Depuis le 1er novembre 2025, la nouvelle convention nationale encadrant le transport sanitaire par taxi est entrĂ©e en vigueur. Cette rĂ©forme, imposĂ©e par lâUnion nationale des caisses d'assurance maladie (Uncam) "sans concertation rĂ©elle, entraĂźne de graves consĂ©quences pour les patients rĂ©unionnais et les professionnels du transport sanitaire", alerte l'intersyndicale des chauffeurs de taxis. Face Ă cette situation, ils ont dĂ©cidĂ© de mettre en place un service restreint, "afin dâalerter sur les dangers de cette convention pour lâaccĂšs aux soins sur notre Ăźle" (Photo : sly/www.imazpress.com)
"Cette réforme fait peser une lourde menace sur les patients fragiles : dialysés, cancéreux, personnes ùgées ou à mobilité réduite", écrit l'intersyndicale dans un communiqué.
Une "augmentation du dĂ©lai dâattente dans les hĂŽpitaux et cabinets mĂ©dicaux, des trajets rallongĂ©s et dĂ©tours liĂ©s au transport partagĂ© obligatoire, une facturation au patient en cas de refus du transport partagĂ©, mais Ă©galement la suppression de lâaccompagnement administratif des patients dans les services de soin, dĂ©cidĂ©e par la CGSS".
L'intersyndicale dénonce enfin l'obligation de "prescription médicale datée avant tout transport, sous peine de refus de prise en charge" et craint la "baisse du nombre de taxis disponibles", entrainant des "zones plus desservies" alors qu'à La Réunion, le "réseau routier déjà saturé, aggravé par une croissance constante du parc automobile, rallonge les temps de trajet et les délais de prise en charge".
- 3 euros pour du transport sanitaire, "une discrimination" pour les chauffeurs de taxis -
Jean-Yves Casano, sous-directeur de l'Uncam et responsable de la coordination SĂ©curitĂ© sociale Ă lâOutre-mer, s'Ă©tait engagĂ© le mercredi 8 octobre 2025 Ă revenir vers les conducteurs de taxis "pour apporter une rĂ©ponse ou une proposition Ă cette convention", avait expliquĂ© GrĂ©gory TrĂ©port, prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration rĂ©unionnaise des artisans taxis (FRAT).
"Le sous-directeur a reconnu que 3 euros pour le forfait de transport sanitaire, c'est qu'il y a un problÚme", précise-t-il.
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Le prĂ©sident de la FRAT le dit : "dans l'Hexagone ils gagnent 15 euros, nous aussi nous demandons la mĂȘme application, l'Ă©galitĂ© des droits et des soins pour notre patientĂšle".
La raison de la colĂšre des conducteurs de taxis repose dans la non-application du dĂ©cret signĂ© avec l'Ătat et la CGSS en mai pour les transports sanitaires.
Ce texte rĂšglementaire prĂ©voit une adaptation de la convention aux spĂ©cificitĂ©s locales et surtout corriger une "discrimination flagrante entre le forfait additionnel dans l'Hexagone qui est de 15 euros contre Ă peine 3 euros dans les DROM", comme indiquĂ© dans la convention publiĂ©e au Journal Officiel le 8 aoĂ»t 2025.Â
L'intersyndicale rappelle que "La Réunion est un territoire montagneux, avec des trajets souvent longs et sinueux, le coût de la vie y est supérieur de 30 à 40 %.
Plus de 85.000 personnes dépendent chaque année du transport sanitaire par taxi dans l'ßle. "Cette inégalité tarifaire est un mépris manifeste pour les territoires ultramarins et leurs patients."
- Prochaines négociations prévues entre janvier et mars 2026 -
Il faudra dĂ©sormais attendre cinq mois avant dâentamer dâautres nĂ©gociations avec lâUncam.
Au national, la FĂ©dĂ©ration du Taxi a lancĂ© une action en justice pour dĂ©noncer la nouvelle convention, un dossier qui ira jusquâau conseil dâĂ©tat selon Hugues Atchy.
Les taxiteurs RĂ©unionnais vont devoir Ă nouveau patienter, avant dâentamer de nouvelles nĂ©gociations. Selon Hugues Atchy, c'est en janvier 2026 que la CGSS de La RĂ©union pourra estimer le nombre de courses refusĂ©es.
- Trois jours de grĂšve et de chaine de soin Ă l'arrĂȘt -
Durant trois jours, les conducteurs de taxis se sont mobilisés à La Réunion.
DĂšs lundi 6 octobre, les grĂ©vistes ont mis la chaine de soins Ă l'arrĂȘt, laissant leurs taxis au garage.
Mardi 7 octobre, les taxis ont changé de tactique et ont décidé de se mobiliser sur le parking de la préfecture à Saint-Denis. 350 taxis étaient stationnés, dans l'attente d'un rendez-vous avec la direction de l'Assurance maladie.
Le mouvement s'est durci mercredi, avec la mise en place dĂšs 3 heures du matin de barrages filtrants Ă Gillot, Pierrefonds et Ă Sainte-ThĂ©rĂšse (La Possession).Â
De nombreux automobilistes se sont retrouvés coincés dans les embouteillages.
Les barrages ont tous été levés à la mi-journée, les chauffeurs de taxis ayant convergé en direction des locaux de la CGSS à Saint-Denis.
Face aux blocages, le prĂ©fet a donnĂ© pour consigne aux forces de lâordre de faire cesser toute entrave Ă la circulation et de verbaliser systĂ©matiquement les comportements contraires Ă la loi. Au total, 287 procĂšs-verbaux ont Ă©tĂ© Ă©tablis, dont 156 pour des faits dâentrave Ă la circulation et transmis au parquet, 61 infractions pour stationnement dangereux (amende de 135 euros) et 70 contraventions pour circulation Ă une vitesse anormalement rĂ©duite (amende de 35 euros).
Les rendez-vous de nombreux malades et patients ont Ă©tĂ© reportĂ©s depuis le dĂ©but du mouvement puisque les taxis assurant le transport assis de ces personnes Ă©taient Ă l'arrĂȘt. Plus de 7.000 patients se sont retrouvĂ©s sans taxis.
Ă La RĂ©union, le transport sanitaire en taxi reprĂ©sente plus de 500 taxis conventionnĂ©s et plus de 85.000 usagers par an, soit prĂšs dâun million de courses annuelles.
En France, la prise en charge des trajets des malades coĂ»te 6,8 milliards dâeuros Ă la SĂ©cu, selon le ministĂšre de la SantĂ©.
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