Séjour ministériel dans l'île

Visite au pas de charge de la Première ministre pour un état des lieux des grands chantiers

  • Publié le 10 mai 2023 à 11:59
  • Actualisé le 10 mai 2023 à 13:06

Ce jeudi 11 mai 2023, Élisabeth Borne, première ministre, arrive à La Réunion. Mais elle ne vient pas seule… La cheffe du gouvernement vient accompagnée de quatre de ses ministres : Jean-François Carenco bien sûr, ministre des Outre-mer, Christophe Béchu, ministre de l'écologie, Marc Fresneau, ministre de l'agriculture et Olivier Klein, ministre du logement. Ce n'est pas un, ni deux élus qui vont atterrir sur notre territoire mais bien cinq. Cinq élus qui devront se confronter aux problématiques de notre île et surtout à la grogne des Réunionnais.

"Un an après sa nomination à Matignon, la Première ministre a souhaité se rendre à La Réunion pour témoigner de l’engagement de son gouvernement en faveur de nos concitoyens ultramarins", indique le ministère dans un communiqué.

Ces cinq ministres et surtout Madame Élisabeth Borne, sont particulièrement attendus dans notre département, en pleine période de crise diplomatique. Et ce qui est sûr, c'est qu'ils auront fort à faire.

Au cours de sa visite, la Première ministre échangera avec les élus Réunionnais sur le déploiement des dispositifs impulsés par le gouvernement, comme par exemple "Action cœur de ville".

"Plus globalement, ces échanges permettront d’alimenter la stratégie Outre-mer du gouvernement pour que l’action de l’État soit parfaitement adaptée à la réalité des territoires ultramarins", et il y a beaucoup à faire.

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- De nombreux chantiers les attendent -

Le déplacement de la première ministre et des ministres accompagnants s'inscrit "autour de deux priorités majeures pour les habitants de l’île : d’une part, les enjeux d’accessibilité à l’emploi et d’insertion professionnelle et, d’autre part, les enjeux de transition écologique, avec notamment les questions liées à la transformation agricole de l’île, la protection de la biodiversité ou encore la rénovation du parc de logements", précise le ministère.

Réforme des retraites, réforme de l'éducation, santé, agriculture, vie chère, inflation... Il est certain que les sujets de discussion ne manqueront pas pour Elisabeth Borne et ses ministres. 

• La réforme des retraites

Rejetée massivement par l'opinion publique et passée en force par le gouvernement, la réforme des retraites a fait son bout de chemin à l'Assemblée, avant de passer par le Conseil constitutionnel et promulguée très rapidement par Emmanuel Macron.

Sur ce sujet, il est certain que les Réunionnais ne l'épargneront pas. L’intersyndicale réunionnaise a d’ailleurs promis "de réserver un accueil digne de ce nom" à la Première Ministre et qu’il était hors de question que sa visite ne se déroule comme "une lettre à la poste".

"Nous comptons bien leur faire entendre que travailler plus longtemps n'est pas envisageable pour parler du secteur hospitalier", note Zohra Givran.

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• Le mal-logement

Alors que le mal-logement reste un fléau à La Réunion, avec plus de 100.000 habitants concernés et 18.000 habitations insalubres, la Confédération nationale du logement souhaite s'entretenir avec le ministre.

Une difficulté de se loger qui se fait de plus en plus sentir dans notre île, alors que les prix de l'immobilier s'envolent. Avec l’augmentation des taux des crédits également, certains Réunionnais ont dû revoir leurs projets immobiliers à la baisse.

De plus, entre le 1er janvier et le 31 décembre 2022 dans notre île, la tendance à la hausse des prix observés depuis quelques années continue. Ainsi on constate, une augmentation de +7,7% sur un an pour les appartements anciens, une augmentation de + 11,4% pour les appartements neufs et une augmentation de + 5,7% pour les maisons anciennes.

"À la Réunion le marché de l’immobilier est tendu notamment dans certains secteurs très recherchés", explique Maître Pons, présidente de la Chambre des Notaires de la Réunion et Mayotte. "Le rêve de devenir propriétaire aujourd’hui pour un plus grand nombre tend à ne plus se réaliser."

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• Agriculture

L'agriculture sera également un vaste sujet d'échanges. Le ministre pourrait d'ailleurs être sollicité sur la question de l'utilisation règlementée des herbicides. Une règlementation qui a provoqué la grogne des agriculteurs et notamment des planteurs.

Pour la Chambre d'agriculture, retirer cette molécule met en difficulté les agriculteurs et notamment les planteurs. Des planteurs qui, sans herbicide adapté, n'ont pas d'autre solution pour entretenir et désherber leurs champs.

Une difficulté pour les planteurs, qui, déjà cette année, ont connu une campagne sucrière particulièrement difficile avec seulement 1,3 million de tonnes de cannes récoltées.

Autre sujet qui touche le secteur agricole, la hausse du coût du prix des intrants. Le prix d’achat des intrants restait largement supérieur à son niveau de 2021 en novembre dernier, tiré par la hausse de ceux des engrais et amendements, de l'énergie et des aliments pour animaux.

"En glissement annuel, le prix des intrants reste très élevé, avec une hausse de 21,3 %, après une hausse de 24,6 % en octobre et de 27,5 % en septembre." C'est le constat dressé par Agreste, le service de la statistique du ministère de l’Agriculture, dans sa note d’Infos rapides plubliée le 17 janvier 2023. "Sur un an, le prix des engrais et des amendements a fortement augmenté de 37,6 % par rapport à novembre 2021. Cette hausse s'inscrit dans un contexte de "poursuite des tensions sur le marché mondial des engrais, alimentées par la guerre en Ukraine".

Des agriculteurs qui font face à une succession de difficultés ayant fragilisé leur trésorerie ces dernières années. Le manque de pluie, la sécheresse, l'arrivée de nouveaux ravageurs tels que les rats ou encore la présence du petit coléoptère des ruches.

Pour Guillaume Sellier des Jeunes Agriculteurs, "nous espérons qu'il y ait une séquence agricole lors de cette visite afin d'aborder plusieurs sujets de préoccupation des filières agricoles réunionnaises. Première pour la filière canne, évoquer de nouveau le non-respect des engagements de l'État concernant l'aide complémentaire des 14 millions d'euros". Mais également, "la demande d'un cadre dérogatoire pour l'utilisation de produits phytosanitaires autorisés en métropole". Les Jeunes agriculteurs souhaitent également "attirer l'attention sur la menace de perte de foncier agricole avec la remise en cause de l'avis conforme de la CDPENAF (Commission départementale de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers)".

Pour les filières d'élevage "la nécessité d'une réflexion générale sur la gestion des effluents d'élevage et des déchets d'abattoirs, qui sont actuellement des facteurs limitants des potentiels installations dans ces filières".

Concernant la filière fruit, "le questionnement se pose sur le non fléchage des 200 millions du plan national fruits et légumes au niveau des DROM", ajoute Guillaume Sellier.

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• La vie chère

La question de la vie chère devrait probablement revenir sur la table, alors que l'inflation a atteint 3,9% en un an et que les produits alimentaires ont augmenté de 1,6%.

Et même si le Bouclier qualité prix (BQP) s'est étendu aux matériaux de bricolage, les fins de mois sont particulièrement difficiles. Et encore, de nombreux Réunionnais sont dans la galère dès le 10 du mois.

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- Une visite inutile ? -

Si les syndicats attendent de pied ferme la Première ministre, ils n'en attendent pas grande chose.

"Est-ce qu'on attend vraiment quelque chose, non", indique Marie-Hélène Dor du FSU. "On sait que ça va être un dialogue de façade." "Ce que l'on demande, c'est le retrait de la réforme des retraites mais bon on le sait, Madame Borne ne viendra pas annoncer que la raison l'a emporté." "Mais il faut que quand elle reparte elle comprenne que la mobilisation continue et que la population est toujours aussi résolue à obtenir le retrait de la réforme", ajoute la secrétaire départementale.

Pour Cédric Lenfant du Saiper, "nous demandons qu'elle annonce le retrait de la réforme des retraites", lance également le syndicaliste. "Nous voulons aussi des actes contre la vie chère à la réunion, contre la précarité et la pauvreté, contre l’injustice sociale et pour vivre dignement de son travail".

"Évidemment, elle vient à La Réunion, et la moindre des choses c'est qu'elle ait conscience des particularités de notre territoire", souligne Marie-Hélène Dor. "Qu'elle ait conscience des difficultés et donc, de ce fait, prendre les mesures qui vont avec. Mais malgré les ministres venus, on n'a jamais vu d'annonces, alors il n'y a pas de raison que cela change", déclare la syndicaliste.

Ce que pense Marie-Hélène Dor, c'est que "Madame Borne suit la feuille de route donnée par Macron pour donner l'illusion d'être dans le dialogue".

Des "casserolades" en vue ? Alors que le chef de l'État a demandé "cent jours d'apaisement", il est certain que ce n'est pas le cas. La France parle plutôt de "cent jours de zbeul (désordre ; ndlr)". Chaque ville, chaque commune où les élus passent s'est lancée comme défi d'être la plus inventive et bruyante pour montrer au gouvernement que les Français ne lâcheront rien.

Après Emmanuel Macron chahuté, Pap Ndiaye exfiltré, Dupond-Moretti accueillit au son des casseroles en Métropole... La Réunion accordera-t-elle le même accueil à Élisabeth Borne ?

"Elle sera accueillie comme tous nos autres ministres sur le territoire métropolitain, avec une intersyndicale forte et la CGTR compte bien sortir les casseroles", indique Zohra Givran.

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ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
Missouk
Missouk
1 an

Où seront les cordons de gardes mobiles SVP ?????

Casserolière
Casserolière
1 an

Casseroles , poêles , faits -tout , marmites : tout est bon pour la Bornée

L’occasion pour les réunionnais de gagner des points à l’#IntervillesMacron…