La santé en danger

Hôpital : au CHU de La Réunion, un déficit qui inquiète

  • Publié le 20 février 2024 à 11:00
  • Actualisé le 20 février 2024 à 15:05
Hôpital : au CHU de La Réunion, un déficit qui inquiète (mardi) [?]

À La Réunion, comme dans l'Hexagone, la crise de l'hôpital s'accentue. Les 32 centres hospitaliers universitaires (CHU) français ont atteint un déficit cumulé de 1,2 milliard d’euros fin 2023, soit trois fois plus qu’en 2022. Dans notre département, le déficit est de plusieurs millions d'euros. Une situation financière particulièrement alarmante qui pourrait impacter à très court terme son bon fonctionnement et la qualité des soins prodigués aux Réunionnais. (Photo sly/www.imazpress.com)

"Comme les autres CHU de France, mais avec une dimension plus critique du fait de l’insuffisante prise en compte de son rayonnement dans l’océan Indien et de son insularité dans ses financements, le CHU de La Réunion se trouve dans une situation financière particulièrement alarmante", note la Région ce mardi 20 février 2024.

"Compensation des surcoûts dus à l’inflation, dotation spécifique qui prenne en compte l’ensemble des activités assurées par le CHU (dont les EVASAN), valorisation du coefficient géographique... L’urgence de la situation appelle à ce que les engagements pris ces derniers mois soient enfin tenus", ajoute la collectivité.

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- Menace sur la santé des Réunionnais -

"À la mi-novembre, on a eu la décision de revalorisation salariale pendant la période Covid, le président en a fait la promesse. La Réunion est le seul territoire a avoir connu une seule séquence de revalorisation salariale et ça semble ne déranger personne", lance Huguette Bello, présidente du conseil de surveillance du CHU.

"Toutes les études tirent la sonnette d’alarme sur l’écart salarial entre l'Hexagone et La Réunion mais zot i fé zoreil cochon dann marmite poid", ajoute-t-elle.

"On revient au critère où on dit que les Réunionnais sont inférieurs. Nous sommes choqués que la septième puissance du monde chipote pour 15 millions d'euros alors qu’il s’agit d’une question de santé", s'indigne la présidente de Région.

La deuxième menace, c'est une "perte de profits". Notamment avec un "coût de 10 millions d’euros parce que nous prenons en charge les Mahorais qui ont leurs hôpitaux surchargés". "Plus de 7,5 millions d'euros de déficit que le CHU doit assumer seul et qui n'est pas compensé." Regardez

Pour Ericka Bareigts, membre du conseil d'administration du CHU, "sur 1,2 milliard de déficit, ils ont débloqué seulement 500 millions (pour la France). C’est honteux, la nation nous doit de l’argent". "On est pas des mendiants, on veut notre argent pour développer nos centres hospitaliers", s'indigne-t-elle.

"On veut garder cette qualité hospitalière", commente Emmanuel Séraphin, président du conseil du surveillance du Centre hospitalier Ouest Réunion (CHOR). "Au niveau du CHOR ça commence à peser sur le fonctionnement des hôpitaux."

"60 lits supplémentaires qui ne servent pas à grand-chose si les moyens financiers et humains ne suivent pas. C’est un combat collectif pour avoir un hôpital de qualité", ajoute-t-il.

Philippe Naillet, député, s'indigne de cette situation. "Il est scandaleux qu’il faille une fois de plus se mobiliser pour le CHU parce que le coefficient géographique n’est que notre dû. Les difficultés financières du CHU sont dues au non respect des engagements financiers de l’Etat."

- La communauté médicale inquiète -

Pour le professeur Peter Von Theobald, président du Collectif Santé Hôpital Réunion, "la communauté médicale est inquiète car l’heure est très grave, le CHU souffre d’un déficit structurel - ce sont des frais liés au surcoût non compensé".

"Le CHU a du mal à financer ses fournisseurs", dit-il. Un problème financier qui risque de s’étendre aux salaires. "La crise financière du CHU risque d’avoir impact lourd puisqu'il fait appel à énormément de sous-traitants."

"Qui remplace les gens du CHU ? Ce sont les gens qui sont en repos et donc des gens fatigués parce qu’il n’y a pas d’aide du national - Ces moyens sont aujourd’hui plus que menacés et nous demandons 30 millions par an comme dû par l’état - Nou lé pas moins", poursuit le professeur Von Theobald. Regardez 

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En milieu d'après-midi, la Région Réunion a publié le post suivant.

- Les syndicats n'y croient plus -

"Nous ça fait un an qu’on fait les bureaux ministériels avec les mêmes problématiques. On nous a demandé si on croyait encore au Père Noël et qu’on était venu chercher notre chèque", lance David Belda du syndicat FO. "On m’a demandé si j’étais né avec une cuillère en argent dans la bouche", s'insurge le syndicaliste.

Pour Expédit Lock Fat de la CFDT, "l’hôpital public est maudit". "On ne se sent pas accompagné. On a le sentiment de ne pas être écouté. On n'est pas dans l’optique de demander "s'il vous plaît"."

"Nous sommes Français mais nous n'avons rien", lance à son tour Frédéric Bâche de la CGTR. "On est dans l’urgence et la maltraitance."

Pour Françoise Anoumby Avaby de l'UNSA, "les places à l’hôpital sont restreintes, on renvoie les patients chez eux. La santé à La Réunion devient préoccupante". "On ne peut plus supporter d’avoir cette épée de Damoclès sur la tête", dit-elle.

"La santé n’est un terrain de jeu, on donne de l’argent à tout le monde", poursuit la syndicaliste. Regardez 

- Le déficit des CHU a triplé en un an -

Si le déficit se creuse, les instances représentatives des directeurs, doyens et médecins, réclamant des "mesures d’urgence".

La dégradation "est liée à plusieurs facteurs externes", dont une explosion des dépenses en raison de l’inflation (avec un reste à charge pour les CHU de 585 millions d’euros en 2023), un manque de financement de mesures du Ségur de la santé et une baisse des recettes dues aux fermetures de lits après l’épidémie de Covid-19, expliquent les présidents.

Le gouvernement a lui annoncé, ce vendredi 16 février 2024 débloquer une "aide exceptionnelle" de 500 millions d'euros pour "soutenir" les établissements de santé en difficulté financière et "restituer" par ailleurs 470 millions de crédits inscrits au budget de la sécurité sociale pour 2023 et "non consommés".

Il ne s'agit pas d'"une aide inflation" mais bien d'"une aide pour soutenir les établissements dont l'activité a progressé en 2023 mais dont la situation financière se trouve fragilisée", a précisé à l'AFP le ministère délégué à la Santé. L'aide exceptionnelle sera répartie par les agences régionales de santé (ARS).

www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
Le dionysien
Le dionysien
1 an

Bien dit et très bien résumé

Le dionysien
Le dionysien
1 an

Les politicards sont de retours ! Politiques politiciennes tous réunis ensemble pour pleurer et quémander et comme d'habitude, que critiquer ! Ils se focalisent uniquement sur les conséquences du déficit ! Ont ils lu le rapport IGAS? Quelles sont les raisons de ce deficit? Quelles sont leurs propositions pour pérenniser le modèle ? Quelles sont les mesures à prendre pour résorber le déficit ? Le Directeur actuel est il compétent ? Doivent ils s'inspirer du modèle privé c'est à dire les cliniques ? l'État ne pourra pas indéfiniment passer à la caisse pour une gestion de policards qui n'ont jamais géré un établissement de leurs vies... C'est affligeant de voir ce niveau de politiciens et vraiment triste pour la Réunion...

Moine
Moine
1 an

Oussa bello i le n'a problèmes l argent : la région, air austral, chu