jeu, se déclarant "prêt" à gouverner - mais avec un gouvernement de gauche sans les macronistes. À "la France, nous disons l'élan plutôt que le déclin, un plan pour préparer l'avenir", a déclaré Boris Vallaud. "Il est temps au Président, de faire son devoir que de céder à son bon plaisir. Nous sommes prêts, qu'il vienne nous chercher".

"Tous ceux qui tenteront de sauver le soldat Macron sombreront avec lui. LFI ne se vendra pas pour un poste au gouvernement", un avertissement en direction du PS

Pour Marine Le Pen, "s'il y a dissolution et si les électeurs donnent au RN "une majorité absolue, nous irons à Matignon".

Le premier ministre présentera sa démission ce mardi matin.

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7 Commentaires
Damien
Damien
2 mois

Il est parti parce qu'il manque de Pau ?

Lal
Lal
2 mois

Y'a pas plus heureux que bayrou.
Retraite assurée.
Tout ses passé comme il voulait. Le caïman ou le serpent qui va êtres nommé nouveau ministre.
Il faudrait qu'il et les testicules d'une baleine noire de l'atlantique du nord pour pouvoir redresser la France

Benveniste
Benveniste
2 mois

Rien de bon à attendre de ce changement. Les plus anciens d'entre nous se souviennent sans doute de la phrase lapidaire de Mouna (Mouna Aguigui), en 1968 : "Les bananes passent, le régime reste."

Romuald
Romuald
2 mois

Ca piaffe d'impatience parmi les rangs des députés de l'opposition d'aller à la mangeoire... pour finalement comme Bayrou et Macron aller servir la soupe aux capitalistes !

Les travailleurs feraient bien de s'organiser en conséquence contre leurs prévisibles retournements sitôt qu'ils seront arrivés au gouvernement, comme ils l'ont fait sous Mitterrand à partir de 1983 avec l'austérité et le blocage des salaires pour les travailleurs ou sous Hollande et El Khomri avec leur loi Travail pourrie !

Un travailleur averti en vaut deux !

Indépendance politique des travailleurs vis à vis du patronat et de tous leurs serviteurs de droite, de gauche, du centre et de l'extrême droite !

HULK
HULK
2 mois

Et vous pensez vraiment que ce sera mieux avec LFI,MÉLENCHON et l'extrême gauche? Moi aussi il m'arrive de croire au père Noël,le 25 décembre, quand je vois les cadeaux sous le sapin. C'est magique.

Affaire Betaran
Affaire Betaran
2 mois

Affaire Betaran a laissé des traces.

A la Reunion on attend toujours l'affaire SPL Estival de Selly.

Tot ou tard on paye.

M doihoma aussi
M doihoma aussi
2 mois

Il ne laissera pas une bonne image un peu comme son soutien local Melchior ou Selly.