L'archipel est paralysé (actualisé)

Fin du droit du sol à Mayotte : toujours des barrages sur l'île, Macron rencontre Darmanin

  • Publié le 12 février 2024 à 19:33
  • Actualisé le 13 février 2024 à 05:10

Emmanuel Macron reçoit lundi les ministres des outre-mer Gérald Darmanin et Marie Guévenoux pour discuter de la réforme constitutionnelle qui doit supprimer le droit du sol à Mayotte, toujours paralysée par des habitants en colère contre l'insécurité et l'immigration incontrôlée (Photo photo RB/www.imazpress.com)

 Vivement critiquée par la gauche qui a déjà annoncé son refus de la voter, cette mesure-choc a été dévoilée dimanche par le ministre de l'Intérieur et sa collègue déléguée à l'outre-mer lors d'une visite éclair dans l'archipel.

L'exécutif entend engager la révision constitutionnelle nécessaire sans tarder.

Lire aussi - Gérald Darmanin annonce la fin à venir du droit du sol à Mayotte

"Il faut que nous allions très vite", a fait savoir dès dimanche le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti. "On voit le président tout à l'heure en fin d'après-midi" pour lui faire "un retour de notre déplacement", a déclaré lundi Mme Guévenoux au micro de Franceinfo.

Car sur le terrain, Mayotte restait lundi largement bloquée. Les barges qui relient Grande-Terre et Petite-Terre étaient toujours à l’arrêt et les barrages en place depuis le 22 janvier aux quatre coins du territoire.

"Il est hors de question de lever les barrages pour le moment", a déclaré dans la matinée à l'AFP Safina Soula, la présidente d'un des collectifs de citoyens.

"Nous nous sommes mis d'accord avec le ministre, nous attendons des écrits", a-t-elle précisé. "Nous lui laissons jusqu'à mercredi pour recevoir ce courrier (...) nous verrons si le contenu est conforme à nos attentes".

Dimanche, Gérald Darmanin a précisé qu'un courrier d'engagement devait être envoyé dès le début de cette semaine au collectif des "forces vives", qui pilote le mouvement, et aux élus locaux.

"J'ai cru comprendre qu'après avoir reçu ce courrier, les barrages seraient levés", a-t-il anticipé.

Sur RTL, la députée de Mayotte Estelle Youssouffa (Liot) a dit espérer "une levée des barrages à partir de mercredi".

- "Plus de République" -

Département français le plus pauvre de France, Mayotte est peuplé de 310.000 habitants, selon l'Insee - probablement beaucoup plus selon la Chambre régionale des comptes - dont 48% d'immigrés comoriens ou d'autres pays d'Afrique.

La plupart arrivent clandestinement à bord de barques de pêche traditionnelles depuis l'île comorienne d'Anjouan, distante de seulement 70 km. Beaucoup vivent dans des "bangas" (cases) insalubres organisés en bidonville.

Mayotte accueille la quasi-totalité des étrangers en situation irrégulière en Outre-mer

Pour tenter d'enrayer ce flux, Gérald Darmanin s'est donc décidé à supprimer le droit du sol, une mesure qu'il a lui-même décrite comme "extrêmement forte, nette, radicale". "Il ne sera plus possible de devenir français si on n'est pas soi-même enfant de parent français", a-t-il décrit.

Même si elle doit rester "évidemment circonscrite à l'archipel de Mayotte", selon M. Darmanin, la mesure divise déjà largement les oppositions.

"Pour résoudre les problèmes de Mayotte, on n'a pas besoin de moins de République, on a besoin de plus de République, et donc certainement pas le fait d'entamer le droit du sol", a déclaré sur CNews/Europe 1 le député LFI Manuel Bompard.

"C'est un bon début puisque ça fait vingt ans que nous réclamons la suppression du droit du sol pour l'intégralité du pays", a rappelé sur Franceinfo le président du Rassemblement national, Jordan Bardella.

La fin du droit du sol à Mayotte permettra, selon M. Darmanin, de supprimer les titres de séjour territorialisés, un dispositif empêchant les détenteurs d'un titre de séjour mahorais de venir dans l'Hexagone et dont les collectifs d'habitants en colère demandent la suppression.

Le nombre de titres de séjours émis à Mayotte diminuera de 90% avec ces nouvelles mesures et le durcissement du regroupement familial permis par la récente loi immigration, a précisé à l'AFP l'entourage du ministre.

La suppression de ce dispositif sera actée dans un projet de loi Mayotte bientôt déposé à l'Assemblée nationale.

Lire aussi - Darmanin à Mayotte pour constater le maigre bilan de l'opération Wuambushu
Lire aussi - Wuambushu : la grande désillusion de Mayotte

www.imazpress.com avec l'AFP / redac@ipreunion.com

 

guest
2 Commentaires
Missouk
Missouk
5 mois

Cette mesure est totalement inconstitutionnelle et Darmanin (et Macron aussi d'ailleurs) le sait! Mais en annonçant cela on pense faire cesser la grogne (qui heureusement ne cesse pas), en allant puiser dans les fonds de tiroirs du Rassemblement Nationale. Abject!!!!

parce que vous Êtes gouvernés par Les Ratés En Mo
parce que vous Êtes gouvernés par Les Ratés En Mo
5 mois

Le plan de Moussa Darmanin pour Mayotte. Pour endiguer la crise migratoire qui sévit sur l’île, ce ministre de l'Intérieur a promis une réforme constitutionnelle pour supprimer le droit du sol dans ce département.

Une mesure «nette» et «radicale», dit-il, mais pas si évidente à mettre en œuvre. Alors que le chemin s'annonce semé d'embûches, les mahorais, semble t-il, se disent «méfiants» au sujet de son efficacité.

Pourquoi Moussa Darmanin ne le fait pas aussi pour la France, les autres Outre Mer ?

La gamin à l’Elysée a-t-il peur d’un référendum ?